Antiféminisme : l’obsession originelle de l’Ordre des médecins
Il n’est pas indifférent de rappeler que c’est l’Etat français qui a créé en 1942 l’Ordre des Médecins, et que c’est sous le régime de Pétain (dont Éric Zemmour vante aujourd’hui les mérites) que, pour la dernière fois, une femme fut décapitée en France : c’était une avorteuse, et l’avortement était alors criminel.
Depuis cette origine l’Ordre des Médecins est resté profondément anti féministe, il s’est opposé chaque fois qu’il a pu, souvent avec virulence, à tous les progrès du droit des femmes ; ce fut le cas pour la contraception orale (la pilule), qui selon l’Ordre ne devait pas concerner les médecins dignes de ce nom, puis le droit à l’avortement, l’Ordre s’étant mobilisé de façon éhontée pour que l’Assemblée Nationale ne vote pas la Loi présentée par Simone Veil. C’est pour ces raisons que s’organisa un mouvement de contestation qui se traduisit, notamment, par le refus de nombreux médecins de payer leur cotisation à l’Ordre, suppôt d’une médecine anti féministe et conservatrice.
L’actualité nous ramène à cette idéologie machiste : nous venons d’apprendre que plusieurs victimes de pratiques gynécologiques et obstétricales violentes reprochées au Professeur Emile Daraï de l’Hôpital Tenon à Paris, s’étaient plaintes auprès de l’Ordre, sans que ce dernier ne donne suite à ces accusations dénonçant des pratiques d’un autre temps, où le pouvoir médical se confondait avec celui des hommes sur les femmes. Cette information confirme aussi la propension de l’Ordre à se soumettre à la loi des puissants, ou supposés tels : quelle valeur accorder à la parole d’une patiente face à celle d’un « ponte » de la médecine ?...
Bien plus, dans un récent rapport (décembre 2019), la Cour des Comptes a dénoncé une gestion hasardeuse de l’Ordre, de possibles conflits d’intérêts et une parité hommes-femmes non respectée, sans que nous connaissions, à ce jour, de suite judiciaire à ce Rapport accablant. Que fait le Garde des Sceaux qui assure pourtant les Français qu’il défend une justice proche des citoyens ?
En 1945 le gouvernement du Général de Gaulle a maintenu l’Ordre né sous Vichy, et celui-ci n’a fait que défendre, depuis 76 ans, une vision passéiste et inégalitaire de la pratique médicale ; on lui doit notamment la multiplication des déserts médicaux, puisque cet organisme dispose d’une information inégalée sur l’évolution de la démographie médicale ; c’était son devoir d’alerter avec vigueur et détermination, depuis au moins 20 ans, les pouvoirs publics et la population du manque cruel de praticiens, dont la santé publique allait souffrir – et souffre encore actuellement.
Dans les 6 mois qui viennent la démocratie française a rendez-vous avec les électeurs ; les questions de santé seront au cœur du débat public ; il faut que les mouvements féministes et progressistes militent ensemble, pour que les candidats aux élections présidentielles et législatives s’engagent à mettre en œuvre la proposition 85 du candidat François Mitterrand en 1981 : l’Ordre des médecins sera supprimé.