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La DGFIP accélère les réformes comme s’il ne se passait rien
Si certains ont pu croire que le « quoi qu’il en coûte » allait aussi s’appliquer à la DGFIP, la réponse du directeur général à notre demande de suspension des réformes en cours compte tenu du contexte sanitaire vient de doucher les espoirs.
En effet, selon son analyse, il n’y aurait aucune raison de faire une pause dans les réformes pour mettre la priorité sur la protection du personnel et le service rendu aux usagers.
L’administration met les bouchées doubles sur les réformes.
Au contraire, exploitant sans scrupule l’absence de plan de continuation d’activité (PCA) dans ce nouveau confinement qui n’en est pas vraiment un (du moins à la DGFIP), l’administration met les bouchées doubles sur les réformes.
Profitant sans vergogne d’un dialogue social tronqué par un fonctionnement à distance, la direction générale fait en sorte qu’au retour à la normale, les choses soient rendues irréversibles.
Voici donc que, dans une sorte de frénésie, il faut tout faire. Selon le directeur général, notre administration fonctionnerait normalement et serait donc en capacité d’assurer « en même temps » une montée en puissance des sollicitations des usagers, la mise en œuvre matérielle des réformes et la protection sanitaire du personnel.
Dans une sorte de frénésie, il faut donc tout faire : soutenir et renseigner les entreprises en difficulté, accompagner les collectivités territoriales, prévoir les points de chute pour les agents contraints quoi qu’on en dise à la mobilité et organiser les déménagements de services, le tout sur fond de crise sanitaire.
Les organisations syndicales dénoncent un dialogue tronqué.
Quid des conditions de travail dans les services ?
- Ce n’est pas le problème puisque la protection des agents serait garantie.
Un pourcentage de télétravailleurs trop faible au regard des enjeux sanitaires ?
- Ce sont les agents eux-mêmes qui seraient rétifs au télétravail !
Une hyper sollicitation des plates-formes téléphoniques par les entreprises en difficulté ?
- Pas de problème, la direction générale avait un temps envisagé sans sourciller de demander aux agents concernés de passer de 5 à 6 heures par jour de téléphone sans interruption. Les agents et leurs organisations syndicales ont réussi à temporairement éloigner cette menace.
Des lignes directrices de gestion et de promotion pas encore définies du fait de la crise ? Pas de problème, on avance quand même en faisant fi des observations des syndicats. Un classement des postes pas encore prêt ? Pas de problème, on demande aux cadres de se positionner sans savoir avant le 26 novembre.
Les organisations syndicales dénoncent un dialogue tronqué. Sous prétexte de la crise sanitaire, on multiplie les contraintes pour les empêcher d’informer le personnel. Pire, les militants subissent ici ou là des pressions insidieuses pour les faire taire, voire leur expliquer ce qu’ils devraient écrire.
L’administration avance à marche forcée au risque de finir par se prendre les pieds dans le tapis.
Tout faire (voire un peu plus), comme s’il ne se passait rien
S’il est vrai que le message du directeur général n’est pas toujours bien compris en matière d’incitation au télétravail, il passe en revanche très bien sur le fonctionnement dit normal de la maison en la période. Il passe tellement bien qu’on en arrive à maintenir l’ouverture au public sur un site où de nombreux cas de covid-19 sont avérés parmi les agents.
Il passe tellement bien que, en dépit des difficultés économiques et sanitaires, la reprise de l’activité du contrôle fiscal est davantage l’occasion d’une pression irréaliste sur les vérificateurs plutôt que celle d’une clarification des priorités.
Si l’on excepte les encouragements au télétravail dans le message vidéo du directeur général au personnel, nous devons tout faire comme s’il ne se passait rien. Tout voire un peu plus...
Dans cette vidéo, pas un mot sur les réformes en cours et des difficultés des services de budget, logistique et de ressources humaines qui doivent gérer les déménagements et les mutations en plus de la crise sanitaire en interne. Remercier les agents pour leur niveau d’engagement est une chose, desserrer le calendrier pour tenir compte des contraintes du moment et se donner du temps afin d’éviter une précipitation néfaste serait un message d’une autre nature.