Les agents du contrôle fiscal ne sont pas des tueurs d’entreprises
Clôturant le forum annuel BPI France Inno Generation (BIG), devant un parterre de grosses légumes et de jeunes pousses, le Président de la République Emmanuel Macron a tenu les propos suivants, parlant du fisc, de l’Inspection du travail et de l’URSSAF : « Quand quelqu’un arrive, pour la première fois vous met la douille et vous dit : « je vous mets les pénalités plein pot », vous pourrez lui dire : « j’ai vu le Président de la République, il nous a dit qu’il y a le droit à l’erreur ». S’ils ne sont pas au courant, vous m’écrivez et ce sera corrigé ». Il leur a ainsi servi la soupe en insultant l’ensemble des agents de la DGFIP (particulièrement les vérificateurs) alors que le gouvernement prétend renforcer la lutte contre la fraude fiscale.
Notre syndicat et le personnel condamnent ces boniments simplistes et provocateurs qui flattent d’autres instincts que la fibre entrepreneuriale. Sur fond de « ras-le-bol fiscal », ces propos sont une atteinte au consentement à l’impôt et à la justice fiscale et ils contribuent de surcroît à faire courir plus de risques encore aux vérificateurs dans l’exercice de leurs missions. Rappelons que les agents réalisant les opérations de contrôle sur place ne sont pas des tueurs d’entreprises. Au contraire, ils sont garants du respect des règles fiscales votées par la représentation nationale, pour les droits comme pour les pénalités. Au-delà de cela, ils jouent un rôle majeur, par essence économique, dans le respect des règles de concurrence loyale entre les différents acteurs.
Les suppressions d’emplois (déjà plus de 3 000 dans l’ensemble de la chaîne du contrôle fiscal), les entraves multipliées par la loi ÉSSOC (« État au service d’une société de confiance ») constituent des attaques graves contre l’exercice de la mission. Désormais, c’est le Président de la République lui-même qui fragilise le contrôle. La pédagogie des réformes n’autorise pas le manque de respect à un personnel qui fait rentrer un fameux « pognon de dingue » dans les caisses de l'État chaque jour.
Non, vraiment, Monsieur le Président, vous ne nous aidez pas ! Aussi réaffirmons-nous notre attachement à une société républicaine dont le contrôle est l'un des piliers essentiels et revendiquons les moyens humains et matériels indispensables à l’exercice de cette mission. Douille pour douille, les agents du contrôle fiscal ont l’occasion de collectivement présenter l’addition en étant massivement en grève et prenant part à la manifestation nationale du 14 novembre.