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09 / 09 / 2016 | 8 vues
Guillaume Pertinant / Membre
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La faiblesse des baromètres de l'absentéisme

Que d'imprécisions dans les baromètres de l'absentéisme !

Les salariés sont absents 16 jours par an en moyenne

Seize jours annuels. Voilà, en moyenne et selon des chiffres récents, le nombre de fois où les salariés français auraient été absents en 2015.

« Ce qui est simple est toujours faux », Paul Valéry

Il y a pourtant un problème, ce salarié « type » absent 16 jours par an n'existe pas.

En effet, pour que l'indicateur de la moyenne soit pertinent, il faut que les valeurs utilisées dans son calcul soient homogènes. Or ce n'est pas du tout le cas de l'absentéisme en entreprise.

Ce dernier est en effet souvent caractérisé par l'association d'absences courtes et nombreuses (généralement, on observe que 80 % des absences durent moins de 10 jours) et d'absences très longues et peu nombreuses.

Si 90 salariés sont absents 5 jours par an et que 10 autres salariés sont absents 120 jours, est-il raisonnable d'énoncer que ces 100 salariés sont en moyenne absents 16,5 jours ?

Pour prévenir l'absentéisme, il faut commencer par le comprendre en segmentant l'analyse de façon correcte. Les absences doivent ainsi être étudiées séparément en fonction de leur durée et de leur fréquence.

Les femmes sont plus absentes que les hommes.

Autre grand classique, que Françoise Giroud dénonçait il y a 40 ans déjà (voir la vidéo de 2 min sur le site de l'INA) : l'absence serait-elle un gène féminin ? Que le taux d'absence des femmes soit plus élevé que celui des hommes est une chose. C'est mathématiquement ce qui s'observe souvent dans les entreprises. La traduction proposée cependant, dont le sujet n'est plus le taux d'absence mais le genre, en est une autre. De nombreuses études scientifiques ont démontré que le genre est un déterminant médiocre de l'absence pour raison de maladie. L'absentéisme selon le genre cache donc « autre chose », qu'il faut découvrir. S'il est difficile de généraliser, plusieurs dossiers d'absentéisme laissent à penser que les femmes occupent généralement des métiers plus pénibles et moins rémunérés que les hommes, ce qui peut partiellement contextualiser leur absence. On laissera donc de côté les analyses simplistes pour procéder à des études statistiques « toutes choses égales par ailleurs ».  Enfin, pour ne pas biaiser ces études, on n'oubliera pas de prendre en compte la maternité, du moins ses conséquences sur la maladie ordinaire.

Plus on est âgé, plus on est absent

Que signifie « plus on est absent » ? Est-ce un indicateur de fréquence « on est absent plus souvent » ou un indicateur de volume « on est absent plus longtemps » ? La nuance entre les deux choix est significative quand on évoque la relation de l'absentéisme avec l'âge. Elle revient à occulter l'absentéisme de courte durée et ses conséquences sur l'organisation du travail. Car dans le détail des audits absentéisme, cette relation prend généralement la forme suivante : pour les absences de courte durée, les salariés jeunes sont plus souvent absents que leurs aînés mais leurs absences sont plus courtes. En revanche, la durée d'absence augmente souvent avec l'âge mais les absences des personnes âgées sont moins fréquentes. Au final, des propositions différentes conduisant à des plans de prévention pouvant être divergents.

Tout ceci ne serait pas bien problématique si les conséquences de cette désinformation n'étaient pas fâcheuses.

Car c'est sur la base de ces imprécisions que l'on compare, débat, argumente, polémique et agit. Au final, une représentation erronée de l'absentéisme se construit, se solidifie et sert de justification à des diagnostics mal ficelés.

Ces baromètres de l'absentéisme ne sont donc pas favorables à la prise de conscience qu'ils prétendent favoriser, bien au contraire.

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