GPM et MNH mettent fin à leur partenariat
Les négociations entre Groupe Pasteur Mutualité et MNH concernant la création de Viverem ont été brutalement stoppées.
En juillet 2015, Sylvain Chapuis et Thierry Lorente, respectivement DG de la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) et du Groupe Pasteur Mutualité (GPM), se félicitaient de la création de l'union mutualiste de groupe (UMG) Viverem. Leur rapprochement devait leur permettre de nouer des liens de solidarité financiers durables et importants. Viverem représentait en effet 1,1 milliard d’euros de cotisations, environ 1 milliard d’euros de fonds propres, 306 % de marge de solvabilité, 1,3 million de personnes protégées et 1 600 salariés.
Comme la plupart des grandes mutuelles, MNH et GPM souhaitaient renforcer leurs poids économiques afin de répondre à une plus grande diversité d’attentes du marché. Dans un contexte de plus en plus concurrentiel, la création d’un nouveau groupe devait faire reculer les frais de gestion en permettant de réaliser des économies d'échelle et infléchir les tarifs. La création de Viverem apparaissait d’ailleurs comme la suite logique du processus de rapprochement entre les deux groupes, qui avaient conjointement créé la société de courtage Orsane.
Toutes les étapes pour devenir un groupe prudentiel au sens de Solvabilité II ont été respectées et tout semblait indiquer que l’opération serait couronnée de succès. Le 4 juillet 2015, l'assemblée générale constitutive de l'UMG, suivie de son conseil d'administration, validait la création de Viverem. La nouvelle UMG permettrait de couvrir les professionnels de santé, médecins ou infirmières, salariés ou libéraux, à l'hôpital public ou en structure privée. Quant à la gouvernance, il avait été décidé que Gérard Vuidepot, président de MNH, serait le premier président du groupe pendant deux ans, avant de passer le relais à Michel Cazaugade, président de GPM.
Quelques mois plus tard, en novembre, l'Autorité de la concurrence validait le dossier de rapprochement des deux mutuelles qui n'attendaient plus que le feu vert de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Mais le 18 mars dernier, les négociations entre GPM et MNH concernant l’organisation de Viverem ont été rompues sans que l’on connaisse exactement les raisons d’un tel revers. Une rupture surprenante qui devrait se poursuivre sur le terrain judiciaire, le groupe GPM souhaitant porter l’affaire devant le tribunal.
Les spécialistes s’accordaient pourtant à dire que le rapprochement pouvait être bénéfique pour les deux groupes, comme l’espérait Gérard Vuidepot en juillet 2015. Le premier président de Viverem évoquait alors des prévisions de développement de 50 millions d’euros par an de chiffre d'affaires artagé, cela à une seule condition : que les équipes commerciales travaillent de manière conjointe. Pour Gérard Vuidepot, « les équipes de MNH [devaient] travailler pour GPM et réciproquement » ; il espérait ainsi que chaque mutuelle pourrait continuer à travailler avec sa marque, « mais avec des prescriptions croisées ».
Son appel n’a manifestement pas été entendu et des sources proches du dossier affirment que des tensions significatives s’étaient fait sentir dès les premières semaines. Pour expliquer le divorce entre les deux structures, certains évoquent des « différences culturelles », la MNH étant issue de la fonction publique, tandis que GPM est ancré dans le monde libéral. Mais il faut ajouter à cela des « questions de personnes », sans lesquelles la rupture n’aurait probablement pas été possible.
La MNH préférerait solder les comptes à l’amiable et surtout éviter un scénario similaire à celui de la rupture entre GPM et le courtier-grossiste Assor. Ce dernier a en effet fini par déposer le bilan en 2013 en mettant en cause Groupe Pasteur Mutualité, son ancien partenaire, à qui il reproche de l’avoir acculé à la faillite.
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