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05 / 04 / 2016 | 6 vues
David Rousset / Membre
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La 7ème édition du prix du roman d’entreprise et du travail récompense Slimane Kader

En décernant le 7ème prix du roman d’entreprise et du travail à Slimane Kader pour son ouvrage Avec vue sous la mer, le jury a fait le choix de la singularité.

Tout d’abord, l’histoire : un jeune travailleur précaire de Seine-Saint-Denis se retrouve embauché comme homme à tout faire sur un paquebot de croisière qui promène ses 6 000 touristes américains dans les Caraïbes. Il y découvre un monde souterrain, ou plutôt sous-marin, constitué de mécaniciens, de cuisiniers, serveurs, nettoyeurs, vendeurs et autres artistes et animateurs.

Dessous, les damnés de la mer

Enchaînant les tâches les plus ingrates, il va, grâce à sa débrouillardise et au hasard, se faire une place au sein de cet immeuble flottant dans lequel la plupart des 2 000 salariés sont cantonnés dans les étages inférieurs, situés sous la ligne de flottaison. Une tour de Babel dans laquelle la division du travail est poussée à l’extrême et s’opère aussi selon des critères ethniques : les Asiatiques aux tâches de précision, les Européens à l’organisation et les Indiens et les noirs en cuisine.

Apprenant sur le tas une langue anglaise qui sert de sésame, Wam (le héros) pense et écrit dans un français populaire constitué d’argot moderne et de verlan : « Sa meuf (genre vendeuse de chez Pimkie) a vingt ans de moins que lui et des seins en plastique, bien rigides derrière le soutif jaune fluo […]. Ils sont accompagnés par un chiard, 13 ans et une tronche comme une invitation à coller des beignes ! Petite bouche de rongeur avec un appareil dentaire. Voix de buse qui vient de se faire cartonner par un téléphérique ».

Certes, le style d’écriture peut parfois dérouter mais il permet au lecteur de découvrir ce que sont un blèm, un kif, un chouf, un relou et même un boule ou encore une teub

L’originalité du roman de Slimane Kader, c’est de nous plonger dans un univers insoupçonné, celui d’un prolétariat mondialisé, qui n’a pas souvent sa place dans la littérature contemporaine. Quiconque lira ce livre en apprendra plus sur l’envers du décor et sur le quotidien de ceux qui y œuvrent qu’en passant une semaine de croisière all inclusive.

Lors de la remise du prix, c’est la jeune et dynamique maison d’édition Allary qui a reçu la récompense pour Slimane Kader car celui-ci était en mer, quelque part dans les Caraïbes. Aux dernières nouvelles, Avec vue sous la mer sera adapté à la télévision.


Un prix littéraire pas comme les autres
Chaque année depuis sept ans, le prix du roman d’entreprise et du travail récompense un roman dans lequel le travail occupe une place centrale. Il est décerné par un jury de dix-neuf personnes dont l’engagement professionnel ou personnel a trait au travail. Les douze ouvrages initialement sélectionnés ne doivent pas avoir remporté d’autre prix littéraire auparavant. Il est organisé par le cabinet Technologia et le réseau Place de la Médiation et doté par la mutuelle UMC.

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