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Hervé Marseille, sénateur-maire assimile déchets et HLM
Ces phrases ont été prononcées dans l'enceinte du Sénat, par le Sénateur des Hauts-de-Seine, Hervé Marseille, le 22 janvier, pendant les débats sur la loi du Grand Paris.
Alors que plus de 450 personnes sont mortes dans la rue, faute de logement l'an dernier, alors que 3,5 millions de personnes sont mal-logées dans ce pays, un élu, représentant de la République au plus haut niveau, peut comparer les demandeurs de logement et les déchets, sans aucune honte.
Hervé Marseille est, en sus de ses autres nombreuses fonctions, président de l'agence métropolitaine des déchets ménagers d'Île-de-France. Mal-logés ou sans logis, nous sommes donc venus le rencontrer collectivement au Syctom afin qu'il nous explique précisément en quoi nous ressemblons aux ordures qu'il est chargé de gérer et en quoi, si nous devenions des habitants de logement sociaux dans son département, notre présence serait comparable à celle d'une décharge publique ou d'une usine d'incinération.
Joint au Sénat, le sénateur-maire de Meudon, par l'intermédiaire de son directeur de cabinet, nous a fait savoir que nous « manquions de respect » à un homme de son importance en nous invitant au Syctom, qu'il convenait de rentrer chez nous, et éventuellement de lui écrire une lettre.
Manifestement, Hervé Marseille n'a pas appris dans sa banlieue cossue des Hauts-de-Seine ce qu'est le respect mutuel. Nous avons donc refusé de partir et manifesté plusieurs heures sur les lieux.
Les mots aussi graves soient-ils ne sont pas que des mots lorsqu'ils sont prononcés par des élus de ce niveau. Ils traduisent une politique concrète : dans les Hauts-de-Seine, nombreuses sont les communes qui n'ont jamais levé le petit doigt pour tenter de répondre aux objectifs, pourtant déjà insuffisants, fixés par la loi SRU. Nombreux sont les élus qui utilisent tous les moyens à leur disposition, de la préemption du foncier disponible au blocage administratif et judiciaire des projets de l'État ou des bailleurs sociaux pour qu'aucun nouveau logement social ne soit construit sur leur territoire. Nombreux sont aussi les élus qui contournent la loi, en ne faisant que du PLS, le plus cher des logements sociaux. À Meudon, dont Hervé Marseille est maire, 73 % des logements construits sont des PLS, alors que 93 % des demandeurs de cette seule commune ne peuvent accéder qu’à un logement très social (PLA-I) (2). Après les changements d'équipe municipale suite aux dernières élections, ce sont 10 000 logements en projet que des maires tentent de faire annuler. La rhétorique de Hervé Marseille fait écho à toutes les campagnes menées pour que les gens assimilent « logement social » à « problème social ».
Mais le problème social, ce sont les 3,5 millions de personnes qui subissent un mauvais logement alors que l’on pourrait construire des logements sociaux. Le problème social, ce sont tous ceux qui vident les poubelles dans les Hauts-de-Seine et ailleurs, dans les bureaux et dans les immeubles confortables où vivent notamment des élus comme Hervé Marseille, ce sont ceux qui construisent ces immeubles et qui ne sont pas logés de surcroît mais doivent encore subir le mépris et les insultes.
D’ailleurs, ce mépris s’est tellement banalisé que les propos de Hervé Marseille au Sénat n’ont guère eu d’écho. Mal-logés, nous ne les avons pas moins pris pour ce qu’ils sont, une dangereuse stigmatisation qui, parmi d’autres, ne peut qu’aggraver notre sort. Nous ne les laissons pas passer.
(1)https://www.lejournaldugrandparis.fr/la-metropole-du-grand-paris-loin-du-consensus-au-senat/
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