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03 / 11 / 2014 | 3 vues
Pierre Vars / Membre
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Élections chez Orange : face aux enjeux sociaux et macroéconomiques, l'UNSA choisit l'alliance avec la CFDT

Conjoncture morose, 30 000 départs de fin de carrière non remplacés, inquiétude sur le statut définitif des 60 000 fonctionnaires : trois des dossiers sensibles pour les élections du 18 au 20 novembre 2014 chez Orange.

Environ 100 000 salariés d’Orange (dont 60 000 fonctionnaires) sont invités à renouveler leurs élus aux comités d’entreprise et leurs délégués du personnel ainsi que leurs représentants-fonctionnaires aux commissions administratives paritaires (CAP).

Échéance traditionnelle dans toute grande entreprise, les élections des IRP à Orange-FT revêtent toujours un caractère quelque peu particulier. Les 19 CE n’existent en effet que depuis 2005. Autre héritage d’un passé administratif encore très récent, la privatisation du groupe remontant à 2003 : 60 % des salariés du groupe France sont des fonctionnaires de l’État français qui en a donné délégation de gestion au PDG de France-Télécom, devenu Orange, aujourd’hui Stéphane Richard.

Celui-ci a eu le mérite notable de calmer la crise sociale engendrée par la gestion dramatique de l’effectif, mise en place par son prédécesseur, Didier Lombard, avec son cortège connu de « mobilités forcées », d’explosion des arrêts-maladie, de longues dépressions et de suicides. À la suite du départ forcé de l’ancien haut-fonctionnaire, l’ouverture d’un cycle de négociations de trois années sur les conditions de travail au sens large, a permis de remettre sur les rails la vie contractuelle.

Fortes contraintes sur la masse salariale

C'est dans une conjoncture plus que morose que ces élections vont avoir lieu : persistance de la crise économique se transformant en une déflation bien plus lourde de conséquences (croissance nulle ou négative, baisse des prix…), et de concurrence accrue dans le secteur des télécoms (pressions sur les coûts et emploi et les salaires).

Si le secteur des télécoms souffre de la conjoncture, il reste néanmoins un secteur d’avenir : la fusion des activités des télécoms, d’internet et des contenus est certainement, à l’horizon de plusieurs décennies, l’un des plus grands gisements d’activités et d’emplois. Mais à l’heure où les pouvoirs publics n’ont que le mot « déréglementation » à la bouche, les télécommunications sont le secteur industriel le plus réglementé au niveau national et européen. Au bénéfice des consommateurs ? Pour protéger les salariés ? Pour favoriser  l’investissement ? Que nenni ! Les décisions de Bercy ou de Bruxelles sont toujours autoritaires et bureaucratiques, le plus souvent à contretemps des évolutions réelles du marché et sans aucune dimension sociale.

Un exemple : la licence donnée à Free n’a que très légèrement conforté la baisse déjà enregistrée des tarifs de communication, du fait d’une guerre concurrentielle sans fin. Mais l’arrivée d’un 4ème opérateur de téléphonie mobile a détruit beaucoup plus d’emplois  dans le secteur (plus de 10 000 suppressions) qu’il n’en a créé (guère plus de 2 500 à 3 000).

  • Plus généralement, la baisse des prix à la consommation associée à une vigilante défense des hauts dividendes boursiers, aboutit à un tarissement des investissements et à de fortes contraintes sur la masse salariale qui stagne ou régresse dans les télécoms.


Autre paradoxe de nos « autorités de régulation » : si le conseil de la concurrence, l’ARCEP, le ministère des Finances et la Commission européenne examinent avec suspicion pour les critiquer, les empêcher ou les transformer, les actes de gestion les plus quotidiens des opérateurs, ils laissent le champ totalement libre aux vrais concurrents des télécoms européens : les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), véritables monopoles internationaux qui, au nom d’une prétendue liberté du net universel, ne se sentent assujettis par aucune réglementation européenne et ne payent pas d’impôts en France.

Le second dossier qui dominera ces élections reste la démographie d’Orange

Avec des salariés très attachés à leur entreprise et qui ont fait l’essentiel de leur carrière dans celle-ci, l’âge médian est de 54 ans. Négocié lors de la mandature qui s’achève, un accord (le « temps partiel senior ») a notamment permis de fluidifier les fins de carrière chez Orange France.

Mais les départs vont être très nombreux lors de la prochaine mandature IRP : plus de 30 000 sont programmés d’ici 2020, contre seulement 10 000 embauches. Les remplacements ne se font pas poste à poste. En conséquence, dans une série de secteurs techniques, administratifs ou commerciaux (les agences Orange notamment), on assiste à des départs en retraite allant jusqu’à la moitié de l’effectif, sans remplacement. Une bonne nouvelle pour ceux qui partent,  une mauvaise pour ceux qui restent, dont les conditions de travail risquent fort de se dégrader. IRP et syndicats devront se mobiliser pour exiger des garanties sur les évolutions des effectifs.

Troisième dossier social sensible : la fonction publique

Les salariés d’Orange France sont en majorité des fonctionnaires d’État, qui sont d’une certaine façon « prêtés » à une entreprise privée : l’évolution de leurs rémunérations, de leur carrière, de leur retraite dépend donc encore très directement de leur employeur réel, à savoir l’administration française. La loi de privatisation (31 décembre 2003) est obscure sur bien des points dans ce dossier. Le texte prévoyait ainsi que le statut de fonctionnaire était formellement garanti jusqu'au 31 décembre 2018. Quei se passera-t-il le 1er janvier 2019, c’est-à-dire à peine après-demain sur le plan social ? Perdront-ils leurs garanties de fonctionnaires d’un coup de baguette magique administrative ? Là encore, les IRP et les organisations syndicales devront, lors de la prochaine mandature, se mobiliser pour arriver à obtenir un statut précis et définitif pour les fonctionnaires d’État d’Orange.

CFDT/UNSA : position commune aux élections

Sur ces trois dossiers, le syndicat UNSA Orange sera particulièrement vigilant. Jeune formation, elle n’a pas encore obtenu sa représentativité. La loi du 20 août 2008, concernant la représentativité syndicale, a des effets contradictoires. D’un côté, elle ouvre à la possibilité de représentativité un nombre plus important d’organisations syndicales : ainsi chez Orange, plus de dix organisations syndicales ont participé au PAP (protocole d’accord préélectoral) pour ces élections des IRP de novembre 2014. De l’autre, la barre fixée par les législateurs (10 % des votants) modifie la représentation traditionnelle des OS.

Dans ce contexte général, pour l’UNSA Orange, plutôt que défendre les particularismes syndicaux, il nous faut trouver, le plus souvent possible, des convergences afin de défendre au mieux l’ensemble des salariés et leurs aspirations concrètes.

Depuis plus d’un an, chez Orange FT, l’UNSA et la CFDT ont beaucoup discuté et renforcé leur coopération. Ces deux organisations syndicales ont souvent des analyses convergentes sur de grands dossiers de l’entreprise. Elles partagent l’idée que l’affaiblissement du syndicalisme vient en partie de son éparpillement et souhaitent enfin renforcer un pôle réformiste.

Forts de ces différents constats, ces deux syndicats ont décidé de faire cause commune chez Orange FT, comme ils l’avaient déjà fait en novembre 2013, lors de l’élection au conseil d’administration d’Orange des représentants du personnel. UNSA et CFDT présentent des listes communes aux CAP (réservées aux fonctionnaires) et l’UNSA appelle à voter pour les listes CE et DP portées par la CFDT, ou salariés et fonctionnaires sont électeurs.

Contact > Pierre Vars, secrétaire général UNSA Orange >06 82 55 22 55

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