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24 / 05 / 2013 | 70 vues
Roman Bernier / Membre
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Une hôtesse de Ryanair s'est vue imposer des congés non payés pendant trois mois

Depuis quelques années, les scandales sociaux relatifs à la compagnie irlandaise Ryanair éclatent un peu partout en Europe. Norvège, Allemagne, France et maintenant Angleterre. Jusqu’à présent, la « low-cost » avait réussi à éviter que l’étincelle ne dégénère en feu de forêt. Deux événements risquent néanmoins de changer radicalement la donne.

Payée 9 mois sur 12, une hôtesse britannique appelle à l'aide une élue locale

Les conditions de travail de la compagnie irlandaise sont déjà devenues tristement célèbres à l’occasion de plusieurs documentaires, de rapports de spécialistes ou encore de scandales ultra-médiatisés, comme cela a été le cas en Norvège. En France, les conditions de travail sont également remises en cause, bien qu’elles se concentrent principalement sur des accusations de travail dissimulé.

Pourtant, le cas de Sophie Growcoot, hôtesse de l’air ayant appelé l’attention d’une élue locale sur ses conditions de travail, est source de nouvelles révélations. Engagée par la société Crewlink, sous-traitant à 100 % de Ryanair, l’hôtesse a été forcée de prendre trois mois de congés impayés. En effet, Ryanair ne rémunérant qu'à l’heure de vol, chaque congé est synonyme de pertes pour les employés, même quand ces derniers n’ont pas choisi de les prendre. Parallèlement, l’employée était contractuellement obligée de ne pas travailler ailleurs, au risque de se faire licencier. Cerise sur le gâteau, dans le cas où elle quitterait la compagnie avant 15 mois, elle serait également tenue de payer 200 € pour les frais administratifs. Autant dire qu'elle était pieds et poings liés...

En tout état de cause, le cas de Sophie Growcoot risque fort de s’étendre à plusieurs autres salariés de la compagnie. La raison ? La nouvelle stratégie de la compagnie qui consiste à laisser ses avions cloués au sol pendant la saison basse afin d’éviter les pertes. Or, dans cette logique d’optimisation effrénée, que faire de la masse salariale inexploitée que représente le personnel navigant cabine (PNC) ? Le cas de Sophie Growcoot vient répondre à cette question qui trottait dans la tête de plusieurs experts du secteur : il suffit tout simplement d’imposer ces congés non payés.

Ces 3 mois de congés obligatoires représentent un quart du salaire à l’année du PNC… Ce qui fait que le salaire moyen mensuel oscillerait entre 750 € et 1 275 €, contre 1 000 € à 1 700 € auparavant (sans compter le coût de la location de l’uniforme et du paiement de la formation représentant près de 200 € par mois en frais).

Cette mesure, si elle se généralisait, serait synonyme d’une baisse généralisée des salaires. En taillant dans le vif dans le salaire du PNC, Ryanair peut ainsi caracoler en tête des marchés financiers, avec des profits mirobolants. Ces profits ne suffisent pas forcément à convaincre de grandes banques comme HSBC qui, loin d’être dupes, observent toujours « des risques persistants sur le front du personnel et des coûts aéroportuaires ».

Ryanair : low cost mais à quel prix ?, le livre qui va faire du bruit

Parallèlement, en France, un livre risque de faire au moins autant de bruit que le fameux documentaire néerlandais sur les 3 Maydays en Espagne. Ce livre (Ryanair : low cost mais à quel prix ?) écrit par un pilote anonyme (sous le nom de Christian Fletcher, le nom du chef des Révoltés du Bounty) dénonce là encore les conditions de travail et les conséquences sur la sécurité des vols. Publié par la maison d’édition spécialiste de l’aviation Altipresse, l'ouvrage peut déjà être commandé via son catalogue. Apparemment riche en détails exclusifs, ce livre devrait remettre sur le devant de la scène un thème qui avait été, de guerre lasse, abandonné par les médias.

Malheureusement pour Ryanair, le terrain est propice pour la grogne sociale. La multiplication des actions perpétuées par les pilotes (qu’il s’agisse de témoignages à visages couverts ou découverts) démontre que les revendications sociales, longtemps restées lettre morte, auront bientôt de véritables conséquences. Quant à l’augmentation de 10 % des salaires votée par Ryanair, elle ne suffira pas à calmer les ardeurs de salariés de plus en plus contrariés.

Puis viendra l’heure où la compagnie irlandaise ne pourra plus s’en tirer avec une pirouette en prétextant l’absence de représentativité de ceux qui osent se dresser contre elle.

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