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31 / 03 / 2010 | 51 vues
Sylvain Thibon / Membre
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Canal+, TF1 et M6 réunis pour discuter d'une convention collective de branche

Depuis deux mois, le syndicat des télévisions privées qui regroupe TF1, M6 et CANAL+, négocie avec les partenaires sociaux une convention collective dite « de Branche ».


Cette négociation devrait aboutir d’ici la fin de l’année à la rédaction d’un texte, première étape vers la création d’un socle juridique commun entre le secteur de l'audiovisuel privé et public.

Mais pourquoi donc cette volonté du STP ?

 

Il existe une convention collective régissant les relations et le fonctionnement sociaux dans chacune de nos entreprises. Pourquoi dès lors vouloir à tout prix une convention collective, dite « de branche» ?

Parce que, en 2008, le gouvernement a profondément remanié certaines dispositions du Code du Travail. Il a inventé de nouveaux modes de rapports contractuels entre le salarié et son employeur.

Mais voilà, pour que des textes puissent s’appliquer, ces accords doivent être validés au niveau de la « branche professionnelle».

  • Or, dans l’audiovisuel, cette « branche » n’existe pas.

Il y a d’un côté les entreprises privées avec leurs règles de fonctionnement respectives, et de l’autre, le service public de l’audiovisuel en pleine effervescence et en totale restructuration depuis la suppression du financement par la publicité.

Autant dire qu’avant de retrouver autour de la table les acteurs du public et du privé, il va se passer du temps…

Mais tant pis, ce sont certainement dit nos dirigeants. Après trois séances de négociations sans grands enjeux, les choses sérieuses ont commencé.

Contrat de travail de type particulier !

 

C’est très sérieux ! C’est le titre d’un article de cette nouvelle convention qui mélange pêle-mêle un contrat de travail pour les seniors. C’est une bonne chose… avec de nouveaux contrats de travail aux contours plus que douteux.

Comme ce CDD à objet défini, cette invention juridique expérimentale pendant 5 ans, et qui consiste à permettre l’engagement de cadres sur un « projet » pour une durée de 18 mois renouvelable.

Quand le STP invente l'oxymore juridique !

 

Un oxymore, c'est quand, dans une phrase, vous trouvez côte à côte deux mots ayant des sens opposés et aboutissant à une image contradictoire.

Le STP a fait preuve d'une grande créativité en la matière en proposant, par exemple, le contrat de travail à durée indéterminée à objet défini ; ou le contrat de travail intermittent à durée indéterminée. Si, c'est très sérieux.

Mais que font nos dirigeants le week-end pour nous présenter des choses pareilles le lundi ? Pour inventer des objets pareils, soit ils travaillent trop, soit ils sont en mission pour sauver ce qui peut l'être et prouver que dans certains secteurs, après tout, le CDI n'est plus la forme normale de la relation avec l'employeur... D'ailleurs ce CDI a disparu du texte... Comme quoi… pourquoi perdre du temps ? Allons à l'essentiel.

Et bien l'essentiel pour notre syndicat, c'est de permettre aux salariés de travailler dans de meilleures conditions qu'aujourd’hui, et certainement pas d'accepter une dégradation supplémentaire de leurs conditions de travail.

Des cadres déjà pressés de tous les côtés et qui demain ne seront plus sous CDI : on croit rêver ! Et pourtant, c'est bien de cela qu'il s'agit.

Les syndicats nationaux réunis autour de la table ne s'y sont pas trompés, qui ont tous unanimement refusé de discuter ce texte ainsi rédigé. Que le STP enlève cet article et nous pourrons continuer à dialoguer.

Nous ne serons pas le premier secteur économique de ce pays à expérimenter ce genre de bricolage juridique.

Les salariés de nos entreprises méritent mieux. Ils ont besoin de stabilité pour travailler sereinement. Ils ont besoin que l'on se préoccupe de leur carrière. Ils n’ont pas besoin que l’on porte atteinte à leurs droits. Au contraire, l'audiovisuel (public et privé) doit montrer l’exemple et la voie, ouvrir la route pour que la relation au travail devienne pérenne et responsable, dans un environnement respectueux entre le salarié et l’employeur.

C'est cette ambition que nous défendrons, et certainement pas la précarisation généralisée de nos emplois.

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