Organisations
La question de l'existence même d'un "ministère du travail"
Xavier Darcos a été nommé hier soir ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille et de la Solidarité.
Dans le jeu du remaniement et de ce que d'aucuns appellent parfois les "chaises musicales", Xavier Darcos s'attendait (et revendiquait) la responsabilité de la Justice.
Il échoue au Travail par décalage des demandes d'autres ministres plus ou moins en cour à l'Elysée. Il a laissé un souvenir très "mitigé" (c'est le moins que l'on puisse dire) à l'Education Nationale (ministère certes difficile). Globalement, ce fut plutôt un bilan négatif et s'il doit son maintien au gouvernement, cela semble bien être le produit d'une fidélité sans faille au président de la République.
Michelle Alliot-Marie prend la fonction de ministre d'État, Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés (n°3 protocolairement après le 1er ministre et J.L.Borloo ministre d'État, ministre de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer, chargé des négociations sur le climat).
Elle laisse la voie libre à Brice Hortefeux pour l'Intérieur, poste qu'il désirait depuis bien longtemps. Il est vrai que ce dernier avait mal vécu son attérrissage (forcé) au Travail. Et que sa bourde sur le recul de l'âge légal de la retraite vers 67 ans n'a pas été de nature à faciliter ses relations avec les partenaires sociaux...
Côté relations sociales, voilà bien notre problême...
Alors que depuis plusieurs années, "travail reprend ta place " est devenu un slogan fort usité par les politiques et syndicalistes de tout bord, le portefeuille du Travail est assez mal vécu par son récipiendaire.
Mais c'est un peu logique.
En effet, on notera le maintien d'un secrétariat à l'Emploi (Laurent Wauquiez, inchangé) sous la coupe de la ministre de l'Economie Christine Lagarde. Le jeune secrétaire d'Etat conserve son poste par une bonne tenue de sa responsabilité et un langage parfois moins formaté et moins convenu qu'à l'habituel.
- Considérer "l'Emploi" comme relevant du ministère de l'Economie est un choix politique précis et orienté. C'est aussi pourquoi la responsabilité du Travail est si peu valorisée.
Il est vrai que présenter comme source de croissance et de financement des retraites le repoussement de l'âge légal voire la baisse des pensions n'est pas un facteur encourageant, en particulier devant la contradiction consistant à accorder d'importantes garanties financières aux banques suite à la crise économique.
- A terme, se posera peut-être l'existence même d'un "ministère du Travail" malgré l'existence d'une administration dédiée à cette tâche.
Sauf à ce que le nouveau titulaire du maroquin prenne sa tâche comme un challenge difficile mais passionnant et que la volonté présidentielle de réhabiliter le travail sorte du slogan facile pour entrer dans la vraie vie.