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Les salariés d’ITM vent debout contre la restructuration
Un plan de transformation de la filiale logistique d’Intermarché va supprimer plus de 4 000 postes. Le 16 mai, un mouvement de grève à l’appel de l’intersyndicale a touché 31 des 35 entrepôts.
« Ils ne peuvent plus faire du dumping sur les salaires puisqu’on est au SMIC, alors maintenant ils s’attaquent au nombre de salariés en mécanisant et en automatisant les entrepôts », dénonce Richard Mouclier, délégué central FO chez ITM, la filiale logistique du groupement des Mousquetaires, qui possède les enseignes Intermarché et Netto.
Comme le souligne Clarisse Josselin de la revue FO Hebdo, pour rendre la logistique plus performante tout en baissant les coûts d’exploitation, un plan de modernisation et de transformation des 35 entrepôts a été lancé en 2012. Il prévoit la création de nouvelles bases, des regroupements et des suppressions de sites. Mais le projet reste très flou. Selon les estimations des syndicats, la moitié des 8 500 postes actuels pourrait disparaître, à une échéance probable de dix ans. En raison de la précarité de l’emploi, le nombre de salariés licenciés sera supérieur au nombre de postes supprimés.
« Le nombre global de sites et de postes supprimés n’est pas défini, ils sont même incapables de nous donner le montant total de l’investissement. C’est un plan social rampant avec des phases successives qui nous sont présentées tous les ans », ajoute Richard Mouclier.
Le premier volet dévoilé en 2012 consistait à regrouper 9 établissements sur 4 sites, sans licenciements secs. Un nouveau plan, présenté fin 2013 et détaillé en avril dernier, supprime entre 500 et 600 postes d’ici 2017.
600 millions de bénéfices en 2013
Par exemple en Isère, les activités logistiques des sites de Miribel et Reyrieux (01), qui emploient actuellement 550 salariés, seront regroupées sur une plateforme unique à Saint-Quentin-Fallavier. Au moins 300 emplois sont menacés, selon les syndicats. Dans le sud-ouest, la base de Pézenas sera transférée vers Béziers, dans un bâtiment de 75 000 m2. Dans le nord, les sites de Bruay et de Vimy seront regroupés à Avion.
Les syndicats avaient jusqu’au 4 juin pour négocier le PSE. Dans ses revendications, FO exige des indemnités de licenciement décentes, au moins un mois de salaire par année d’ancienneté. Car la direction ne voulait accorder que le minimum légal. Le syndicat demande aussi une prime de transfert revalorisée pour les salariés envoyés vers un nouveau bassin d’emploi.
Après plusieurs débrayages locaux, l’intersyndicale a appelé à une mobilisation nationale le 16 mai. Très suivie, elle a touché 31 des 35 entrepôts. La direction refusant toujours de négocier, de nouvelles actions devaient être organisées pour faire monter la pression.
Pourtant, le groupement des Mousquetaires, troisième du secteur alimentaire français, ne s’est jamais aussi bien porté. Il a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 40 milliards d’euros et a enregistré 600 millions d’euros de bénéfices.
« Ce qui m’énerve le plus, c’est que la grande distribution est l’un des secteurs qui bénéficient le plus du CICE et des exonérations de charges. Ils touchent entre 25 et 30 millions d’euros par an, ce qui leur paye presque un nouvel entrepôt », poursuit Richard Mouclier.