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« Les insurrections singulières » : les ouvriers d’Arcelor Mittal à la source de l’imaginaire du troisième Prix du roman d’entreprise
Les insurrections singulières (Actes Sud) est un roman dont l’inspiration prend sa source dans les témoignages d’ouvriers du site de Montataire (Oise) d’Arcelor Mittal. En 2005, en pleine restructuration de l’usine et sur une initiative de l’association La Forge, l’auteur a en effet animé une série d’ateliers d’écriture avec les métallurgistes. Une matière première pour nourrir Les insurrections singulières, où le parcours atypique d’Antoine, un ouvrier de 40 ans en quête de sens et qui fait sa révolution intérieure en entreprenant un voyage initiatique au Brésil, pays où la production de son usine vient d’être délocalisée. Une approche originale et profondément optimiste de la mondialisation avec un Antoine bien décidé à ne plus être le spectateur de sa vie.
- C’est en revanche le côté obscur de la force qui a nourri Cadres noirs (Livre de Poche) de Pierre Lemaitre et Les Visage écrasés (Seuil) de Marin Ledun, les deux autres romans de la sélection finale de ce prix.
Quand l'entreprise se racontre des histoires
Si l’entreprise inspire l’imaginaire des auteurs, elle a aussi la capacité de « se raconter des histoires » ce qui devient alors problématique. « L’entreprise s’auto-persuade de la nécessité du changement pour le changement ou encore que les salariés ne viennent travailler que pour le salaire... Autant de présupposés qui contribuent à casser les collectifs de travail », estime Norber Alter, membre du jury, sociologue à l’université́ de Paris IX- Dauphine et auteur de Donner et prendre : la coopération en entreprise. Et Laurent Gounelle, le lauréat du prix 2010 (Dieu voyage toujours incognito) de rebondir : « Il y a aussi cette croyance que c’est en mettant la pression sur les personnes que les objectifs seront atteints. Plus il y aura d’écrivains et d’artistes qui s'intéresseront au monde de l’entreprise et plus les organisations du travail seront humaines ».
Le jury
Présidé par Arnaud Le Gal, rédacteur en chef au quotidien Les Échos et Laurent Gounelle, (président d’honneur), lauréat du Prix du Roman d’entreprise 2010, le jury se composait de :
- Jean-Frédéric Poisson, rapporteur de la mission d’information sur les risques psychosociaux de l’Assemblé nationale,
- Norbert Alter, sociologue,
- Virginie Aubert, directeur général de CB Richard Ellis, présidente de l’association Entreprise et Convivialité,
- Vincent de Gaulejac, sociologue,
- Jean-Pierre Godefroy, Sénateur, président de la mission d’information sur le mal-être au travail,
- Sylvie Gouttebaron, directrice de la Maison des Écrivains et de la Littérature,
- Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic, centre de ressources sur la responsabilité sociale de l'entreprise (RSE) et l'investissement socialement responsable (ISR),
- Christian Larose, co-auteur du rapport sur le bien-être et l’efficacité au travail,
- Gontran Lejeune, président national du Centre des jeunes dirigeants (CJD) de 2008 à 2010,
- Marie-Alice Medeuf, secrétaire confédérale chargée du secteur conventions collectives et égalité professionnelle à Force Ouvrière,
- Jean-Baptiste Obeniche, directeur Général de l’ANACT (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail),
- Françoise Papacatzis, responsable de la prévention des risques psychosociaux chez DuPont de Nemours France,
- Patrick Pierron, secrétaire national à la CFDT, responsable de la commission travail,
- Bernard Salengro, médecin du travail (CFE-CGC),
- Jean-Christophe Sciberrras, président de l’ANDRH (association nationale des DRH).