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« Les agents publics actifs et retraités sont loin d’être des privilégiés au regard de leur couverture sociale » - Serge Brichet, MFP
Face aux attaques et aux menaces qui pèsent sur le modèle de protection sociale complémentaire des fonctionnaires à la veille du renouvellement du processus de référencement mis en place ces dernières années, la Mutualité fonction publique, en lien étroit avec l'ensemble des fédérations syndicales de fonctionnaires a engagé ces dernières semaines une large mobilisation qu'elle entend poursuivre activement ces prochains mois.
Serge Brichet, président de la MFP, a bien voulu répondre à nos questions.
Quelle est le sens de la mobilisation engagée par la Mutualité fonction publique (MFP) et les fédérations syndicales de fonctionnaires ?
La finalité est simple : sensibiliser les agents publics sur leurs droits en matière de protection sociale et « interpeller » les employeurs, les décideurs et les pouvoirs publics sur le sujet. La période choisie n’est pas neutre. Nous sommes au lendemain de nombreuses tentatives de remise en cause de ces droits avec la dernière loi de finances de la Sécurité sociale notamment et à la veille du renouvellement des dispositifs de référencement dans la fonction publique d’État. Aussi est-il important de pouvoir rappeler que les agents publics actifs et retraités sont loin d’être des privilégiés au regard de leur couverture sociale, eux qui ont les mêmes besoins sociaux que tous les autres citoyens mais pas forcément les mêmes droits.
N’avez-vous pas le sentiment que cette mobilisation peut résonner comme une démarche corporatiste ?
Justement, son ambition est de combattre tous les préjugés qui circulent à propos des agents publics. Ils sont victimes d’un « fonctionnaire-bashing » intolérable, largement entretenu par de nombreux responsables politiques qui, de mon point de vue, jouent aux « apprentis sorciers ». C’est en effet facile, pour des raisons électoralistes de stigmatiser les fonctionnaires en les assimilant à des nantis. Sont-ils vraiment nantis eux qui viennent d’attendre plus de six ans pour voir une petite revalorisation de leur revenu, eux qui observent la précarisation croissante de leur statut ? Sur le sujet qui nous anime, un seul exemple peut illustrer cette situation : le niveau dérisoire de l’aide publique dont ils bénéficient pour financer leur protection sociale complémentaire, soit 1 % des 5 milliards consacrés par l’État. Alors non, j’ai le sentiment que notre démarche de mobilisation ne répond en rien à la défense d’un pré carré mais doit s’entendre comme une démarche logique et fondée. Je me réjouis d’ailleurs du consensus dont bénéficie cette action qui associe l’intégralité des 8 principales organisations syndicales de la fonction publique. Ce n’est pas rien.
Cette mobilisation a démarré début février à l’Assemblée nationale puis en Normandie. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Notre objectif est de pouvoir mobiliser les agents publics partout où ils se trouvent sur le territoire, sans bien sûr oublier les retraités. Ainsi, nous déployons tous les réseaux militants de la MFP et des mutuelles qui la composent, ainsi que ceux des fédérations syndicales. Présence sur les sites administratifs, distribution de « tracts » et de documentation, rencontres locales avec les élus et les employeurs publics, expression dans les médias : autant d’initiatives engagées avec détermination ces dernières semaines et qui se poursuivront durant tout le premier semestre. À ce jour, ce sont des milliers de tracts diffusés, des dizaines de sites visités symboliques des trois fonctions publiques et de très nombreuses audiences avec les interlocuteurs publics. C’est un bon départ mais nous allons accentuer cette mobilisation avec la mise en place ces prochains jours d’une pétition accessible sur les réseaux sociaux. Il convient en effet de pouvoir « quantifier » cette mobilisation et de recueillir l’expression des agents publics eux-mêmes que nous entendons relayer vers le gouvernement.
C’est le sens de votre prochaine audience avec Annick Girardin, la nouvelle ministre de la Fonction publique ?
Nous rencontrons la ministre logiquement suite à sa prise de fonction. Évidemment, la mobilisation et surtout les problématiques qu’elle porte seront au cœur de notre entretien, comme nous le faisons régulièrement lors de tous les rendez-vous que nous avons avec les pouvoirs publics et les administrations. Nous espérons qu’elle sera sensible à notre démarche, comme l’a été Marylise Lebranchu qui nous avait apporté un soutien appuyé. Quoi qu’il en soit, nous ne faiblirons pas et resterons totalement déterminés car notre « combat », je le rappelais, est juste et est sensé.
J’ai d'ailleurs la conviction qu’il y a une véritable urgence à se mobiliser quand je perçois une volonté de nos interlocuteurs publics de vouloir « stimuler » le marché, en matière de complémentaire de santé notamment. Comme si la concurrence était l’alpha et l’oméga de toute démarche ! Plus que jamais, nous rappellerons la pertinence de nos modèles solidaires créés par les agents publics eux-mêmes pour assurer leur protection sociale.
À cet égard, je fais mienne une expression d'Yvon Robert, maire de Rouen, que nous avons rencontré lors de cette mobilisation en terre normande : « il faut absolument préserver et préserver la valeur de la mutualité pour la développer ». Un beau programme et une belle ambition.
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