L’association des directeurs des ressources humaines des grandes collectivités territoriales (ADRHGCT) a confié à sept élèves de l’INET, en formation de 2021 à 2022, une étude portant sur : « Les lieux de travail à visage humain - Comment construire des modèles d’organisation du travail durable ? »

L’émergence du télétravail bouleverse les organisations

La crise sanitaire a agi comme un accélérateur pour l’évolution des modèles de travail qui pouvaient être perçus comme inadaptés aux nouveaux enjeux et possibilités. En 2021, le niveau de bien-être au travail se dégrade chez les agents territoriaux. Tout l’enjeu est donc de réinventer des organisations du travail pérennes en prenant en compte les diversités de lieux et de modes de fonctionnement tout en garantissant un service public de qualité. Cette étude s'attache aux modes d’organisation du travail, entendus comme les procédures qui permettent l'établissement de méthodes de partage des tâches, de communication et de management au sein d'une organisation.

Si cette notion permet d’interroger les modes de fonctionnement hybrides entre bureau, domicile et tiers lieu, elle questionne également les pratiques managériales, le rapport au travail, les échanges et les compétences de l’ensemble des acteurs.


Daphné BOREL, Simon COSSIEZ, Eskandar DAHOU, Axel HARKAT, Laure MALEY, Vincent MAUGER et Odile NIEUWYAER ont sondé 37 collectivités locales, réalisé 14 entretiens auprès de collectivités territoriales, d’organisations syndicales, de la médecine du travail et d’entreprises privées et échanger avec plusieurs chercheurs.

Vers de nouveaux modèles de travail durable

La diffusion de nouvelles pratiques, comme le télétravail, à la faveur de la crise sanitaire, paraît être une opportunité pour repenser, dans toutes les organisations, le sens au travail en favorisant l’autonomie des agents et en redéfinissant la notion de « collectif de travail ». Cette étude a permis de montrer que si le télétravail a été mis en place par certaines collectivités territoriales dès 2015, c’est majoritairement la crise sanitaire qui a accéléré sa généralisation. Le télétravail bénéficie aujourd’hui d’un fort portage politique. Les nouveaux modes d’organisation du travail imposent aussi une redéfinition des espaces avec un triple impératif économique, social et environnemental. Ces évolutions doivent aussi s’accompagner nécessairement d’un nouveau cadre de travail pour les agents, avec notamment le droit à la déconnexion.

A l’issue de cette étude, les facteurs clefs de réussite pour faire du télétravail un levier d’amélioration des conditions de travail semblent être :
 

• l’implication de l’ensemble des agents et des managers dans la définition des nouvelles règles de télétravail ;
• la montée en compétence, par une offre de formation adaptée, à destination de tous, au management à distance ;
• une réflexion sur les missions et l’organisation sur les missions des services ;
• une réflexion à grande échelle sur les tiers, sources de vitalité renouvelée pour de nombreux territoires, et offrant des conditions de travail satisfaisantes pour les agents ;
• un nouveau rapport au numérique qui doit être accompagné : le développement des usages doit être contrôlé et accompagné à la fois pour son impact sur le bilan carbone des collectivités, et pour les risques de cybersécurité que cela engendre.

Découvrir l’étude complète sur le site de l’ADRHGCT et le site de l’INET.