À l’international, on ne peut que constater la prise de conscience de plus en plus affirmée de l’importance de l’ESS pour relever les défis mondiaux.

• Le Forum mondial de l’ESS (GSEF) a réuni à Dakar plus de 5 000 participants autour du thème « ESS et territoires ». À l’issue de cette rencontre a été prononcée la Déclaration Dakar GSEF 2023 qui affirme que l’ESS est le modèle socio-économique le plus adapté pour atteindre d’ici 2030 les objectifs de développement durable définis par l’ONU.
• La journée internationale annuelle des coopératives de l’Alliance coopérative internationale (ACI) du 1er juillet (#CoopsDay) a célébré « Les coopératives pour le développement durable ».
• La 9e Conférence internationale de recherche en économie sociale (CIRIEC) s’est déroulée à Séoul début juillet sur le thème « Mieux construire l’avenir :l’économie sociale et solidaire pour un monde de paix et d’équité ».
• La Conférence conjointe ACI – CCR Recherche coopérative mondiale et européenne organisée à Louvain (Belgique) du 10 au 13 juillet à Louvain (Belgique) était dédiée à « Innover dans la gouvernance coopérative. Gouverner l’innovation coopérative ».

Le sujet de la soutenabilité s’affirme donc comme une thématique de recherche internationale en lien avec les préoccupations bien légitimes des acteurs.

• Le colloque de l’International Research Network (EMES) qui se tiendra en Allemagne du 11 au 14 septembre soulignera « Agir localement, changer globalement: entreprises sociales et coopératives pour des économies et des sociétés plus résilientes ».

Cette effervescence en recherche n’est pas le fruit du hasard et se traduit également dans les préoccupations éducatives.

Ainsi, lors de sa dernière assemblée générale, Cooperatives Europe s’est engagée à faire de l’éducation coopérative un de ses trois axes stratégiques.

Cela explique sans doute également le projet en cours de fédérer les réseaux européens autour de l’ICA CCR EU (réseau de recherche de l’ACI Europe), mais aussi les réseaux français autour de l’ADDES, du CIRIEC et de la RECMA.

Cette convergence des mouvements est porteuse d’espoir en ces temps perturbés pour répondre aux urgences imposées par le changement climatique et la montée croissante des inégalités économiques et sociales.

Loi ESS... bientôt 10 ans!

Aussi en ce mois de juillet, la France célèbre les neuf ans de la Loi éponyme (*).

La RECMA est heureuse d’annoncer que dans son numéro de juillet 2024, un dossier spécial reviendra sur les répercussions et les perspectives de cette loi.

D’ores et déjà, ces dernières semaines ont été marquées par le débat sur la question de la modification de l’article 1, c’est-à-dire les contours du périmètre des unités de l’ESS et de la décision de Marlène Schiappa,  ancienne secrétaire d’État,(**) sur proposition du Conseil de l’ESS, d’en conserver les limites en l’état et de passer de la reconnaissance (loi-cadre) au développement (loi de programmation).

Ces débats sont à mettre en perspective au niveau international où différentes organisations réfléchissent à la question de la mesure, de l’appréhension de l’ESS  dans son unité et sa diversité (voir le colloque de l’Organisation internationale du travail organisé à Séoul le 1er juillet 2023).

Dans ce contexte national et international de la reconnaissance de l’ESS, le dernier numéro de la Recma  qui vient de paraître (***)   met à l’honneur le « Cycle de vie » des coopératives agricoles du Professeur M.L. Cook. Issu d’un travail de recherche et d’expertise de plus de 40 ans en particulier au sein du Graduate Institute of Cooperative Leadership (GICL) à l’université de Columbia-Missouri (US), cet outil d’analyse s’adresse aussi bien aux académiques qu’aux praticiens.

Aux premiers, il propose d’analyser les dimensions de gouvernance et de compétitivité dans un schéma d’ensemble afin d’appréhender la complexité de l’action collective en coopérative.

Aux seconds, il propose un outil analytique pour discuter des problèmes concrets des coopératives et trouver ensemble des solutions afin de renforcer leur pérennité en agissant selon les principes coopératifs.

Au niveau international, les cadres législatifs demeurent différents mais les principes restent le dénominateur commun, où, finalement comme l’indiquent l’ONU et l’OIT dans leur déclarations respectives de 2023 et 2022, les valeurs sont au cœur de l’agir en coopératives. Les lois viennent renforcer, spécifier, garantir les droits et devoirs des membres comme des coopératives. L’approche du cycle de vie peut inspirer les autres familles coopératives, et donner lieu à d’autres travaux dans le cadre des recherche-action sur les associations, les mutuelles et les autres unités de l’ESS.

Comme l’indique le Professeur M.L. Cook, la bonne santé résulte de règles de décisions partagées entre les membres tenant compte des contraintes internes comme externes, et nécessitant en conséquence, un ajustement permanent. Elle est le reflet d’une action collective pour équilibrer les coûts de marché et d’organisation, mais également engager la création d’un bien commun qui rend l’entreprise coopérative particulière par rapport à une entreprise de droit commercial.

Enfin, ce numéro reste riche en temps forts et en notes de lecture....(voir le sommaire détaillé (***)

(*) La loi ESS de 2014: LOI n° 2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l'économie sociale et solidaire (1) - Légifrance (legifrance.gouv.fr)

(**) NDLR: suite au dernier remaniement ministériel, il conviendra de voir quelle sera l'approche de Mme Olivia Grégoire, Ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, qui semble être chargée de l'ESS... et ce qu'il adviendra de la mission confiée à Martin Cohen-Solal sur le sujet...??

(***) Pour en savoir plus sur le dernier numéro de la Recma: Revue RECMA 2023/3 | Cairn.info