Les Français livrent une vision optimiste mais résignée de leurs perspectives professionnelles à horizon vingt ans
À l’occasion de sa 7e édition, le Printemps de l’économie dévoile les résultats exclusifs d’un sondage Opinionway sur la perception qu’ont les Français de l’avenir du travail. Traditionnellement plus négatifs que leurs voisins européens, les Français livrent une vision optimiste mais résignée de leurs perspectives professionnelles. S’ils se déclarent massivement conscients que leur métier existera encore dans vingt ans, ils anticipent de fortes évolutions liées notamment au numérique et à la durée légale du temps de travail. Enfin, ils sont conscients de la persistance de la précarité de l’emploi et des inégalités salariales pour l’avenir. Revue de détail et décryptage.
- 91 % pensent que leur métier existera encore dans vingt ans ;
- 63 % estiment que leur métier aura évolué ;
- 63 % considèrent que la sécurité de l’emploi sera moins accessible ;
- 47 % ne croient pas que l’égalité salariale entre hommes et femmes sera atteinte ;
- 44 % pensent que le niveau de qualification sera le premier facteur d’inégalité.
« Les Français se distinguent souvent par le pessimisme de leur ressenti, loin de la réalité des faits. On évoque alors leur méconnaissance en économie. Cela ne se vérifie pas quand on les sonde sur l’avenir du travail. Se basant sur leur vécu, ils font preuve d’un certain réalisme, en phase avec les études de France Stratégie et de l’OCDE quant aux effets limités des nouvelles technologies sur la disparition de leur métier » déclare Pierre-Pascal Boulanger, président-fondateur des Économiques et du Printemps de l'économie.
« La dominante qui ressort de ce sondage est un certain fatalisme des Français face aux évolutions du travail, un trait que nous trouvions également dans le sondage de l’an passé sur la mondialisation. Ainsi, ils sont majoritaires à penser que le temps de travail va se maintenir, voire augmenter, que les emplois vont devenir plus précaires, que les inégalités hommes-femmes ne se réduiront pas. Diffuser la culture économique, c’est d’abord lutter contre ce fatalisme et montrer qu’il y a toujours plusieurs voies vers l’avenir », ajoute Rémi Jeannin vice-président des Économiques et du Printemps de l’économie.
Des métiers toujours présents mais transformés par les nouvelles technologies
Si 91 % des actifs s’accordent sur l’idée que leur métier existera toujours, 63 % estiment qu’il aura évolué. En effet, ils ne perçoivent pas de changement total menant à une disparition ou à une complète automatisation des métiers pratiqués aujourd’hui mais plutôt à une évolution en profondeur de ces mêmes métiers, avec un déplacement des tâches et missions à effectuer.
Les changements technologiques liés au numérique ou encore aux biotechnologies paraissent être le premier facteur de changements dans le travail d’ici vingt ans (cité par 57 % des Français), se plaçant loin devant tous les autres facteurs, notamment les évolutions démographiques (15 %).
L’importance de ces changements est particulièrement perçue par les personnes les plus âgées, qui ont pu assister à l’émergence de la révolution informatique (63 % des personnes âgées de 50 ans et plus) alors que les plus jeunes, deux fois moins nombreux à désigner les changements technologiques (31 %), citent plus souvent la mondialisation que leurs aînés (21 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans contre 11 % des seniors).
Le travail tient une place toujours importante dans la vie des Français
Alors que depuis plus d'un siècle, la tendance est à la diminution, 78 % des Français estiment que d’ici vingt ans la durée légale du temps de travail va se maintenir (46 %) ou augmenter (32 %). Par conséquent, les Français estiment pour la plupart que le pourcentage du temps de vie consacré au travail va soit se maintenir (42 %) soit augmenter (32 %), seuls 23 % estimant qu’il va baisser.
Enfin, si les Français anticipent cette augmentation, ils semblent néanmoins se résigner face à cette fatalité. À la question de savoir quels seront les critères sur lesquels ils se fonderont pour choisir un travail, seuls 22 % mentionnent le temps de travail.
Plus de flexibilité et moins de sécurité seront les nouveaux marqueurs du travail.
Autre évolution notable à laquelle les actifs se montrent résignés : la sécurité de l’emploi. Ils considèrent majoritairement en effet, que la sécurité de l’emploi sera plus difficilement accessible dans vingt ans qu’aujourd’hui (63 %), Conséquence de cette évolution, les Français placent la sécurité de l’emploi (24 %) loin derrière le salaire (45 %) ou encore les conditions de travail (44 %) dans les critères de choix d’emploi dans vingt ans.
Symptomatiques de l’uberisation de leur monde, 65 % des actifs considèrent que les formes d’emploi plus précaires vont augmenter dans le futur. Près d’un Français sur trois estime que cette augmentation sera importante, ces emplois ayant pour vocation d'augmenter fortement (29 %) tandis que seuls 14 % considèrent qu’ils vont diminuer.
Le niveau de qualification, premier facteur d’inégalité devant le sexe
Aujourd’hui, les inégalités liées au sexe paraissent être les plus importantes pour expliquer les disparités salariales (48 %), devant le niveau de qualification (42 %). Dans vingt ans, les Français estiment que cet ordre se sera inversé, le niveau de qualification devenant le premier facteur d’inégalité salariale (44 %), loin devant le sexe (27 %).
Ce sentiment que les inégalités liées au sexe sont amenées à prendre une place de moins en moins importante d’ici vingt ans se reflète dans la durée estimée par les Français pour voir les femmes bénéficier de salaires équivalents à ceux des hommes. Certes, 47 % des Français considèrent que cette égalité ne verra jamais le jour mais les 50 % qui estiment qu’elle aura lieu un jour considèrent qu’elle se produira en moyenne d’ici dix-neuf ans. L’importance croissante du niveau de qualification est ressentie personnellement par les actifs, notamment parmi les plus âgés : 81 % considèrent que les nouvelles technologies auront pour effet sur leur métier de devoir être plus qualifiés qu’aujourd’hui.
Méthodologie : l’étude « Les Français et les mutations du travail » pour le Printemps de l’économie, a été réalisée en ligne. Les interviews ont été réalisées du 15 au 18 février 2019 auprès d’un échantillon de 1 017 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence.
À propos du Printemps de l'économie...
Créé en 2013 par Pierre-Pascal Boulanger, à la suite d’une impulsion donnée par Michel Rocard, le Printemps de l'économie a pour ambition de proposer au grand public, notamment aux jeunes (lycéens, étudiants et jeunes actifs) de réfléchir chaque année à un thème de l'actualité économique. Il a été rejoint en 2015 par Rémi Jeannin. L'ambition d'ouvrir la sphère éducative sur l'économie et d'œuvrer à la citoyenneté par une meilleure compréhension du monde permet à cet événement d'être soutenu par de nombreux partenaires institutionnels, scientifiques et associatifs (Académie de Paris, CAE, Institut CDC pour la recherche, Centre d'économie de la Sorbonne, CEPII, CNAM, France Stratégie, IGPDE, INSEE, PSE/École d'économie de Paris, La finance pour tous, APSES, Les Économiques de Turgot, Lycée Turgot, Mairie du IIIe, Natixis, OFCE Sciences Po et XERFI). Le Printemps de l'économie dispose d'un conseil scientifique rassemblant dans leur plus grande diversité des économistes et des chercheurs en sciences sociales et des représentants des médias et de l'Éducation nationale. Par ailleurs, un conseil étudiant (une vingtaine d'étudiants issus d'établissements du supérieur : universités, écoles d'économie, écoles d'ingénieurs et écoles de commerce) veille à maintenir l'accessibilité et l'attractivité du programme proposé, et participe à l'organisation de l'événement. Au cours de ses cinq premières éditions, le Printemps de l'économie a accueilli 300 intervenants différents dans plus de 200 conférences pour un public supérieur à 21 000 visiteurs, dont plus de 55 % sont des jeunes. Il dispose d'un site internet (www.printempsdeleco.fr) et de comptes Facebook, Linkedin et Twitter (@printempsdeleco et #printempsdeleco.