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09 / 05 / 2025 | 42 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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ISBL: une approche pluridisciplinaire et le croisement des regards d’experts pour la mise en valeur de l'ESS

Colas AMBLARD, Président de l'Institut ISBL, a bien voulu répondre à mes questions...

 

En quelques mots pouvez-vous nous présenter I’Institut ISBL ?

 

L’Institut ISBL est une association régie par la loi de 1901, engagée dans la promotion de l’Économie sociale et solidaire (ESS) en tant que levier de transformation sociale, démocratique et environnementale. Toutes ses publications sont diffusées en open source, permettant aux associations, fondations, fonds de dotation et autres structures de l’ESS de s’en emparer librement afin de renforcer leur potentiel de développement. Sa démarche repose sur la mise en valeur de l’ESS à travers une approche pluridisciplinaire et le croisement des regards d’experts issus de milieux et secteurs variés tels que la finance, le droit, les sciences sociales, l’histoire, la comptabilité, l’économie ou encore le monde universitaire et entrepreneurial.  Loin de se limiter à un simple think-tank, l’Institut ISBL s’affirme également comme un think-do grâce à sa structure de formation qui accompagne la professionnalisation des acteurs du secteur par le biais de conférences et d’actions pédagogiques.

 

Précurseur depuis 2006, il a été à l’avant-garde des réflexions sur la relation association-financeur public, l’optimisation des modèles socio-économiques des entreprises de l’ESS, l’hybridation des ressources publiques et privées, le mécénat, l’innovation sociale et plus récemment la démocratie en entreprise. Mais ce qui fonde véritablement la singularité et la légitimité de l’Institut ISBL, c’est son indépendance, son engagement sans faille et sa liberté de ton, éléments essentiels pour interroger les dogmes établis, déconstruire les idées reçues autour de l’ESS — en particulier de sa composante associative —pour formuler des solutions concrètes d’amélioration, pointer les imprécisions sémantiques ou techniques qui freinent son essor et lutter contre toute tentative de banalisation ou de récupération de son action.

 

Quels sont les principaux sujets que vous avez abordés en 2024 et ces derniers mois ?

 

En 2024 et ces derniers mois, notre action s’est structurée autour d’une dynamique éditoriale portée par une équipe d’une quarantaine d’experts reconnus à l’échelle nationale, avec la diffusion régulière de dix newsletters gratuites par an relayant une sélection d’actualités touchant les entreprises de l’Économie sociale et solidaire et les organismes sans but lucratif, des annonces d’événements ainsi que des travaux de nos partenaires dont nous partageons les valeurs et les orientations.

 

L’ensemble de nos publications repose sur une conviction forte et partagée : l’ESS a un rôle central à jouer dans la préservation de la démocratie et dans l’émancipation citoyenne. À condition de résister aux tentatives régulières d’instrumentalisation ou d’invisibilisation dont elle peut faire l’objet, elle incarne un modèle économique alternatif qui, ancré dans les territoires, pourrait progressivement s’imposer comme référence, jusqu’à devenir l’économie de droit commun.


Nous ne croyons pas à une rupture brutale ou soudaine, mais plutôt à une transformation progressive et diffuse, cette « révolution moléculaire » chère à Félix Guattari, qui partirait des territoires et des besoins sociaux identifiés localement pour influencer, peu à peu, les sphères politiques et académiques. C’est dans cette perspective que nous concentrons nos efforts sur la promotion d’un récit alternatif porté par l’ESS, en le rendant à la fois désirable, crédible et accessible au plus grand nombre, en particulier aux décideurs publics.

 

Notre priorité est donc de doter les structures de l’ESS d’outils concrets pour leur permettre de faire vivre cette vision transformatrice, notamment en optimisant leur modèle socio-économique et en sécurisant la situation de leurs dirigeants.  Notre démarche se veut à la fois militante et rigoureuse, articulant exigence scientifique et utilité opérationnelle.

 

En 2024, nos travaux ont principalement porté sur l’évaluation de l’action associative à travers le prisme de l’utilité sociétale, la promotion de la démocratie au sein des entreprises afin d’améliorer la condition de l’ensemble des parties prenantes — bénévoles, salariés, fournisseurs, partenaires institutionnels ou sociaux —ainsi que sur la diffusion de savoirs visant à renforcer la solidité des entreprises de l’ESS, tant sur le plan microéconomique que macroéconomique.

 

Dans le contexte actuel quels seront les thématiques prioritaires que vous pensez traiter cette année ?


Dans un contexte marqué par de profondes mutations politiques, sociales et économiques, l’Institut ISBL poursuit en 2025 son engagement citoyen dans une logique de temps long, fidèle à une démarche collective claire et assumée.

 

Notre priorité demeure l’analyse critique et la valorisation de l’ESS, en soulignant son rôle central dans la construction d’une société plus démocratique, équitable et respectueuse de l’environnement ; nous continuerons à éclairer le public sur son potentiel transformatif en matière de cohésion sociale et de vivre ensemble, tout en tenant compte des évolutions de l’actualité nationale et européenne qui influencent directement le devenir des structures à but non lucratif ou à lucrativité limitée.

 

Dans ce cadre, notre plaidoyer politique restera résolument axé sur la défense des libertés associatives, la sanctuarisation des financements publics, considérés comme indispensables à la reconnaissance et au soutien des activités d’utilité sociale ou d’intérêt général portées par ces organisations. Toutefois, pour que l’ESS déploie pleinement sa capacité réformatrice, il est essentiel qu’elle renforce sa professionnalisation, consolide ses mécanismes de financement, soutienne durablement l’engagement de ses membres — qu’ils soient bénévoles ou salariés — et développe des stratégies efficaces de diversification de ses ressources.

 

Cette autonomie financière, gage de liberté d’action, doit être pensée en dehors de toute dépendance excessive à l’égard des pouvoirs publics voire d’acteurs privés susceptibles de conditionner son orientation.

 

(*) Colas AMBLARD, Docteur en droit - Chargé d'enseignement à l’Université Jean Moulin Lyon III - Avocat associé au sein de la société d’avocats NPS CONSULTING

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