La hausse de l’absentéisme maladie en France s’expliquerait par « l’explosion des arrêts de complaisance ».


Cette traduction du constat chiffré pourrait être débattue car la hausse des taux peut s'expliquer par une augmentation du nombre d'arrêts, mais également par une flambée de la durée moyenne des arrêts, ce qui est très différent bien entendu. Durant nos interventions nous observons principalement que c'est une dérive de la gravité (durée moyenne) qui porte la croissance des taux, mais passons.


La complaisance, une « disposition d'esprit de celui qui cherche à faire plaisir en s'adaptant aux goûts ou aux désirs de quelqu’un », serait donc en hausse depuis quelques années chez les médecins prescripteurs d’arrêts maladie, avec une nette accélération en 2023. Qu'elle puisse se manifester ici où là n'est pas contesté, mais ce n'est pas non plus la question. Cette dernière porte sur une dérive massive récente.


Quelle mouche porteuse du virus complaisance a donc piqué nos médecins ? Et s’il ne s’agit pas d’un nouveau virus, quelle pourrait être la raison du développement soudain de cette disposition d’esprit qu’il faudrait « chasser » ? 


Des cours magistraux de complaisance seraient désormais donnés dans nos facultés de médecine ? Le phénomène ne concernerait alors que les jeunes diplômés. 


Des médecins étrangers venus combler les trous dans nos déserts médicaux seraient exagérément dotés en complaisance ? Cela n’expliquerait pas l’ampleur du phénomène. 


Un gène de la complaisance, encore inconnu des généticiens, se serait brutalement activé chez nos médecins ? Il se manifesterait alors de la même manière sur tout le territoire.


Or la complaisance des médecins à prescrire des arrêts maladie n’est pas uniforme en France. Elle varie étrangement d’une région à une autre. On constate également de fortes variations de son indice d'un secteur d’activité à un autre. Plus troublant encore, on vérifie régulièrement des différences nettes de complaisance à l’intérieur même des organisations, qu’elles soient associatives, publiques ou privées. La complaisance envers les arrêts peut ainsi être extrêmement forte dans un service au RDC et très faible dans un service au 15ème étage. C’est à ne plus rien n’y comprendre !


Peut-être devrions-nous finalement considérer quelques études (peu complaisantes) qui signalent que cette disposition d'esprit désormais jugée regrettable bénéficie majoritairement aux employés, agents ou salariés, occupant des métiers pénibles physiquement ou psychiquement, souvent en relation avec des conditions de travail et, ou une organisation du travail épuisante. CQFD.