Organisations
Ni bonnes, ni nonnes : l’honneur de la profession infirmière
L’actualité récente nous montre deux exemples du peu de considération des autorités pour notre profession :
Premièrement, les revalorisations salariales liées au nouveau programme de formation dans le cadre de la réforme LMD Licence-Master-Doctorat. Ces négociations se font dans le cadre des engagements du Président de la République et de Roselyne Bachelot, qui ont indiqué à de nombreuses reprises que leurs objectifs étaient de reconnaître les compétences des infirmières et de rendre cette profession attractive. Nous en sommes loin, avec une aumône de 15 euros par mois pour les "pauvres petites" infirmières.
Deuxièmement, avec la circulaire Hortefeux du 21 août 2009 concernant l’organisation des "centres de vaccination" H1N1. Alors que les infirmières seront en première ligne, des bureaucrates décrètent sans concertation avec la profession un mode opératoire industriel en complète opposition avec nos recommandations de bonnes pratiques (3 intervenants pour un même acte) et notre éthique professionnelle (2 minutes par patient).
Refus de cautionner des "chaînes de vaccinations" qui relèvent de la médecine vétérinaireLes infirmières sont là pour répondre aux besoins de santé de la population, et toute personne qui souhaite se faire vacciner trouvera toujours une IDE. Mais il est hors de question de faire n’importe quoi, n’importe comment. De même qu’un fonctionnaire n’a pas à obéir à un ordre illégal, un professionnel de santé a le droit de ne pas obtempérer à des consignes administratives contraires à son éthique et sa déontologie.
Ni bonnes, ni nonnes : les autorités croient avoir affaire à des filles de salle dociles, mais nous sommes des professionnels de santé, et nous défendrons tant la qualité des soins que la citoyenneté des patients, d'où notre refus de cautionner des "chaînes de vaccinations" qui relèvent de la médecine vétérinaire.
Le contraste est saisissant entre le communiqué moralisateur de l’Ordre des Médecins réagissant au fait qu’un médecin sur deux refuse de se faire vacciner, et le communiqué responsable de l’Ordre des Infirmiers qui dénonce "Le choix de scinder la préparation du vaccin entre plusieurs intervenants, impliquant, de fait, que celui qui prépare n’est pas celui qui injecte. "
- Notre "Ordre ne peut, tant d’un point de vue éthique que déontologique, cautionner une organisation mettant les infirmiers en position de pratiquer des actes clairement contraires aux Bonnes Pratiques Infirmières en usage, et peu en rapport avec un niveau de qualité et de sécurité des soins que le contexte sanitaire et humain de cette campagne de vaccination exige."
C est tout à l’honneur de la profession de refuser que les personnes ne soient plus que des "objets de soins". Pour le philosophe Paul Ricoeur, "les vrais problèmes commencent avec les exceptions et les excuses. Toutes les cultures ont été confrontées à cela : trouver quelles sont les règles pour supprimer les règles. Voilà la véritable éthique : les vrais problèmes, qui ne sont pas noirs ou blancs, pour ou contre, mais qui sont toujours dans l’entre-deux. L’entre-deux est le véritable lieu de la discussion morale".