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La ville de Grenoble compte fermer plusieurs bibliothèques municipales
Véritable séisme pour les observateurs car Grenoble était présentée depuis les élections comme un « laboratoire politique » avec sa majorité issue de toute la gauche alternative.
Rien ne va plus à Grenoble (Isère). La commune dirigée par le maire écologiste Éric Piolle, a ainsi présenté un plan de « refondation du service public » avec de nombreuses coupes budgétaires à la clef. Ces coupes drastiques touchent notamment le secteur culturel puisque, outre la suppression de plusieurs subventions aux associations œuvrant dans le domaine (théâtre, musique..), la ville a aussi décidé de fermer trois de ses treize bibliothèques. En ligne de mire municipale, la bibliothèque Hauquelin, avenue du Marechal Randon et la bibliothèque Prémol, dans le quartie du village olympique, spécialisées dans l'acceuil des enfants et des adolescents, ainsi que celle de l'Alliance, rue de Stalingrad. Une véritable attaque en règle contre la lecture publique.
C'est un véritable séisme pour les observateurs car Grenoble était présentée depuis les élections de 2012 comme un « laboratoire politique » avec sa majorité issue de toute la gauche alternative comprenant Europe Écologie-Les Verts, le Parti de gauche, les Alternatifs, la Gauche anticapitaliste et deux associations locales (l’association démocratie écologie solidarité ou ADES et le Réseau citoyen). La liste se voulait pourtant « anti-austérité ».
« Nous n'avions pas le choix », explique au Dauphiné Libéré l'adjoint aux finances Hakim Sabri, qui finit par avouer qu'il s'agit bien d'une « politique d'austérité ». Mais l'élu rappelle « qu'en raison de la baisse des dotations de l'État mais aussi de l'héritage de nos prédécesseurs socialistes, nous avions l'obligation de trouver 14 millions d'euros sur deux ans ». De son côté, le maire Éric Piolle s'embarasse de moins de subtilité. « Il faut changer cette logique de proximité du service public avec par exemple la création d'un bibliobus, d'une bibliothèque à vélo et des nouveaux points d'équipements de librairies, plutôt que ces 14 bibliothèques espacées par moins d'un quart d'heure à pieds » a-t-il indiqué sur France 3 Rhône-Alpes. Le même discours que tenait Patrick Balkany à Levallois (Haut-de-Seine) lorsque lui aussi justifiait la fermerture d' une bibliothèque l'année dernière.
Ce discours que l'on attendait pas d'une municipalité « rouge-verte » renverse ainsi toutes les positions politiques habituelles. Si bien que les socialistes et les républicains grenoblois n'hésitent pas eux non plus à bouleverser tous les repères nationaux. « Au moins, c'est clair : Éric Piolle mène une politique de droite », ose d'ailleurs déclarer au Dauphiné Libéré le socialiste Jérôme Safar, devenu vert de rage. Quant à la droite, justement, elle n'est pas en reste puisque pour Matthieu Chamussy, « jamais le service public n'a été attaqué ainsi à Grenoble ». Pas de doute, Grenoble est bien devenue un laboratoire politique.