Organisations
Huntsman projette la fermeture d'une usine en Europe face à un comité d'entreprise européen défaillant
Ce 18 décembre se tenait une réunion du comité de coordination du CE européen de Huntsman.
L’ordre du jour concernait l’annonce de la réorganisation de la branche pigment du 1er décembre 2014, l’intégration de Rockwood et ses conséquences sur la représentation au CE européen et la renégociation de l’accord en vigueur du CE européen de mai 2011.
Réorganisation de la branche pigment
Je suis intervenu pour dire combien nous sommes déçus par le comportement de la société en matière d’information et de consultation du comité européen. En effet, mes demandes de réunir le comité de coordination ainsi que les représentants des différentes usines européennes de la branche pigment sont restées lettre morte.
Par ailleurs, aucune information n’a été donnée ni en amont, ni en même temps qu’au niveau local aux représentants du personnel au comité européen. C’est tout simplement inadmissible ! C’est récurrent et donc la raison essentielle qui a conduit le CE européen à voter la dénonciation de l’accord existant afin d’exercer pleinement son rôle.
La présentation d'un graphique mettant en évidence la non-compétitivité de l'activité pigments a permis aux représentants du personnel de démontrer que la société fait dire ce qu'elle veut aux chiffres.
En effet, ce graphique compare l'effectif de la branche pigment de Huntsman (dénommée Tioxide) à l'entité pigment de Rockwood rachetée au mois d'octobre dernier par Huntsman.
1 500 salariés de Tioxide contre 3 600 de Rockwood pour un chiffre de ventes à peu près similaire est quelque peu contestable car Rockwood ne fabrique pas que du pigment, l’effectif réel affecté aux usines de pigment est en réalité de 2 300 personnes et non 3 600 comme annoncé !
Autre point de comparaison intéressant : Tioxide a massivement recours à la sous-traitance, une usine comme Calais par exemple emploie 260 salariés en CDI mais aussi 160 sous-traitants par jour en moyenne.
Notre interlocuteur n’a pu que reconnaître qu’une usine comme Duisburg (de l’entité Rockwood) ne sous-traite rien… On compare donc des pommes avec des poires !
L’article faisant état de la volonté de Huntsman de réduire ses capacités de 100 000 tonnes a été transmis à nos interlocuteurs.
Le DRH du groupe a confirmé qu’une étude était en cours ; elle pourrait aboutir soit à une fermeture de site, soit à une réduction de certaines unités.
Une jolie pirouette qui ne nous convainc pas, les déclarations de Kimo Esplin, financier de Huntsman, sont plus clairs car il chiffre déjà le coût d’une fermeture d’usine…
Il a été précisé que les 900 suppressions de postes sont au niveau mondial, si on fait le calcul des suppressions de postes annoncés à Duisburg et Uerdingen, cela fait 329 + 167, soit 496 postes de travail supprimés sur les 900 annoncés.
La question qui nous brûle les lèvres est : où seront supprimés les 404 postes restants ?
Selon notre interlocuteur, les conséquences sur le personnel de la prise en charge des opérations par les centres « partagés » ne seraient pas encore pris en compte, ce qui supposerait encore des suppressions de postes à venir.
La direction botte en touche en disant que cela n’est pas encore défini ; alors d’où sort un chiffre aussi précis ?
Au cours des discussions, le site d’Uerdingen est jugé intéressant et on apprend que Huntsman a l’intention de le moderniser malgré des résultats dans le rouge, les unités allemandes ont un atout : ils fabriquent des produits de niche.
Intégration de Rockwood au CE européen
La société Rockwood n’avait pas de comité européen. Les différentes unités fonctionnaient de façon totalement indépendante.
Selon l’accord en vigueur et les seuils d’effectifs, il y aurait l’intégration de 2 représentants pour l’Allemagne, 2 représentants pour la Finlande 1 représentant supplémentaire pour l’Italie et 1 pour la France.
La République tchèque faisant partie de l’Union européenne, une société faisant partie du rachat devrait rejoindre également le CEE.
Renégociation de l'accord du CEE
Les représentants constatent que l’accord en vigueur n’est pas respecté.
Que des dispositions contenues dans cet accord font obstacle à l’information et la consultation réelle du CE européen.
Que la clause permettant à Huntsman de faire perdurer l’accord existant est juridiquement contestable et donc inopérante.
Que l’obligation de remise de documents dans le cadre de l’information est pour le moins inexistante et mérite d’être précisée.
Que le travail du comité ne peut être productif que si et seulement si la direction transmet systématiquement un certain nombre d’informations que nous allons définir sous forme d’indicateurs.
Que l’article 11 dudit accord doit être revu car trop contraignant, il ne permet pas au comité de saisir rapidement la justice en cas de désaccord.
Que l’articulation entre l’information au niveau local et européen doit être revue afin de garantir que les droits des différentes instances soient respectés.