Fret SNCF : entre sauvetage et sabordage...
Mais déjà les informations sur l'écriture du énième plan "de sauvetage" (ou de la "dernière chance") du fret SNCF nous parviennent par bribes.
- Il est vrai que la question est difficile à résoudre après cinq plans, 3,5 milliards de subventions publiques ces cinq dernières années et une perte de 600 millions d'euros en 2009, la crise actuelle ayant contribué à l'aggravation d'une situation structurelle déjà dangereuse.
Filialisation de droit privé
En projet, la division en quatre branches de l'actuel fret SNCF (conteneurs, automobile et chimie, agriculture et carrières, acier). Il a d'ores et déjà été annoncé que la "branche" conteneurs ("combi express") passerait en filiale de droit privé en juin 2010.
Cela entraînera des "aménagements" importants pour les droits sociaux des personnels qui seraient volontaires pour travailler dans cette nouvelle entité. Les nouvelles conditions seraient logiquement en deçà du droit du travail applicable aujourd'hui à la SNCF (règlement RH 077) pour se rapprocher du droit du travail applicable aux entreprises ferroviaires privées (congés, temps de conduite etc).
Sans omettre la réduction de près de 40 % des effectifs de fret SNCF (jusqu'à 6 000 suppressions d'emplois sur 15 000 au total !).
- Les cheminots de fret SNCF qui n'accepteraient pas la réduction de leurs droits seraient reclassés au sein de la SNCF.
C'est aussi le sens de la récente nomination d'un "délégué à l'évolution professionnelle" en la personne de Jean-Pierre Aubert.
Quid de l'avenir du fret ferroviaire ?
Avec la récente cession de Veolia Cargo à la SNCF et à Eurotunnel, d'aucuns auront compris que le transport ferroviaire ne répond pas forcément aux désirs des actionnaires (fussent-ils aujourd'hui publics !).
Le Président de la République a déclaré jeudi "nous allons investir massivement dans le fret ferroviaire". Pour favoriser le report modal route/fer proclamé lors des travaux du Grenelle de l'Environnement, c'est indispensable.
Les moyens financiers pourraient en partie être obtenus par le grand emprunt, le reste échéant à la SNCF, Réseau Ferré de France (propriétaire de l'infrastructure ferroviaire) et l'État (dans une mesure peut-être réduite, vu la situation budgétaire de ce dernier).
Ce climat pourrait fragiliser la négociation en cours de la convention collective nationale des travailleurs du rail (entreprises privées), celle-ci ne devant pas être un élément favorisant le dumping social au détriment des conditions actuelles de l'opérateur public historique (SNCF).
À défaut, un fort risque de tempête sociale pèse sur le groupe SNCF et potentiellement sur les autres entreprises de transport ferroviaire.