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État d'urgence sociale : les mal-logés se rendent à la direction de la cohésion sociale
70 mal-logés, sans-logis, sont venus ensemble, mercredi 2 décembre, à la direction de la cohésion sociale, dépendant du Ministère de la Ville (quelques images ici).
Le chiffre est passé inaperçu, sans doute parce qu'aucun responsable politique d'ampleur n'a jugé utile de le commenter. Mais 570 décès dans la rue ont été recensés en 2014, dont 5 enfants. Pour les hommes, la moyenne d'âge lors du décès est de 49 ans, soit trente ans de moins que l'espérance de vie moyenne en France.
Les morts de la rue sont pourtant le drame le plus définitif lié au mal-logement mais cela ne suffit pas à entraîner une réponse politique d'urgence. Comme si certaines vies étaient condamnées d'avance.
Comme chaque année depuis 2012, les 150 000 logements sociaux promis n'ont pas été livrés. Il y en a eu à peu près 93 000 , en incluant les places d'hébergement et les catégories de logement aux loyers les plus chers des HLM. Les PLS représentent le tiers de la production à Paris, par exemple, et sont inaccessibles à 80 % des demandeurs.
« Mixité sociale », « politique de la ville », « cohésion sociale », « unité nationale », des mots répétés par notre gouvernement, par nos élus, par tous les acteurs institutionnels. Mais le mal-logement au sens très strict touche presque 3 millions de gens en France, sans compter ce qui n'est pas recensé ou pas inclus dans les statistiques.
Trois millions de gens exclus de tout car le mal-logement touche toute la vie : la vie privée, la vie professionnelle, la vie scolaire et la vie sociale. Le mal-logement tue, crée des problèmes de santé, physique et mentale. Un mal-logé, adulte ou enfant, se définit encore et toujours d'abord par ce problème qui ne cesse d'en créer d'autres, envahit tout le quotidien et bloque toute perspective d'avenir.
Les conditions de logement en France se sont globalement améliorées en permanence depuis le XIXème siècle . Depuis la fin des années 1970, cette amélioration globale s'est arrêtée (source : données recensées par le Centre d'observation de la société). Pour la première fois, les jeunes générations ont des chances d'avoir de moins bonnes conditions de logement que leurs parents. Le nombre d'expulsions ne cesse d'augmenter, celui des sans-domicile-fixe aussi. La part du budget logement atteint une moyenne de 25 % du budget total des foyers.
Massif, le mal-logement est de plus en plus souvent invisible. La sur-occupation des appartements et leur insalubrité peuvent se dissimuler derrière de belles façades d'immeuble, le loyer qui accapare tout le budget et empêche l'accès au nécessaire n'est pas écrit sur le front du locataire accablé. Les hôtels où l'on est coincé pendant des années peuvent être de banals Formule 1 que l'on croit occupés par des VRP et des touristes.
L'urgence sociale doit aussi être traitée. Plus que jamais, la lutte collective et solidaire des mal-logés est nécessaire et vitale.
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