Organisations
Douane : Chorus et Sirhius, instruments modernes d'une gestion déshumanisée du personnel !
Le 12 novembre 2009, la direction générale a présenté aux syndicats des douanes la future organisation des services du personnel et de la comptabilité qui repose sur deux applications informatiques : Chorus et Sirhius. Ce groupe de travail faisait suite à une réunion ministérielle dont vous pouvez lire le compte rendu fédéral sur le site FO Finances. La nécessité de mettre en place ces applications est essentiellement due à la mise en oeuvre de la LOLF (loi organique relative aux lois de finances). Encore elle !
Le projet « Chorus »
Ce dispositif découle de la mise en place de la LOLF. En effet, Chorus intégrera des fonctionnalités permettant de mieux appréhender les nouvelles modalités de gestion édictées par la LOLF (gestion par programmes). Les administrations ne disposaient pas d'un outil adapté. Le progiciel « Chorus » doit donc répondre, dès 2011, aux exigences de la LOLF, mais aussi au développement de la RGPP (tiens, la revoilà !) qui prévoit l'optimisation des fonctions supports et leur mutualisation.
- Pour FO, à travers ces propos, la DG sous-entend déjà des suppressions d'emplois dans les services. Il existe des mots « magiques » qui ne dupent plus personne, et surtout pas le personnel des douanes. Lorsque l'on nous parle de mutualisation de moyens, de réorganisation de services, il faut comprendre : suppressions d'emplois.
La direction générale des douanes a obtenu, le 8 septembre 2009, l'accord du ministère pour la création de 2 CSP (Centres de Services Partagés) financiers bien distincts des autres administrations.
Les CSP seront adossés à des services facturiers dans les locaux du comptable, d'où le choix de créer un centre à Paris. Le deuxième centre devrait être crée à Lyon.
Les effectifs prévus sont de l'ordre de 100 emplois : 40 pour celui de Paris et 60 pour celui de Lyon. Mais à brève échéance celui de Lyon ne compterait plus que 40 emplois douaniers car 20 emplois seraient rétrocédés à la DGFIP.
Le projet « Sirhius »
Le 12 décembre 2007, le conseil de modernisation des politiques publiques a entériné la création d'un opérateur national de paye, avec une restructuration de la chaîne RH-paye de toutes les directions.
Depuis 2007, l'Opérateur National de Paye (ONP) est un service à compétence nationale rattaché conjointement à la DGFIP (Direction Générale des Finances Publiques) et à la DGAFP (Direction Générale de l'Administration et de la Fonction Publique).
Il s'agit de regrouper sous une seule application informatique la paye de près de 2,5 millions d'agents. On peut aisément comprendre que le chantier est vaste et ne se fera pas en un jour. Pour la douane, cela devrait être prêt vers 2014.
Parallèlement, les ministères financiers travaillent à l'élaboration d'un système d'information de gestion des ressources humaines dénommé Sirhius. Ce projet se veut dans la continuité de l'application Sigrid en douane avec, là encore, des fonctionnalités supplémentaires.
- Ainsi, une nouvelle organisation est envisagée afin de collecter les informations nécessaires à l'établissement de la paye des agents, les transmettre à l'ONP, mais aussi permettre la correction au plus vite des éventuelles erreurs ou modifications, par exemple, dans le cadre de changement de position d'un agent.
La mise en place du Centre de Service RH (CSRH) devrait entre autre :
- favoriser la mutualisation des actes de gestion et le regroupement d'expertise ;
- renforcer la transparence vis-à-vis des agents et de leur encadrement ;
- intégrer progressivement les fonctions de gestion administrative et de paye ;
- faciliter l'accès à la RH des agents et des managers, notamment grâce à des outils adaptés.
Le CSRH de la Douane sera installé à Rouen. Il est vrai que cette direction connaît la suppression du CISD (Centre Inter-régional de Saisie des Données) et la « probable » fermeture de l'École Nationale des Douanes de Rouen. La DG estime que le nombre d'agents à reclasser dans cette seule direction sera d'environ 55. C'est ce critère qui a fondé la décision de localisation en ce service par la DG. Ce service sera composé de 80 agents au minimum. Quid de la répartition des emplois par catégorie ?
Où va passer la proximité ?
De cette réunion, il ressort que si une méthodologie et deux logiciels sont censés améliorer l'existant, la réalité risque fort d'être tout autre.
On ne dirige plus, on manage ; on ne commande plus, on pilote. On introduit les termes de « fonction contact, équipes de gestionnaires » mais on garde la mutualisation et la polyvalence. On change de terminologie, mais le fond reste le même. Il faut faire plus, il faut faire mieux, mais avec toujours moins de moyens, et surtout avec moins de personnel.
Cette logique ne s'infléchit pas. Bien au contraire, elle s'accentue. Malgré les signaux d'alarme tirés par tous les partenaires sociaux, à tous les niveaux, la machine infernale continue son travail. Elle oublie qu'on ne peut faire de réforme sans les femmes et les hommes qui la vivent à la base. Faire fi de la grogne qui ne cesse de s'amplifier face à une telle déshumanisation relève d'une absurdité totale.
On nous parle de gestion de proximité, mais où sera la proximité lorsque l'on téléphonera au CSRH et que l'on entendra à l'autre bout du fil :
- si vous désirez un renseignement sur votre paye, tapez 1 ;
- si vous désirez un renseignement sur votre déroulement de carrière, tapez 2 ;
- si vous désirez un renseignement sur votre situation administrative, tapez 3 ;
- si vous désirez un renseignement sur ... votre avenir, tapez ?
C'est cela la modernité...