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Dialogue social : juxtaposition bizarre de deux mots dont on nous parle à longueur de journaux télévisés
Le dialogue social, ce sera le thème de deux événements sur le Salon CE de Paris, les 4 et 5 février prochains au CNIT.
Pourquoi ne pas saisir l’opportunité d’aller y dire ce que nous pensons ? (toutes les infos)
Si on y réfléchit bien, le dialogue social n’existe pas.
Comment deux interlocuteurs aux points de vue divergents peuvent-ils entretenir un dialogue sur des avancées sociales ?
Deux philosophies s’affrontent
Celle qui voudrait un contact entre deux partenaires en vue de réformer à la hausse et à la baisse les avancées sociales dans le monde du travail, sous prétexte que nous ne sommes plus au XIXème siècle et que le travail a changé.
Le travail ? Quel travail ? Ce n’est pas le travail qui manque mais les emplois suffisamment rémunérés pour que les salariés puissent assumer les charges de la vie courante. C’est là que le bât blesse.
La deuxième philosophie est tenante du rapport de force et de la lutte.
Les mots changeant de sens, les médias participant au formatage des esprits, on a mis beaucoup de poussière sur le concept de lutte des classes.
En ce XXIème siècle du capitalisme tout puissant, la lutte des classes est-elle une idée aussi dépassée que ça ? Je ne le crois pas.
Ce sont les classes qui ont changé.
Les classes des bourgeois et des prolétaires ne se trouvent plus que sur des photos sépia.
Les classes aujourd’hui sont les suivantes : le capital et le travail
Jean Auroux disait qu’en 1981, les entreprises étaient dirigées par des capitaines d’industrie, des patrons. Aujourd’hui, ce sont des banquiers.
Quelle est la différence ?
Les uns faisaient tourner leurs boîtes pour qu’elles prospèrent, gagnent des parts de marché et qu’elles se développent, les autres ne font que remonter des dividendes de plus en plus importants chaque année, ce n’est plus l’activité qui compte, c’est le rapport.
Comment, dans ces conditions, avoir autour de la même table des partenaires qui travaillent ensemble pour le collectif ?
Salariés et chefs d’entreprises ne servent plus les mêmes intérêts. Les travailleurs servent le client, le produit, le chiffre d’affaires, le patron est lui-même le salarié d’un conseil d’administration qui ne lui donne comme seul objectif de faire plus pour faire plus au seul bénéfice des actionnaires. Rien n’a changé depuis La Fontaine : la fourmi n’est pas prêteuse.
Dans ce contexte de délocalisation pour améliorer les ratios, on détruit des emplois au mépris du social.
Il n’y a plus de respect de dignité ; comment espérer, dans un tel climat de violence, que le dialogue s’instaure ?
L’exemple récent de GoodYear à Amiens nous montre que chacun avec ses moyens répond à la violence par la violence.
Violence de la gestion financière de l’entreprise à laquelle les salariés répondent par une occupation du site, puis à la séquestration de la direction.
Quand on n'est plus à égalité de dignité, comment voulez-vous que les gens se parlent ?
En conclusion, je pense que le « dialogue social » n’est rien d’autre qu’un vocable destiné à calmer la colère.
Il est à inventer, tout est à faire.
Un article récent de Libération prône un choc de syndicalisation.
Comment penser que des vocations naissent chez les salariés lorsque la seule image du syndicalisme donnée par la presse est celle d’organisations préhistoriques, dont le seul but est de descendre dans la rue ou de mettre les trains en retard ?
Voici pour exemple des initiatives dont on devrait faire écho dans les média.
- Pour sauver un site de construction automobile, un syndicat a proposé de le transformer en site de déconstruction d’automobiles. Des experts sont venus et ont fait une proposition qui permettait de sauver les emplois du site, d’être rentable et écologique puisqu’en la déconstruisant, une voiture est à 90 % recyclable et à 10 % valorisable (fluides compris). La direction a approuvé le projet mais en République Tchèque pour qu’il soit plus rentable.
Et le respect dans tout ça ?
Comment créer un choc de syndicalisation dans le pays champion du monde de licenciement de représentants du personnel et de militants syndicaux ?
Ce n’est pas ainsi qu’on relancera la syndicalisation ou qu’on y enverra un peu de sang neuf.
La France a les syndicats qu’elle mérite, des syndicats dans la lutte des classes, dans la rue, parce ce pays à une belle langue mais elle ne joint pas le mot à l’idée.