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Débat dépendance OCIRP : l'essor de la Silver Économie passe par des partenariats « public-privé »
Pour la sixième édition de son débat « dépendance autonomie » qui s'est tenue le 4 mars, l'OCIRP a largement mis l'accent sur l'essor de la Silver Économie, soit les produits et services commercialisés pour les personnes âgées. « Dès que l'on parle du sujet en termes économiques, les oreilles se dressent. Avec la Silver Économie, c'en est fini de considérer le vieillissement comme un coût. C'est, selon les prévisions, un apport de 0,25 % de croissance par an pour le pays » a affirmé la ministre déléguée chargée des personnes âgées et de l'autonomie, Michèle Delaunay, qui inaugurait la matinée. Une perception confortée par les résultats du « baromètre dépendance OCIRP-France Info-Le Monde 2013 » présentés à cette occasion : si 81,3 % des Français jugent la perte d'autonomie importante mais non prioritaire, ils sont 82,8 % à estimer que la Silver Économie est importante pour l'économie française.
« Un marché, une population, une volonté de rester chez soi », c'est ainsi que le président de l'OCIRP, Bernard Devy, a résumé les atouts de ce secteur que tous, parmi la vingtaine d'intervenants, voient comme extrêmement prometteur. Les données sont là : on table sur 200 000 à 300 000 emplois nets créés dans les six ans ; un tissu de TPE-PME (200 entreprises pilotes en Midi-Pyrénées notamment) a émergé aux côtés de grands groupes privés très impliqués comme Orange, Essilor et Legrand. Certaines PME comme Bluelinea qui a conçu des « bracelets autonomie » pour que les personnes avec Alzheimer puissent vivre à domicile sont déjà des réussites : « Nous sommes passés de 6 emplois en 2011 à 75 en 2014, avec 10 000 personnes déjà équipées », s'est réjoui son directeur général, Laurent Levasseur, qui qualifie son invention d'« Ehpad à domicile ».
Frein culturel
Cependant, ce tableau masque des freins qui restent à surmonter. Au premier rang desquels, le frein culturel, c'est-à-dire la peur du vieillissement. Au point même que la ministre a confié vouloir rebaptiser « loi de transition démographique » sa future loi « sur l'adaptation de la société au vieillissement » car, elle le sent bien, l'énoncé actuel ne transpire pas « la joie de vivre » alors que, c'est un impératif. « il faut donner envie ». Une crainte éclairée par un sondage de l'institut Viavoice qui révèle que les nouvelles technologies pour les seniors sont encore considérées avec réserve car elles sont vues comme une parade face aux carences des proches (76 % misent sur la famille). Mais les freins ne sont pas seulement dans les esprits et sont aussi très concrets. L'économiste Jean-Hervé Lorenzi s'est dit « ébloui par les nouvelles technologies de la Silver Économie et, en même temps, perplexe ». Car, a-t-il noté, « ces emplois de demain, il faut les former dès maintenant avec l'aide des pouvoirs publics ». Par ailleurs, « il faut une structuration de la filière pour l'aider à démarrer. Il n'y a pas assez de moyens financiers » a-t-il ajouté. Un aspect sur lequel Nadia Frontigny, vice-présidente Care-management-Orange Healthcare a beaucoup insisté, déplorant que « les opérateurs privés ont du mal à s'implanter ».
Dans ce contexte, avec également le souci de rendre la demande solvable, beaucoup d'intervenants ont fait la promotion des partenariats « public-privé » qui peuvent être une réponse à ces freins. Les groupes de protection sociale (GPS) représentés par l'OCIRP (Humanis, Malakoff-Médéric, Klesia, Audiens, Mutex, Réunica et AG2R La Mondiale) présents lors de ce débat ont d'ailleurs expliqué comment ils interviennent déjà en participant au financement de la recherche publique ou aux premiers pas d'entreprises privées de cette nouvelle filière. L'OCIRP et nombre de GPS ont répondu présents pour participer au « fonds sectoriel d'investissement de la Silver Économie », lancé le 25 février par les ministres Michèle Delaunay et Arnaud Montebourg. Les Français semblent être acquis à cette approche mixte puisqu'il ressort du baromètre que 70,3 % des salariés estiment que l'entreprise doit apporter un complément au financement public par une garantie dépendance collective.
- Protection sociale parrainé par MNH
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