Intelligence artificielle, dialogue social, éthique : Quelle banque voulons-nous en 2030 ?
Le 14 mai dernier à Bruxelles s’est tenue la conférence de clôture du projet « La banque en 2030 : comment les tendances mondiales actuelles et surtout l’intelligence artificielle (IA) façonneront-elles l’avenir de l’industrie bancaire européenne et de ses employés ? »...
Éclairages....
Cette conférence était l’aboutissement de deux années de travaux, financés par la Commission européenne, auxquels FO Banques a fortement oeuvré. L’étude, menée par Arix Business Intelligence GmbH, a inclus des recherches documentaires et des entretiens sectoriels à travers toute l’Union Européenne ainsi que trois ateliers européens organisés à Paris, Stockholm et Zagreb, avec la participation de partenaires sociaux locaux.
Nos revendications
Les points essentiels :
- Transformations numériques : l’IA et la numérisation transforment radicalement le secteur bancaire. Ces changements exigent une anticipation et une gestion proactive, en mettant l’accent sur l’adoption de nouvelles technologies tout en maintenant un équilibre avec les valeurs humaines.
- Importance du dialogue social : le dialogue social est l’outil essentiel pour accompagner la transformation. Il permet d’anticiper les changements, de gérer les transitions de manière équitable et de renforcer la coopération entre les employeurs et les travailleurs.
- Encadrement éthique : il est nécessaire de maintenir un contrôle humain sur les technologies d’IA pour garantir leur utilisation éthique et transparente. Cela inclut la gestion des données et la protection de la dignité et de l’intégrité des travailleurs.
Déclaration commune sur l’IA
Cette conférence a été l’occasion, pour les partenaires sociaux européens, de signer une déclaration1 commune sur l’intelligence artificielle. Inspirée par les travaux conjoints du projet, cette nouvelle déclaration commune entre les syndicats et le secteur bancaire de l’UE place les travailleurs à la table des négociations à chaque étape du processus de prise de décision et de mise en oeuvre de l’intelligence artificielle.
Cette déclaration est la première du genre dans le secteur de l’UE. Elle revendique que les employeurs et les syndicats doivent veiller à ce que :
- ils tirent parti de l’IA par le biais du dialogue social, y compris la négociation collective, concernant l’utilisation, la mise en oeuvre et la surveillance continue de l’IA ;
- les applications qui utilisent des systèmes d’IA soient transparentes, équitables et impartiales, et les employés doivent s’assurer qu’elles sont utilisées en conséquence ;
- aucun travailleur ne soit laissé-pourcompte, les employeurs doivent fournir la formation nécessaire pour s’adapter aux nouvelles technologies. La déclaration appelle l’UE et les gouvernements nationaux à fournir une formation financée ;
- la surveillance des employés par l’IA soit limitée, transparente et proportionnée ;
- en ce qui concerne l’IA et tous les autres aspects de la transformation numérique, l’humain soit maintenu au centre de l’organisation du travail dans le plein respect du principe de l’humain aux commandes.
Pour notre organisation syndicale , cette conférence et la déclaration commune marquent une étape cruciale dans l’intégration éthique et collaborative de l’intelligence artificielle dan le secteur bancaire européen. En insistant sur le dialogue social, la transparence et la formation continue, nous posons les bases d’un futur où l’innovation technologique est harmonisée avec les valeurs humaines. FO Banques continuera à s’engager activement pour que ces principes soient respectés et appliqués, assurant ainsi un environnement de travail équitable et inclusif pour tous les employés du secteur bancaire.
Les principaux points saillants de la déclaration conjointe
- Définition de l’intelligence artificielle : fournir une compréhension globale, conformément à la définition de l’UE dans la législation sur l’IA, de l’IA et de ses principales caractéristiques, en soulignant l’importance de la transparence et de la surveillance humaine dans son déploiement.
- Dialogue social : le dialogue social à tous les niveaux, y compris la négociation collective, représente un outil efficace et positif pour faire face à l’impact des nouvelles technologies et de la numérisation sur le lieu de travail. Les partenaires sociaux européens s’engagent à poursuivre le suivi et l’analyse des effets qui en découlent, y compris en ce qui concerne l’évolution diversifiée des modèles d’organisation du travail.
- Situation actuelle et utilisation responsable : reconnaître la prévalence croissante de l’IA dans le secteur bancaire et plaider pour une approche responsable, transparente et impartiale de son déploiement, en particulier dans les fonctions liées aux ressources humaines.
- Santé et sécurité : en ce qui concerne l’utilisation des systèmes d’IA, les partenaires sociaux européens recommandent de réaliser régulièrement des évaluations conjointes des risques en matière de sécurité et de santé au travail (SST) qui incluent les effets de la gestion algorithmique.
- Formation et développement des compétences numériques : souligner la nécessité d’une amélioration et d’une reconversion continues pour s’adapter à l’évolution du paysage numérique et combler le fossé numérique afin de disposer d’une main-d’oeuvre prête pour l’avenir. Les partenaires sociaux européens encouragent vivement la Commission européenne et les gouvernements nationaux à financer de telles formations.
- Droits numériques : les partenaires sociaux européens considèrent que l’utilisation croissante de l’IA rend nécessaire le maintien d’une série de droits numériques individuels et collectifs conformément au droit applicable et aux conventions collectives.
- Suivi et évaluation : s’engager à assurer un suivi et une évaluation continus de la mise en oeuvre de la déclaration conjointe au niveau national, sectoriel et de l’entreprise, en mettant l’accent sur le dialogue social, la négociation collective et le partage des meilleures pratiques.
(1). Signée entre UNI Europa (le syndicat européen des travailleurs des services) et les employeurs (les employeurs des banques européennes EBF, EACB, ESBG).