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07 / 02 / 2022 | 191 vues
Etienne Dhuit / Membre
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La dernière raffinerie de zinc française sacrifiée sur l’autel des prix de l’électricité ?

Cette affaire pourrait relancer le débat sur la privatisation du secteur de l’énergie et sur la libéralisation du marché électrique imposé par Bruxelles.


Nyrstar à Auby (Nord) est la dernière raffinerie de sinc sur le territoire national est menacés. Le site industriel est pourtant essentiel à la souveraineté nationale, notamment en production le zinc et l’indium, indispensables à la production des saints panneaux photovoltaïques destinés à la transition énergétique et au recul de la part du nucléaire français. 


La production est suspendue à l’usine et les salariés sont à l’arrêt depuis le 24 janvier 2022. Le groupe Nyrstar invoque l’explosion des prix de l’électricité, qui affectent l’équilibre budgétaire d’une usine particulièrement gourmande en énergie. Mais l’explication ne convainc guère les salariés : dans L’Humanité, certains d’entre eux témoignent et craignent qu’il ne s’agisse là d’un prétexte pour préparer les partenaires sociaux, les salariés et les politiques à une fermeture du site industriel en douceur. Car si la moitié de la quantité d’électricité nécessaire au fonctionnement de l’usine est effectivement achetée sur le marché de gros, particulièrement onéreux ces derniers mois, l’autre moitié de l'électricité achetée bénéficie de dispositifs très avantageux. D’abord, le groupe Nystar appartient au consortium d’industriel Exeltium qui a négocié un contrat très avantageux de fournisseur d’énergie à prix cassés avec EDF en 2007. Pour couronner le tout, Nystar bénéficie du mécanisme de l’ARENH, ce dispositif mis en place sous Nicolas Sarkozy à la demande de l’Union européenne oblige EDF à vendre le tiers de sa production nucléaire à des intermédiaires au prix coûtant. L’entreprise publique est ainsi obligée de vendre à 42 euros ce qui en vaut 300 sur le marché. Ce qui, au passage, représente une perte colossale pour EDF, qui paie désormais aussi le prix de la politique antinucléaire des gouvernements successifs, qui a fait exploser ses prix. 


Quoi qu’il en soit, il demeure préoccupant de voir ainsi un fleuron national comme l'usine d'Auby mourir en silence, dans l’indifférence générale. Car le sujet mêle casse sociale, souveraineté industrielle et politique énergétique : de quoi nourrir une réflexion pour le campagne présidentielle de 2022 décidément particulièrement pauvre en débat de fond.

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