Quand période de confinement rime avec distanciation... Ce dernier terme est particulièrement approprié pour qualifier la situation actuelle, avec sa double résonance : il est à la fois porteur de « bienveillance » quand il se rapporte aux gestes barrières préconisés pour se protéger contre le virus et « d’inquiétude » lorsqu'il évoque l’une des conséquences que le confinement peut avoir sur nous : nous éloigner les uns des autres.
 

En pareilles circonstances, les missions et la raison d’être des structures engagées dans la lutte contre l'exclusion trouvent tout leur écho. Contraints d’interrompre ses actions sur le terrain, le club FACE Seine-Saint-Denis et ses partenaires ont décidé de tout mettre en œuvre pour préserver ce lien si précieux. Le portail numérique établi pour la circonstance offre aux gens que nous accompagnons, jeunes et moins jeunes, une palette d’outils destinée à les aider dans leur projet et leur orientation professionnels ou à les soutenir pendant l’épreuve du confinement. Une cellule d’écoute et d’accompagnement a été conçue. Ce projet rassemble plusieurs collaborateurs d’entreprises qui apportent leur expertise dans les domaines les plus variés (mentoring…).
 

Dans ces conditions, il n’y a rien de plus normal que de vouloir préserver voire d'amplifier le « lien » : maintenir le lien avec ses proches est un réflexe naturel affirmant le caractère social de la famille, garder le lien avec ses collègues, notamment à l’aide du télétravail et garder le lien avec tous les autres. Crise du coronavirus : le lien à tout prix.

Les autres sont tous ces gens anonymes à nos côtés, dont certains sont plus fragiles que d’autres du fait de la précarité et de l'exclusion dont ils peuvent souffrir.
 

En cette période difficile, nous mesurons combien nos destins sont liés et combien l’engagement solidaire de chacun est primordial pour instaurer un lien nécessaire et rassembleur.
 

Cette période singulière a au moins le mérite de lever des paradoxes et de permettre à chacun de mieux se connaître pour qui sait atteindre la sagesse que Socrate proclamait dans l'injonction morale « connais-toi toi-même ».
 

Pour preuve :

• les mesures de confinement nous obligent à repenser notre mode de vie, nos habitudes collectives et plus largement le lien ; pourtant souvent pointé du doigt pour briser le lien et le liant entre les gens, le numérique devient, comme par enchantement, un formidable outil de rapprochement ;
• souvent accusée de créer tous les maux, d’être individualiste et indifférente aux autres, notre société apporte pourtant aujourd’hui la preuve qu’elle est capable de se rassembler dans la lutte contre les exclusions et les injustices sociales, en un formidable élan de solidarité.
   

Nous remarquerons que tous ces paradoxes qui se dénouent en fin de compte, plutôt bien, ont un dénominateur commun : le lien. C’est dire les vertus bienfaisantes du lien, surtout dans les périodes difficiles. Je fais ici allusion au lien qui contribue à aplanir les différences (privilégiés et exclus) en favorisant la médiation, le compromis et les solutions nuancées. Il est tout le contraire du nœud gordien qui nécessite de couper la corde pour régler un problème plutôt que de la dénouer.
 

Gageons que cette prise de conscience collective, élaborée autour d’un altruisme inédit, soit pérenne à l’issue de la crise. Que le lien qui en découle soit à jamais sacralisé.