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13 / 11 / 2018 | 6 vues
Philippe Géry / Membre
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ArianeGroup veut supprimer 2 300 emplois : un plan d’actions incohérent

ArianeGroup fait état d’une situation commerciale en repli sur quasiment tous ses marchés civils. Ce n’est hélas pas nouveau, la CFE-CGC le dit depuis des mois et y voit plusieurs origines.
  • Les Américains ont décidé, n’ayons pas peur des mots, de faire la peau aux Européens.
  • Grisés par le succès d’Ariane 5 et désorientés par la montée d’enjeux nationaux au détriment du destin européen, les acteurs de la filière spatiale européenne ont décidé tardivement de faire Ariane 6 et de regrouper l’industrie autour d’ArianeGroup.
  • La filière spatiale (agences, industriels et politiques) est plus divisée que jamais et est desservie par un processus décisionnel européen digne de l’Union soviétique.
  • L’efficacité opérationnelle d’ArianeGroup est loin d’être satisfaisante : notre complexité organisationnelle et nos façons de faire sont un frein.

Une analyse purement comptable

La réponse de l’entreprise tient en deux points :

  • améliorer notre efficacité (c’est vital),
  • et réduire les effectifs internes et sous-traitance de 2 300 à l’horizon de 5 ans.

Nous sommes sidérés de voir que, face une cadence Ariane5/Ariane6 en retrait de 20 % par rapport à celle initialement prévue, la direction apporte une réponse de gestion sans aucune analyse en lien avec les besoins en compétences humaines des secteurs de la société.

Quelles sont les compétences dont nous aurons besoin ? Dans quels secteurs ? Cela nécessitera sûrement des formations et des montées en compétence. Comment la direction va-t-elle s’y employer ? Qui est affecté par la diminution de cadence ? Que fait-on sur les autres activités ?

En lien avec les autres organisations syndicales, la CFE-CGC va s'attacher à expertiser ce dossier avec méthode et nous devrons obtenir des réponses crédibles.

  • Le spatial ne se réduit pas à des cadences mais comprend aussi des programmes d’avenir ; quelle sont la situation et la stratégie dans ce domaine ?
  • D’où vient ce 2 300 ? Comment est-il réparti par métier, catégorie socio-professionnelle, secteur et établissement ? Sur quelle analyse économique repose-t-il ? Sur quelles hypothèses commerciales ?
  • Quelles sont les prévisions économiques et financières des prochaines années, selon plusieurs scénarios d’activités et d’effectifs ?
  • Existe-t-il une gestion des compétences à la hauteur des enjeux techniques, économiques et sociaux ?

Un plan d’actions incohérent qui n’en est pas un

La direction espère que près de 1 000 salariés partiront en plus des 1 300 au titre de l’attrition naturelle. Mais il faudrait être naïf pour croire que ces départs seront cohérents avec les besoins en compétences.

Ce scénario appauvrira la capacité technique d'ArianeGroup et l'affaiblira encore plus face à la concurrence :

  • de nombreux salariés parmi ceux près de la retraite feront le choix bien légitime d’attendre ;
  • des salariés disposant de compétences clefs feront le choix bien légitime de partir sans prévenir.

Si ArianeGroup dresse un constat malheureusement crédible de la situation commerciale, son plan d’actions n’est pas à la hauteur des compétences en hautes technologies que la société et ses salariés représentent.


Des actions (expertise, droit d'alerte etc.) doivent être menées et la CFE-CGC va examiner leur pertinence en coordination avec les autres organisations syndicales.

Avec un poids de 35 % sur tous les collèges, la CFE-CGC est la première organisation syndicale de la société et la seule représentative pour chacun de ces établissements.

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