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Paris : Julien Denormandie fait repousser les mal-logés par la police
Quand on est ministre, il ne suffit pas de venir dans les quartiers populaires pour y être populaire ; il faut régler les problèmes des habitants.
Le nombre d'enfants dormant dehors n'a jamais été aussi élevé. Le SAMU social ne répond plus qu'à une petite partie des besoins immédiats en hébergements d'urgence. Les expulsions sans aucune proposition de relogement (avec ou sans DALO) ont très fortement augmenté. Les travailleurs sociaux dénoncent la souffrance au travail générée par leur impuissance totale devant des situations de mal-logement de plus en plus graves. Même les prioritaires DALO restent sur le carreau pendant des années car les bailleurs sociaux refusent les dossiers pour cause de ressources insuffisantes. En supprimant une grande partie des contrats précaires dits « contrats aidés » sans proposer quoi que ce soit à la place, le gouvernement diminue encore les ressources de centaines de milliers de mal-logés que l'on accusera de ne pas réussir à « se réinsérer ». Certains départements franciliens menacent de ne plus payer le RSA au moment même de la baisse des APL.
Certes, le secrétaire d'État au Logement ne ménage pas ses mots et dénonce sans cesse le sort des millions de mal-logés de ce pays, tout en promettant un « choc » de l'offre sans précédent. Mais, dans les faits, le seul choc confirmé pour la future loi sur le logement est celui d'un bail ultra-précaire que les propriétaires pourront imposer à tous les locataires.
C'est ce que les mal-logés ont aujourd'hui fait comprendre à Julien Denormandie, secrétaire d'État à la Cohésion des territoires, venu faire un discours au musée du 104, dans le XIXème arrondissement de Paris, à l'occasion de l'événement « nos quartiers ont du talent ».
Certes, avant de rencontrer le ministre de visu, nous avons dû faire face à la police qui a violemment tenté de nous repousser loin du 104 (vidéo ici). Mais la violence sociale du mal-logement est notre quotidien, nous sommes donc habitués à résister et nous sommes restés.
Julien Denormandie venait dans le XiXème arrondissement pour la seconde fois depuis qu'il a été nommé secrétaire d'État et s'occupe de la question du logement. Pour la seconde fois, nous sommes venus l'accueillir. Après sa première visite en septembre, nous avons été invités au ministère un mois plus tard. Comme d'autres, nous avons été bien reçus et longuement entendus. Comme celle des autres mal-logés, nos urgences ont ensuite été totalement ignorées.
Notre collectif se bat depuis quinze ans contre le mal-logement. Nous n'attribuons donc pas la catastrophe actuelle à ce seul gouvernement. Mais cet hiver, l'urgence absolue d'agir est affirmée par tous.
Le nombre d'enfants dormant dehors n'a jamais été aussi élevé. Le SAMU social ne répond plus qu'à une petite partie des besoins immédiats en hébergements d'urgence. Les expulsions sans aucune proposition de relogement (avec ou sans DALO) ont très fortement augmenté. Les travailleurs sociaux dénoncent la souffrance au travail générée par leur impuissance totale devant des situations de mal-logement de plus en plus graves.
Les dispositifs comme Solibail, ceux de l'« intermédiation locative » que le gouvernement présente comme le moyen concret d'immédiatement débloquer des logements, sont saturés : certains sous-locataires se voient proposer un retour à l'hôtel ou se font même expulser illégalement, faute de relogement disponible à la fin du bail précaire.
Les bailleurs sociaux ont tous annoncé qu'ils allaient renoncer à une partie des projets de construction de nouveaux logements sociaux, ainsi qu'à la rénovation urgente de la partie du parc social la plus dégradée, bien souvent la seule accessible aux bas revenus.
Certes, le secrétaire d'État au Logement ne ménage pas ses mots et dénonce sans cesse le sort des millions de mal-logés de ce pays, tout en promettant un « choc » de l'offre sans précédent. Mais, dans les faits, le seul choc confirmé pour la future loi sur le logement est celui d'un bail ultra-précaire que les propriétaires pourront imposer à tous les locataires.
Les mal-logés en ont assez des grands mots, nous exigeons de grands remèdes : un logement pour tous maintenant !
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