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16 / 10 / 2015 | 33 vues
Henry Chaignot / Membre
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Thales : Probasis reprend de la vigueur et s’assoit plus que jamais sur le dialogue social

Probasis, la politique de réduction des coûts, initiée par Luc Vigneron (ex-PDG de Thales) et qui lui aura causé quelques soucis, non seulement lui survit mais reprend une vigueur et une tournure inquiétantes pour la plus grande partie des salariés du groupe. Au moins, quand elle avait été mise en place, elle avait le mérite d’être franche, claire et directe. Tout le monde savait à quoi s’en tenir.

Certes, la nouvelle direction du groupe n’utilise plus ce vocable, passé de mode mais la méthode reste et empire même : strictement aucun dialogue social sur tous ces sujets. Les décisions sont toujours prises au plus haut niveau, sans la moindre concertation, en faisant fi des conséquences sur les conditions de travail, accentuant encore le niveau de stress général qui atteint des sommets dans bien trop d’unités.

La nouvelle politique voyage : le « low-cost » à tout va, au prix de la santé des salariés

Thales met à disposition de ses salariés depuis plusieurs années un outil permettant d’établir des ordres de mission, de réserver des places d’avion et de train et de gérer des notes de frais. Elle laissait un certain choix d’horaires et de flexibilité fort utile dans de nombreux cas pour faire face à l’instabilité chronique des agendas, liée à la vie des affaires. Depuis peu, cet outil ne propose plus que les vols et places à plus bas coût, imposant des horaires et des temps de trajets de moins en moins compatibles avec une vie privée. Les trajets proposés sont parfois pour le moins originaux : Paris-Brest avec transit à Bordeaux, Paris–Bordeaux avec transit à Lyon etc. De plus, les billets sont souvent non échangeables et non remboursables, imposant des marges horaires plus larges tout en augmentant sensiblement le risque de manquer les retours. Cette politique ne respecte même pas la convention collective de la métallurgie !

Thales se fait de la trésorerie sur le dos de ses salariés voyageurs

Thales a pour principe de ne pas avancer des frais de déplacement. Pour se justifier, elle met à disposition une carte Amex à débit différé du compte personnel du salarié ! Mais cette carte est loin d’être acceptée partout, notamment dans les moyens de transport et les hôtels agréés, présentant des tarifs compatibles avec les plafonds de remboursement. Il arrive aussi fréquemment que les délais de remboursement s’allongent bien au-delà. En cas d’avion ou de train manqué, il faut reprendre des billets au prix fort. Dans tous ces cas, c’est le compte bancaire du salarié qui trinque. Du joli pour une entreprise comme Thales...

Les « open-spaces » généralisés, toujours principalement axés sur la réduction de surface, au mépris de l’accord sur la qualité de vie au travail

Les décisions en matière immobilière relèvent d’une même logique. Depuis quelques années, tous les nouveaux sites sont réalisés systématiquement en « open-spaces », avec des surfaces notablement inférieures aux besoins initiaux (site Cristal de Gennevilliers, nouveau siège Carpe Diem à la Défense, site Hélios à Vélizy, nouveau campus de Bordeaux…). Si un « espace partagé » de taille raisonnable et aménagé correctement peut apporter une facilité de travail en équipe dans certains cas, dans tous les autres, cela nuit gravement à la qualité du travail, à la concentration, à la confidentialité, bref, à l’efficacité. Conjuguée à des objectifs intenables, c’est la santé qui s’en trouve altérée.

  • Un principe déployé au-delà des limites du ridicule

Consciente des problèmes de confidentialité, la direction met à disposition des « boxes », c’est-à-dire des cagibis de quelques mètres carrés, aveugles, avec un poste téléphonique, censés permettre des entretiens confidentiels. Mais alors vous n’avez plus votre agenda ni votre ordinateur restés sur votre bureau ! Imaginez la vie d’un commercial dans ces conditions… Beaucoup de temps perdu qui n’est, bien sûr, pas comptabilisé.

Les smartphones ou la pingrerie : une bien piètre image de la haute technologie Thales

Généreusement, Thales met à disposition d’une part significative de ses salariés des téléphones portables. Les usages font qu’il n’est pratiquement plus possible de travailler correctement sans messagerie, ni agenda électronique partagés. D’ailleurs, Thales dispose d’un logiciel pour smartphone (Teopad) qu’elle commercialise par ailleurs et qui permet une sécurisation efficace des données ainsi échangées. Mais les smartphones (pourtant plutôt bas de gamme) qui pourraient simplifier la vie de tous, ne sont distribués qu’avec parcimonie et accord formel des comités de direction. Un comble. Les salariés au contact de leurs clients ont honte d’utiliser leur téléphone portable basique tels qu’ils existaient il y a 15 ans…

Le système d’information

Tout sur la réduction des coûts, la sécurité et son cortège de contraintes, rien sur le confort ou même l’utilisabilité minimale. Sur ce sujet, voir notre article sur Miroir Social.

Pour la CFTC, une politique de réduction des coûts efficace ne peut se faire sans un dialogue social approfondi. Les gains espérés par l’ensemble de ces mesures aux idées simplistes et égoïstes sont annihilés par le temps perdu en raison de l’accroissement inutile de la complexité et surtout par les conséquences sur la santé des salariés. En effet, ces pratiques ne manquent pas de se traduire par des arrêts de travail de longue durée et des départs qui coûtent une fortune à l’entreprise, aux salariés et à la société. Mais lorsque l’on cherche à comptabiliser le temps perdu et les dégâts, nous n’observons que des fins de non-recevoir. Cette attitude provocante, encourageant le syndicalisme d’opposition, est exactement à l’opposé d’un dialogue social constructif, première valeur de la CFTC.

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