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Projet de système de partage de congés pour pratiques solidaires au CE d'Ineris
Un collègue part en mission humanitaire, un autre exerce un bénévolat local socialement utile, un autre doit trouver du temps pour accompagner un proche dans une longue maladie.
Dans ces trois cas, bien souvent plusieurs collègues aimeraient les aider en donnant un peu de leur temps pour contribuer collectivement à une action en laquelle ils se reconnaissent.
Or, cette mise en relation ne se passe pas naturellement en entreprise, car ce sujet demeure apparenté à la sphère privée : on n’en parlera pas spontanément au sein des murs de l’entreprise.
Le 25 janvier 2012, l’Assemblée nationale a adopté et transmis pour débat au Sénat la proposition de loi visant à permettre le don de jours de repos à un parent d’enfant gravement malade, ce qui répondra donc au besoin le plus vital et dûment constaté médicalement : un enfant qui va mourir a besoin de ses parents 24 heures sur 24.
Pourquoi et comment aller au-delà de la future loi ?
L’implication maintenant générale des salariés, comme de leur entreprise, dans le développement durable, induit la réponse à ces questions, si on considère l’intermédiation possible du comité d’entreprise (CE).
D’une part, un CE a l’habitude par ses missions d’agir à la fois sur le plan des loisirs et sur celui des aides sociales, en accompagnant les salariés dans les aléas positifs et négatifs de leur vie privée.
D’autre part, un CE peut aussi jouer un rôle spécifique dans le développement durable, en s’intéressant par exemple à décliner dans son entreprise des actions impliquant l’économie sociale et solidaire.
- Le projet « pratiques solidaires » du CE Ineris vise ainsi à relier de telles demandes, qui ne sont pas forcément visibles, à ces offres de solidarité qu’on ne sait pas non plus suffisamment exprimer et concrétiser dans la sphère de son entreprise. Il s’agit d’établir un système de partage de congés : si nous voulons soulager une partie des contraintes pesant sur un collègue, donnons-lui un peu de nos jours de congés pour l’aider.
Le projet a démarré en 2009. La rencontre avec la coopérative Solid’Action), lors de l’agora des CE de Lille en mai 2011, a donné lieu à une nouvelle dynamique qui s’est traduite par une enquête à l’Ineris, en décembre 2011.
Les 126 répondants sur 520 salariés ont déclaré une intention de 156 jours de don potentiel de congés répartis entre :
- bénévolat associatif (21%),
- aide aux salariés avec enfant ou conjoint lourdement malade (35%)
- et congés de solidarité (44%).
Cette enquête a en outre permis de détecter 4 salariés qui étaient partis en mission humanitaire et l’un d’entre eux a apporté la connaissance d’un partenaire possible avec Oxfam, tandis que Solid’Action nous informait sur « l’association des associations » France Bénévolat.
Le dialogue avec Solid’Action nous a également encouragés à envisager de relier la direction de l’Ineris à nos projets, via la possible utilisation du droit individuel à la formation pour :
- d’une part financer la formation nécessaire du personnel intéressé avant tout départ en mission ;
- d’autre part proposer une formation humaine pouvant intéresser une DRH qui se soucierait de préparer ses salariés aux contacts avec des cultures différentes de la nôtre, ou tout simplement pour apporter un épanouissement humain profitable à la performance professionnelle du salarié.
Finalement, courant 2011-2012, une dizaine de salariés a exprimé son intérêt à contribuer et à enrichir le projet initial. Ces forces internes et externes ainsi réunies ont formé le projet d’une journée d’information sur ces nouvelles pratiques solidaires à destination de l’ensemble des salariés, et son principe a été accepté fin mars 2012 par le CE et la direction, après sa présentation en réunion officielle de CE.
- Chaque axe de solidarité (de l’international au murs de l’entreprise, en passant par le territorial) envisage la mise en œuvre de moyens variables selon le niveau d’engagement de la direction, des instances représentatives du personnel (IRP) et des salariés.
La journée d’information planifiée au printemps 2012 permettra de mettre en contact les salariés Ineris avec les 3 structures professionnelles de la solidarité que sont Solidaction, Oxfam et France Bénévolat. Si l’intérêt des salariés est confirmé lors de cette réunion, un accord d’entreprise centré sur les intérêts communs et qui décrirait les moyens destinés à soutenir les pratiques solidaires pourrait alors se dessiner entre direction, syndicats (CGT, CFDT, CFE-CGC) et salariés.
Les propositions sont mises en regard des objectifs définis dans le plan d’administration exemplaire que l’Ineris doit à son ministère de tutelle, le MEDDTL.