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10 / 01 / 2011 | 11 vues
Sylvain Thibon / Membre
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Enquête Sofres : Les salariés souhaitent le retour du collectif...

Une enquête réalisée en octobre 2009 par l'institut TNS/Sofres pour le cabinet Altédia (1005 interviews de salariés, entreprises, privées et publiques, administrations) révèle une attitude sociale des salariés en France en forte évolution et un retour en force du collectif sous toutes ses formes

La rupture du lien entreprise – salarié semble consommée
84% des salariés estiment aujourd’hui que les intérêts des salariés et des dirigeants ne vont pas dans le même sens... (40% pas du tout, 44% plutôt pas...")


Une nette remise en cause du système actuel... Pour 65% des Cadres de ces entreprises, nous sommes dans une crise fondamentale qui montre bien que le système actuel apporte plus de problèmes que de solutions.

1/3 des salariés seraient prêts à s'investir pour faire évoluer le fonctionnement de leur entreprise. Ils ne sont que 29% dans les grandes entreprises.

Eléments révélateur, 1/4 de ces salariés seraient prêts à participer à des actions sociales "dures"

Les salariés jugent également leurs employeurs généralement assez solide, mais très éloignés de leurs préoccupations.


46% estiment qu'il ne se comporte pas de façon responsable envers leurs salariés, 55% qu'il néglige l’avenir, formation, carrière...

Rémunération
Si un salarié sur deux estime toujours s'épanouir dans son travail, une nette majorité, 66%, se dégage pour dire qu'ils sont insatisfaits de leur rémunération!

Au final, 44% des salariés estiment que leur situation au travail s'est plutôt dégradée. Ce chiffre monte à 53% dans les grandes entreprises.

Le retour du collectif...
Les effets de la crise et la déstructuration sociale de nos entreprises amènent une majorité de salariés à reconsidérer leur position en estimant qu'un retour du "collectif" pourrait être la source d'une amélioration de leur environnement professionnel!

La confiance décroit partout, tous les secteurs d'activités sont aujourd'hui touchés. Les changements permanents d’organisation, de responsables et de managers, les incertitudes sur l'avenir pèsent sur ce niveau de confiance.

Les discours, parfois inaudibles des dirigeants, accentuent ces sentiments de défiance.
Beaucoup de salariés ne comprennent plus les messages de leurs dirigeants... quant ils existent. Soit ils sont trop simplistes "...augmenter la marge ou le bénéfice net..." soit ils sont incohérent ou trop complexes.

Venez nous voir… !
Un nombre croissant de salariés estiment que les dirigeants so
nt trop éloignés du terrain. Ils réclament une présence accrue avec une présence physique plus affirmée. "...la vérité ne vient-elle pas du terrain... ?"

La "promesse" ne suffit plus, aujourd'hui, pour remotiver, réengager, ré impliquer les salariés, il faut apporter des "preuves" tangibles d'une volonté de faire avec eux.

Autre constat, le management intermédiaire se sent négligé "squeezé".
L'enquête fait apparaître une fatigue importante du management intermédiaire qui ne peut plus jouer son rôle de "relais". La demande, les attentes du management pour plus d'écoute permettaient peut être de retisser des liens de confiance.

"On ne peut pas vouloir à la place des individus"
Atteindre les objectifs stratégiques de l'entreprise ne pourra être réalisé que s'ils sont portés par le mangement supérieur et surtout intermédiaire. C'est pourquoi il apparait indispensable d'ouvrir aux enjeux fondamentaux de l'entreprise l'ensemble du corps managérial.
Accepter l'objection comme révélateur d'une problématique managériale et sociale apparait indispensable.

Quant aux instances représentatives du personnel, syndicats, Comité d'entreprise... une majorité de salariés estiment qu'elles ne doivent pas être négligées, même si beaucoup restent dubitatifs quant à leur capacité d'agir...

Ces salariés estiment également qu'il faut redonner "du corps" au concept de mobilité et travailler à des perspectives de carrières sérieuses plutôt que de déstabiliser en permanence les organisations.

C'est d'autant plus vrai et nécessaire qu'aujourd'hui, la gestion des carrières doit être réalisée sur une base de 40 à 45 années de travail.

En matière de recrutement, 72% des personnes interrogées estiment que c'est d'abord par leurs propres réseaux qu'ils pourront se repositionner professionnellement, et 42% par les cabinets de recrutement...

En conclusion, cette enquête fait apparaitre quelques lignes de force comme une remise en cause massive du système actuel par les salariés français, une crise de confiance à l’égard tant de son employeur que de ses dirigeants, une ouverture importante aux modes de revendication forts voire durs, une nette dégradation du climat à l’automne.

Ce mal-être se traduit surtout par des sentiments de manque de re
connaissance et de perspectives d’avenir, de faible responsabilité perçue de son employeur à l’égard de ses salariés, d’une dégradation de sa situation professionnelle et d’un optimisme très partagé sur son avenir

Et à CANAL+ ?
Le parallèle avec la situation sociale de notre groupe serait trop facile. Toutefois, et l’enquête «d’engagement» réalisée à la rentrée le confirme, les salariés de CANAL+ partagent pour une grande partie ces sentiments. C’est ce que nous essayons de porter dans les instances sociales depuis de nombreux mois sans être entendu.
« …tout ne va bien, mais quand même, ce n’est pas la mine… ce n’est pas Zola… » « …les salaires à CANAL+ sont en moyenne plus élevés qu’ailleurs… » « .. .il y a très peu de démissions…»

Nous ne sommes pas à la mine, et Zola est bien loin, malgré tout, la dégradation des conditions de travail est un fait inéluctable constaté par une majorité de salariés. Refuser de l’admettre, c’est prendre le risque d’une crispation sociale dans bien des secteurs de l’entreprise. Notre modèle social ne peut être de type Asiatique...

Sur les rémunérations, une moyenne ne veut rien dire, en revanche le salaire médian, référence en la matière, fait apparaitre un net décrochage entre le passé et le présent. Nous continuons de tirer vers le bas les rémunérations, et d’ailleurs leur part dans la valeur ajoutée n’a pas progressé.

C’est un choix d’entreprise, tout comme constitue un choix stratégique d’employer plutôt des prestataires que d’embaucher. La raison « …évitons d’avoir à faire des plans sociaux dans l’avenir… » C’est donc que l’emploi ne peut que se dégrader dans notre groupe ?! Cette analyse était acceptable en 2003 alors que le groupe était au bord de la faillite. Elle l’est moins aujourd’hui alors qu’il va dégager certainement près de 700 millions d’Euros de bénéfices nets… une paille !
Aujourd'hui, de grands groupes Français réinternalisent des activités qu'ils avaient laissés partir il y a quelques années...
Si nous comprenons la prudence économique, l’état des forces en présence devrait amener à plus de souplesse pour que notre environnement social retrouve un peu d’espérance. Le même constat pourrait être fait en ce qui concerne les investissements. Dans certains secteurs, l’informatique en particulier, les besoins sont criants et urgents.

S'il n'y a pas péril économique, et c'est tant mieux, il y a en revanche une progression du risque social. De ce point de vue, CANAL+ est aujourd'hui devenue une entreprise banale. Mais le constater, ce n'est pas l'accepter. Des moyens existent pour favoriser l'émergence d'un nouveau dialogue social, base indispensable de la reconquête par les salariés de leur environnement professionnel.

D'abord présenter une stratégie et des perspectives de moyens et longs termes, qui ne soient pas seulement orientés vers le résultat financier. Partagés par tous, ils deviendraient alors plus facilement atteignables! Mais nous n'avons plus depuis des lustres d'échanges structurants sur ces sujets. Où va-t-on, comment et avec qui... bien malin qui saurait nous le dire!

Nous y gagnerions pourtant en efficacité et en mobilisation collective. Mais pour cela, il faudrait d'abord restaurer la confiance, sortir de la chasse aux sorcières, et transformer en profondeur notre modèle managérial archaïque et parfois dangereux.

Vous pouvez compter sur notre volonté pour que progresse une certaine idée du social. Mais nous ne pourrons le faire qu'avec vous. C'est avec vous que les choses changeront... ou bien alors...
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