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07 / 07 / 2014 | 72 vues
Adrien Chignard / Membre
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La QVT est-elle soluble dans les projets immobiliers d’entreprise ?

Les entreprises françaises sont nombreuses à s’engager dans des projets immobiliers : près de 50 % d’entre elles disent envisager ce type de projets dans l’année à suivre. Ces projets portent sur des travaux dans les locaux actuels, des extensions ou encore des déménagements. Lorsque l’on interroge les dirigeants sur leurs motivations pour conduire ce type de projets, ils expliquent qu’il s’agit avant tout de réduire les coûts mais aussi de regrouper les équipes ou de trouver des locaux plus « verts », quand cela n’est pas la conséquence d’une réduction d’effectifs (PSE).

Les récents déménagements de grandes entreprises ont contribué pour une grande majorité à l’accroissement de l’absentéisme dans leurs équipes, à des démissions supérieures à la moyenne, à des taux de stress plus élevés, à une démotivation affectant négativement la productivité et à un dialogue social plus tendu. Les effets pervers de ces projets immobiliers semblent donc à l’exact opposé des bénéfices escomptés. Existe-t-il une solution pour inverser la tendance et passer d’une résistance génératrice de problématiques individuelles et organisationnelles à une adhésion riche de sens et d’engagement ?

Conséquences humaines peu évaluées

Lorsqu’elles préparent leur projet, les directions étudient la faisabilité sur les aspects techniques, logistiques, budgétaires et attendent un « bénéfice collatéral » de ce projet : une meilleure efficacité de leurs équipes. Les salariés eux-mêmes sont plus de 95 % à expliquer que les locaux ont un effet sur leur bien-être, sur leur motivation et sur la convivialité au sein de l’entreprise. Il semble donc que des gains en matière de qualité de vie au travail (QVT) soient attendus mais qu’en parallèle les conséquences humaines de ces projets ne soient que très rarement évaluées en amont. Comment donc trouver ce que l’on ne cherche pas ?

Tant que la QVT sera pensée « à côté du travail », c’est-à-dire sur des services périphériques à l’activité (pressing, salle de sport), elle n’apportera qu’une amélioration superficielle du bien-être des salariés, alors qu’elle devrait être fondatrice des nouveaux modes de travail à déployer notamment dans les projets immobiliers. Pour faire de la QVT un sujet au service de l’entreprise et des salariés, il est nécessaire de l’intégrer de façon transversale aux projets d’entreprise comme on le fait déjà pour la sécurité et la qualité.

Pour profiter des bienfaits de la QVT et lui redonner son rôle de moyen au service de bénéfices partagés, évaluer les conséquences humaines d’un projet immobilier est central. Concrètement, il s’agit de comprendre ce que sont les représentations, attentes et interrogations des salariés dans la conduite du projet mais aussi dans la cible du projet : « comment vais-je pouvoir contribuer à ce nouveau projet immobilier et mon futur environnement de travail me permettra-t-il de réaliser mon travail dans les meilleures conditions possibles ? ».

L’open-space et le desk-sharing ne sont pas en soi porteurs de risque, comme le travail n’est pas intrinsèquement porteur de risques psychosociaux : ce sont les conditions d’exercice qui peuvent générer des difficultés. Certains disent se satisfaire complètement de ces nouveaux modes d’organisation alors que d’autres les répudient. Alors qu’est ce qui différencie ces deux positions ? La réponse est simple : ceux qui apprécient les nouveaux modes d’organisations sont ceux qui ont été consultés en amont du projet pour aménager l’espace en accord avec leur métier : on n’a pas les mêmes besoins quand on est comptable et quand on est commercial itinérant. La consultation en question porte donc sur deux thématiques indissociables : la conduite du projet et la cible du projet. Sans les équipes, les projets ne sont que des concepts désincarnés. Seule la participation active de leur part dans les projets immobiliers permet d’accéder aux bénéfices attendus.

Pour un chimiste, la solubilité est la capacité d'une substance à se dissoudre dans une autre substance pour former un mélange homogène appelé « solution ». La réponse à notre question devient limpide. Pour trouver la « solution », il est donc indispensable d’intégrer la QVT dans les projets immobiliers d’entreprise en évaluant les conséquences humaines du projet.

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