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La formation professionnelle est en perdition en France - Ière partie
La formation devrait être un investissement et une projection vers l'avenir des entreprises et des salariés mais, depuis la crise de 2008, la France a largement renoncé à investir dans l'immatériel et les savoirs professionnels.
C'est un symbole mais il en dit long sur la manière dont notre pays (ne) prépare (pas) son avenir : une baisse drastique (soi-disant indolore) des budgets de la recherche avait été programmée par plusieurs ministères. Face aux cris de détresse de plusieurs personnalités et chercheurs les pouvoirs publics ont reculé et rétabli ces crédits in extremis.
En formation professionnelle, la chute des investissements de formation est plus discrète mais évidente depuis des années.
- L'un des plus important centres de formation privé du pays (émanation d'une chaîne de grandes surfaces) va disparaître en octobre prochain.
- Le second organisme privé de formation vient, lui, de passer sous contrôle chinois.
- Les pouvoirs publics créent des comptes à n'en plus finir (CPF, CPA, CEC...) mais ce sont des coquilles vides, sans argent pour les animer.
La formation professionnelle se dissout en France depuis 2008 du fait de la forte diminution de l'effort de formation des entreprises (c'est le premier poste de dépenses sur lequel les entreprises font des économies) et d'une réforme cataclysmique en 2014.
Publics et privés, éducation initiale et formation professionnelle, les opérateurs d'éducation en France sont à bout de forces, sans capacités de développement.
- L'Éducation nationale est en total désarroi (et les milliards supplémentaires qui l'assaillent ne résoudront aucun de ses problèmes existentiels).
- L'apprentissage régresse depuis les mauvais traitements qu'il a subi en 2013 (une baisse des aides en 2013 puis un rétablissement de ces mêmes aides un an plus tard).
- Les organismes publics de formation croulent sous la tâche avec un irréaliste plan « 500 000 chômeurs à former ».
- Les organismes de formation privés ont perdu 50 % de leurs marges depuis 2008 et un tiers des fonds qui leur étaient dévolus depuis la réforme de la formation.
La formation professionnelle n'a plus de moyens organisationnels ou financiers pour faire face à la fuite en avant des dispositifs nouveaux.
Si 144 milliards d'euros sont consacrés annuellement à l'éducation de 15 millions de jeunes, seuls 6 milliards (rémunérations des stagiaires comprises) sont disponibles pour former 15 millions de salariés. Pourtant, les enjeux éducatifs au travail n'ont jamais été aussi importants (des centaines de milliers de salariés en reconversion, 2 millions de salariés illettrés, 22 % des adultes en grande difficulté éducative).
Censé révolutionner la formation, le CPF a été doté de 24 heures de formation par an mais une seule de ces heures est finançable (40 euros environ par an et par personne).
La formation professionnelle est sans cesse invoquée mais laissée sans moyens.
Non seulement les pouvoirs publics ont déstabilisé la formation professionnelle et liquidé le plan de formation des entreprises, non seulement ils ont lancé un inutile et inaccessible compte de formation mais ils nous préparent une autre « trouvaille » encore plus sociale : le CPA, un nouveau réceptacle encore plus miraculeux censé recueillir d'autres espoirs sociaux (le CEC, le CET, le CEP, le CPF, le compte de pénibilité etc.).