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Grand Paris : halte aux logements intermédiaires
Une manifestation de mal-logés s'est tenue mercredi 21 janvier devant le siège de la Société Nationale Immobilière (SNI) pour exiger une production permettant d'éradiquer le mal-logement sur le territoire de la métropole (vidéo).
Le 22 janvier, le Grand Paris sera officiellement opérationnel, avec l'installation de son conseil des élus. Dans ce Grand Paris, la question du logement est centrale : 500 000 foyers sont inscrits comme demandeurs de logement social. Le nombre de franciliens subissant des loyers trop élevés ou des temps de transports démesurés pour se rendre sur leur lieu de travail ne cesse de croître, notamment dans les catégories populaires.
En effet, c'est évidemment dans les zones tendues (et donc en Île-de-France) que le manque de PLA-I se fait le plus criant : rappelons qu'au niveau national seul ce type de logements vraiment sociaux représente seulement 4 % du parc et que seuls 25 % des logements construits cette années sont de cette catégorie (source).
Au plus haut niveau de l'État, la SNI, premier bailleur public français, est présenté comme l'outil privilégié de la politique du logement à l'échelle du Grand Paris. Mais si la SNI a lancé en grande pompe la fusion de ses deux filiales de logement social (EFIDIS et OSICA) sous le nom de « Grand Paris Habitat », en réalité , le logement social n'est pas sa priorité.
« Opérateur immobilier global », selon son nouvel intitulé, la SNI concentre aujourd'hui ses moyens sur le « logement intermédiaire » : le bailleur public annonce seulement 21 000 nouveaux logements sociaux pour 2015-2019 (11 000 pour l'Île-de-France), alors que 35 000 logements intermédiaires sont programmés pour la même période.
Les logements intermédiaires de la SNI ont des loyers inférieurs de seulement 10 à 20 % à ceux du marché.
Les logements intermédiaires de la SNI ont des loyers inférieurs de seulement 10 à 20 % à ceux du marché. À titre d'exemple, la société propose actuellement à la location des appartements quai de Charente, dans le XIXème arrondissement : le loyer du T4 le moins cher est de 2 100 euros, 2 700 pour le plus grand. À ce niveau de loyers, ces logements sont inaccessibles non seulement aux classes populaires mais aussi à une bonne partie des fameuses « classes moyennes ».
Une offre publique aussi proche des prix du privé ne peut évidemment pas jouer un rôle de régulation à la baisse des loyers.
Avec ses nouvelles gares et ses nouveaux équipements publics, le Grand Paris va mécaniquement faire augmenter les prix du logement privé dans de nouveaux quartiers, principalement là où ils sont aujourd'hui plus bas qu'ailleurs. Les rares poches de logement social de fait dans la petite et moyenne couronne vont disparaître et augmenter la proportion de bas revenus ne pouvant se loger nulle part.
La politique de logement social actuel ne parvient déjà pas à endiguer, même modestement, le mal-logement existant. En quinze ans, l'État n'a pas réussi à faire respecter la loi SRU dans les communes déficitaires en logement social. En huit ans, il n'est même pas parvenu à reloger les demandeurs qu'il a déclarés lui-même prioritaires : en Île-de-France, 27 000 foyers DALO sont toujours en attente.
La politique actuelle construira seulement le Grand Paris du logement cher, élargissant à toute l'Île-de-France la situation catastrophique de la capitale. La SNI, bras armé de l'État pour le logement, est l'outil qui peut et doit changer la donne pour enfin mettre fin au mal-logement.
- Protection sociale parrainé par MNH