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30 / 10 / 2018 | 13 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Des soins plus efficients en EHPAD avec Paro, le robot émotionnel

À l’heure où le vieillissement de la population française tend à s’accélérer, la Mutualité Française Loire-Haute-Loire SSAM a lancé une triple étude inédite (dont le rapport est remis ce jour) sur l’utilisation dans les EHPAD de Paro, un robot émotionnel ayant l’apparence d’un phoque en peluche, auprès des résidents atteints de troubles cognitifs. Ces trois études inédites ont été réalisées avec le soutien de la Fédération nationale de la Mutualité Française et de la Fondation Paul Bennetot (du groupe Matmut).

Analyse de l’utilisation de Paro dans les EHPAD autour de trois axes : l’usage, les conséquences et les effets sur la douleur

Alors que s’engage un important débat public sur la dépendance à l'initiative du gouvernement, ce rapport éclaire d’un jour nouveau un grand nombre d’effets bénéfiques du robot Paro tant sur le plan des soins que sur celui de l’accompagnement du résident.

S’agissant des usages du robot Paro en EHPAD, les résultats révèlent que son utilisation se situe à la frontière de l’animation, des soins infirmiers et du soin. L’expérimentation menée sur ce point démontre notamment que les professionnels ont davantage un usage individuel que collectif du robot émotionnel, principalement pour canaliser une angoisse, une colère ou encore pour limiter une déambulation. Du côté des personnes âgées, la logique du « prendre soin » semble gouverner les usages : c’est en s’occupant du robot que les souvenirs ressurgissent, que l’imaginaire se déploie et que l’affect s’exprime. À noter toutefois que Paro ne fonctionne pas sur tous les résidents (phobie des animaux, refus d’être infantilisé…).

Concernant les conséquences de cette gérontechnologie sur le lien entre résidents, personnel soignant et aidants, des effets bénéfiques tant sur la relation que sur la prise en charge médicale sont observés. Ainsi, sa capacité à réagir de manière autonome aux comportements humains le rend propice au travail avec les gens pouvant éprouver des difficultés à communiquer.

Cette amélioration de la communication verbale et non-verbale semble toutefois se faire au détriment de la relation humaine avec l’aide-soignant. En effet, le robot prend en charge une partie des interactions, pouvant donner le sentiment à l’aide-soignant de se sentir dépossédé d’une partie de son activité : la relation au soigné. Par ailleurs, les résultats révèlent que Paro a induit un allégement de la charge de travail subjective des soignants.

Enfin, une dernière étude démontre que l’intervention du robot est un levier efficace pour diminuer les manifestations douloureuses induites par les soins grâce à son effet distracteur, répondant ainsi à un réel besoin de équipes de soins. En revanche, elle ne permet pas de diminuer la prise d’antalgiques des résidents.

Les recommandations du rapport pour créer un contexte propice au succès de Paro

De ce constat découle une série de recommandations concrètes pour favoriser les situations de succès lors de futures implantations du robot Paro et faire de cette gérontechnologie une réponse adaptée à la prise en charge des personnes âgées atteintes de démence :

  • renforcer l’appropriation par le soignant et/ou l’aidant de Paro, dans un environnement favorable ;
  • mettre en place une organisation et un pilotage appropriés pour accompagner le déploiement de cette innovation, afin que les soignants se retrouvent dans une situation favorable. En effet, une organisation efficace permettra de valoriser le temps du soignant, tandis qu’un pilotage intelligent permettra de mieux identifier les situations propices à l’usage de Paro, particulièrement utile à un personnel soignant « expérimenté » dans l’usage du robot au sein de petites unités de vie ;
  • créer une unité du personnel soignant autour de Paro (impliquant dès lors, un management efficace de l’établissement éventuellement accompagné de formations).

À propos des études

Initiées en septembre 2016, trois études ont été simultanément menées, pendant dix-huit mois, dans les 11 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes de la Mutualité Française Loire-Haute-Loire SSAM, soit un potentiel de 1.000 résidents pour les expérimentations. Ces trois études sont les suivantes : une étude clinique concernant l’usage de Paro dans la gestion de la douleur lors des soins, une étude socio-ethnographique ayant pour objectif de répertorier les usages du robot et une étude sociologique s’intéressant à la vie des patients dans les EHPAD, (identifier les réactions, les interactions de la personne concernée avec le robot et le niveau d’acceptabilité) et à la relation de soin (patients-aidants) comprenant l'interaction patients-aidants, l'effet de Paro sur l’organisation du travail et son acceptabilité par les soignants. Ces trois études ont été complétées par les retours d’expérience après deux années d’utilisation au sein des établissements. Par son ampleur, sa démarche et sa durée, l’étude Paro de la Mutualité Française est inédite.

À propos du robot Paro

Paro est un robot socio-pédagogique utilisé en atelier d’animation et en thérapie relationnelle individuelle pour les malades atteints de troubles du comportement et de la communication. Il a été développé en 1993 par l’équipe du Dr Takanori Shibata pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et apparentées. La France a accueilli Paro en juillet 2014 et a ainsi complété ses options de thérapies non-médicamenteuses. Paro est équipé de sept moteurs, qui lui permettent de bouger la tête, cligner des yeux, actionner ses deux nageoires latérales et sa nageoire caudale.


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