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10 / 12 / 2020 | 314 vues
Dominique Delpouy / Abonné
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Quel avenir pour la filière fiduciaire de la Banque de France ?

Le billet n’est pas une marchandise, nos agents de caisse non plus.
 

Entre les nouveaux centres modernisés, l’externalisation croissante du tri des billets, la baisse de l’utilisation des espèces et l’augmentation des plafonds de paiement sans contact à 50 €, l’activité fiduciaire de la Banque de France est mise à mal et son avenir est plus qu’incertain. Le dernier rendez-vous fiduciaire date du 17 décembre 2019, le suivant reporté à de nombreuses reprises ne trouvera pas de date en 2020. L’intervention du directeur général de la DGSER du 24 novembre laisse présager que des décisions seront annoncées en début d’année 2021. Nos collègues attendent davantage, qui plus est dans le climat anxiogène actuel. Un dialogue clair et de vraies négociations pour toute la filière qui sera inévitablement touchée.

 

Le covid-19 en cause ou là au bon moment ?

 

Au démarrage de la pandémie, une inquiétude concernant le billet et son éventuelle possibilité de contamination a freiné l’usage de ce moyen de paiement et le plafond d’utilisation de la carte bancaire sans contact est passé à 50 €. De plus, l’effet du premier confinement a renforcé la vente à distance et les paiements virtuels. Ces nouveaux modes d’utilisation ont eu un effet sur la circulation des billets, nous le constatons au regard de certaines de nos caisses qui fonctionnent au ralenti par manque de VNR, même si, par ailleurs, la thésaurisation progresse. Lancée le 12 octobre dernier par la BCE, la consultation sur la création d’une monnaie numérique n’arrangera pas la situation et la BCE décidera d’appuyer ou non ce moyen de paiement mi-2021.
 

Une inquiétude laissée pour compte 


Les agents de caisse se sentent comme le billet. Ils ont le sentiment que si celui-ci est moins utilisé, voire s’il disparaît, leurs caisses, leur travail, et eux-mêmes subiront le même sort. Pour le contredire, nos collègues ont rapidement besoin d’informations pour se projeter dans leur avenir professionnel et familial.


Cette non-communication veut-elle dire que nos dirigeants n’ont pas de réponse à ces questions ? Peu d’intérêt pour les agents de cette filière ? Pas de visibilité ? Ou tout simplement pas de plan réellement défini parce que nous ne sommes plus maîtres de notre destin à 100 % ?
 

Maillage territorial ou démantèlement de notre mission ?
 

Rappelons que la gestion du fiduciaire repose sur trois acteurs : la Banque de France (qui a le premier rôle), les transporteurs de fonds et les banques commerciales. Si l’un d’eux ne joue pas son rôle, l’équilibre de la filière s’en trouve menacé. En vingt ans, notre réseau de caisses a subi un démantèlement sans précédent, passant de 200 implantations à 37 sur tout le territoire national. Toute nouvelle fermeture de caisse mettrait notre maillage territorial en péril et aurait pour effet d’augmenter l’externalisation du tri faisant subir les coûts de gestion des espèces aux agences bancaires et aux transporteurs. Ces derniers ont réalisé d’importants investissements en ouvrant une soixantaine de caisses depuis 2010 mais aujourd’hui la baisse de l’utilisation des espèces, accentuée par la crise du covid-19, remet la rentabilité du tri externe en cause et fait peser une sérieuse menace sur ces acteurs. Qui va payer l’addition ? Les transporteurs pourraient faire payer les banques et ces coûts supplémentaires seraient répercutés par les usagers par ricochet. C’est inadmissible. Le billet n’est pas une marchandise. Nous refusons la privatisation de la filière. La banque doit jouer son premier rôle en assurant sa mission régalienne de gestion de la monnaie fiduciaire au service du public avec des implantations sur tout le territoire et ainsi préserver les emplois de nos collègues du fiduciaire (OMF, ASL et contrôleurs).
 

Quelles pistes ? Quel avenir pour la filière fiduciaire ?
 

Face à ce constat, posons-nous les bonnes questions et conservons nos missions et le personnel qui en a la charge. Quid des formations à l’authentification des billets ? Y a-t-il une volonté de la banque de pérenniser et de renforcer cette activité ? Qu’en est-il de la prévision d’accentuer les contrôles externes (recyclage) ? Car, aujourd’hui, trop peu d’agents assurent cette tâche pour toute la France. Ces orientations permettraient la création de nouveaux postes permettant aux OMF de se projeter dans un nouvel avenir…
 

Pour toute la filière, le reclassement via une promotion interne facilitée et allégée est-il envisagé ? Si oui, quelle conduite du changement et quelles formations ? Enfin, la banque s’est-elle posé les bonnes questions et peut-on réellement envisager que tous les agents touchés puissent se renouveler et s’adapter à tous les repositionnements envisagés ?
 

Il faut ouvrir des négociations au plus vite. Toutes ces questions sont urgentes pour permettre à tous (y compris à la banque) de se projeter. Nous sommes prêts et nous devons ensemble trouver des solutions pour les gens qui auront besoin d’être accompagnés dans cet inévitable changement. Qu’attendons-nous ?

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L'intersyndicale CGC CGT FO SNA BDF  revendiquent  notamment :

 Le maintien d’un réseau de caisses à la hauteur des missions de service public de la

Banque,

 L’extension du périmètre des mesures sociales prévues dans le projet de PSE à

l’ensemble de notre réseau fiduciaire, sans en exclure les personnels en charge du

contrôle,

 Des mesures d’accompagnement aux mobilités qui soient réellement à la hauteur des

moyens de la Banque de France, avec des reclassements sur place et la tolérance de

sureffectifs temporaires dans les unités concernées par les fermetures,

 La reconnaissance des OMF faisant fonction dans le tertiaire,

 Une garantie, pour l’agent qui devra muter, sur la pérennité de son futur poste, et

une priorité sur le poste sur lequel il aura postulé,

 Une possibilité de départ anticipé 5 ans avant la retraite ou 5 ans avant l’atteinte du

taux plein, rémunérés à 100%, au regard notamment de la pénibilité des métiers.

Nos organisations ont déposé un préavis de grève pour la journée du 10 février  jour du CSE central

Lors de la réunion du CSE-BDF du 10 février, le gouverneur a souligné que le cash ne peut pas disparaitre pour des raisons de continuité de la vie économique et sociale. Toutefois, constatant que les citoyens utilisent de moins en moins ce moyen de paiement et que les entrées et sorties de billets baissent structurellement, la Banque justifie la fermeture des 13 caisses : Saint-Étienne / Besançon / Brest / Tours / Mulhouse / Nancy / Amiens / Perpignan / Rodez / Le Mans / Avignon / Gap / Bayonne. Elle sera effective d’ici la fin 2022.

 

Il a précisé que suite à la demande unanime des organisations syndicales le document concernant le volet social a prévu la possibilité de proposer aux agents impactés la possibilité d’opter pour un Plan de Départs Volontaires (projet professionnel externe, mesures anticipées et améliorées de départ à la retraite) en complément d’une Promotion Interne élargie ou d’un repositionnement sur un poste dans la filière fiduciaire. Pour la Banque, il n’y aura pas de départ contraint et forcé.

 

Position que nous ne partageons pas du tout et c’est pour cela que nous avons voté à l’unanimité des OS une procédure d’expertise sur ce plan fiduciaire.

 

 

 

Nous refusons la stratégie d’externalisation du traitement des billets mise en place par la Banque.

Nous n’acceptons pas qu’elle crée sa propre concurrence en permettant l’augmentation du taux de recyclage.

Nous demandons la mise en place d’une politique volontariste promouvant le cash, moyen de paiement 150 fois plus sûr que les autres.

Nous nous opposons à la création des SAB (*) , en substitution de nos caisses !

Nous ne tolérons pas que la Banque soit de plus en plus cantonnée à un simple rôle de contrôleur de la filière.

 

 

(*) Stocks Auxiliaires de Billets, les SAB, dans les locaux des transporteurs de fonds privés, seront  rémunérés par les fonds publics de la Banque de France.