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17 / 06 / 2025 | 16 vues
Justine Guigues / Abonné
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Baromètre AFL 2025 de la santé financière des collectivités locales : Une fin de mandat entre résilience et fragilités

L’AFL, la banque des collectivités locales,dévoile la 6èmeédition de son Baromètre de la santé financière des collectivités.Fondée sur l’analyse des notes financières que l’AFL attribue à chaque collectivité, cette étude dresse un panorama chiffré de la situation budgétaire2024 des communes, intercommunalités, départements et régions, à un an du renouvellement municipal et intercommunal.
 

Dans un contexte marqué par une inflation persistante, un ralentissement économique et un climat politique instable, ce Baromètre confirme l’émergence de deux blocs aux dynamiques divergentes : un bloc communal, globalement résilient, et un bloc départements/régions, en difficulté croissante.

 

 

Focus méthodologique :

 

Le Baromètre repose sur une note AFL de 1 (meilleure) à 7 (plus dégradée), calculée à partir de données publiques issues de la DGFiP. Cette note prend en compte :
 

  • La solvabilité (55 %),
  • Le poids de l’endettement (20 %),
  • Les marges de manœuvre budgétaires (25 %).


Elle permet de suivre l’évolution des finances locales année après année, à travers des indicateurs compréhensibles, lisibles et comparables.

 

Une note moyenne stable en apparence, mais des écarts qui se creusent

 

Avec une note moyenne de 2,82 en 2024 – contre 2,77 en 2023 – la situation financière du monde local reste globalement soutenable. Si cette évolution peut sembler modérée, elle masque des disparités croissantes entre territoires et segments de collectivités : l’écart-type atteint 1,54, un niveau inédit depuis six ans.

« Ce Baromètre est un outil de transparence et de lucidité. Il révèle les lignes de fracture qui traversent le paysage local et souligne les efforts de gestion des collectivités locales, mais aussi les points de fragilité à traiter. », explique Marie Ducamin, Présidente du Conseil d’administration de l’AFL-ST.

 

27 milliards d’euros de recours à l’emprunt en 2024

Deux éléments caractérisent l’exercice budgétaire 2024 et expliquent principalement l’évolution des notes des différents segments de collectivités locales : la forte progression des dépenses etun montant d’emprunt inédit. Ce dernier a atteint un niveau de 27 Mds€, soit +27% par rapport à 2023, levier actionné par l’ensemble des segments de collectivités.

Bloc communal : une solidité maintenue malgré une légère détérioration

Si les communes restent les collectivités les mieux notées, avec une note moyenne de 2,82, elles enregistrent leur première dégradation depuis plusieurs années.
 

  • L’épargne brute a baissé de 3,2 % pour s’établir à 14,9 Mds€.
  • Les charges de personnel ont augmenté de 4,3 %, conséquence directe des mesures nationales (hausse du point d’indice).
  • La baisse de certaines recettes dynamiques, comme les DMTO (-15,4 %).

 

Ce que cela implique ? Moins de capacité à autofinancer l’investissement, donc un recours accru à l’emprunt (hausse de 12 % des emprunts nouveaux). Pour autant, l’endettement reste maîtrisé avec un stock de dette stable (+1,1 %).


Les communes se retrouvent, et ce depuis plusieurs mois, dans une phase de gestion plus contrainte, à un moment où les attentes (écologie, services publics, transition démographique) sont très élevées.

 


Intercommunalités : une trajectoire toujours bien orientée 

 

Les groupements à fiscalité propre (GFP) affichent une note moyenne de 3,04, meilleure performance depuis la création du Baromètre. Ils confirment leur stabilité budgétaire, notamment dans les territoires urbains et périurbains.
 

  • L’épargne brute, qui augmente de 1,8 %, a été portée par une dynamique fiscale plus robuste.
  • Les dépenses d’équipement brut ont progressé de 11,5 %, preuve d’un effort d’investissement soutenu.
  • Le recours à l’emprunt est resté contenu (+4,1 % seulement).
     

Les EPT(établissements publics territoriaux) deviennent même le segment le mieux noté, à 2,76, grâce à une baisse inédite de leurs dépenses réelles de fonctionnement.

 

Outre-mer : des trajectoires financières très différenciées
 

Les collectivités ultramarines continuent d’afficher une situation budgétaire plus fragile que celles de Métropole, mais avec des contrastes notables entre niveaux de collectivités et territoires.
 

  • Les communes ultramarines enregistrent une note moyenne dégradée, affectée par un environnement économique contraint, des chocs exogènes (crises sanitaires, catastrophes naturelles) et une moindre dynamique de recettes. La capacité d’épargne brute reste limitée et l’endettement progresse dans plusieurs territoires.
  • À l’inverse, les groupements à fiscalité propre ultramarins (GFP) améliorent significativement leur situation, avec une hausse de l’épargne brute de 40 % et un recul du taux d’endettement. Cette performance est portée par des recettes de fonctionnement particulièrement dynamiques (+10,8 %).
  • Certains territoires, comme la Guyane ou Mayotte, connaissent toutefois des situations spécifiques, avec des dynamiques divergentes entre communes et intercommunalités.


Départements : la plus forte dégradation budgétaire
 

Le bloc départemental est le plus fragilisé : sa note moyenne chute à 3,91, soit une détérioration de +1,3 points en deux ans. Il s’agit du niveau le plus dégradé depuis la création du Baromètre.
 

  • L’effondrement des DMTO (droits de mutation),de 13,5 %, a encore privé les départements d’une recette majeure.
  • Les dépenses sociales (RSA, APA, PCH) ont continué d’augmenter, en lien avec le vieillissement, la précarité et les besoins d’autonomie.
  • Le panier fiscal départemental, réformé, est devenu plus dépendant de la conjoncture économique (TVA), donc moins prévisible.


Pour la deuxième année consécutive, les départements se retrouvent avec une très faible capacité d’autofinancement, et doivent recourir massivement à l’emprunt, rompant avec les efforts de désendettement antérieurs.

 

Régions : fin d’un cycle de redressement
 

Les régions voient également leur situation se dégrader, après deux années de redressement. Leur note moyenne atteint 3,61, proche de celle observée en 2020, en pleine crise sanitaire.Elles subissent les mêmes tensions que les départements, avec une contrainte supplémentaire : des politiques d’investissement lourdes et structurelles (mobilité, infrastructures…).
 

  • Les recettes stagnent, alors que les efforts d’investissement restent élevés.
  • L’épargne brute se stabilise, mais ne suffit plus à couvrir les besoins d’autofinancement.
  • Le recours à l’endettement augmentepour poursuivre les projets, notamment ceux liés à la transition écologique, pesant sur les ratios de solvabilité.

 


Conclusion du Baromètre : le monde local sous pression à la veille de 2026

 

Cette 6èmeédition du Baromètre confirme l’émergence de deux blocs au sein du monde local et révèle une accentuation des disparités entre territoires. La résilience des collectivités n’est pas illimitée et appelle à une réflexion structurelle sur leur autonomie financière.
 

« Alors que les collectivités seront de nouveau mises à contribution en 2026 pour redresser les comptes publics, la fin de mandat s’annonce incertaine et tendue, avec des exigences contradictoires entre rigueur et besoin massif d’investissement, notamment pour la transition écologique. À terme, c’est la capacité du monde local à rester le moteur de l’investissement public et de la cohésion territoriale qui est en jeu. », conclut Marie Ducamin.

 

 

Retrouvez le Baromètre sur le site de l’AFL : https://www.agence-france-locale.fr/app/uploads/2025/06/barometre_sante_financiere_collectivites_2025_compressed-1.pdf

 

 

Focus méthodologique :

Le Baromètre repose sur une note AFL de 1 (meilleure) à 7 (plus dégradée), calculée à partir de données publiques issues de la DGFiP. Cette note prend en compte :

  • La solvabilité (55 %),
  • Le poids de l’endettement (20 %),
  • Les marges de manœuvre budgétaires (25 %).


Elle permet de suivre l’évolution des finances locales année après année, à travers des indicateurs compréhensibles, lisibles et comparables.

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