L'observatoire national de l'ESS vient de publier une note d'analyse sur la conjoncture de l'emploi dans l'ESS (1). Avec cette nouvelle étude et à l’appui de celle que nous avons publiée en janvier 2020, nous avons désormais une vision assez exhaustive des effets de la crise sanitaire sur les emplois dans l’économie sociale et solidaire sur l’ensemble de l’année 2020.

Alors que nous constations une perte de 52 000 emplois en juin 2020 en comparaison du même trimestre de l’année précédente, l’ESS finit 2020 avec une réduction de 18 000 emplois, soit une baisse de 0,9 % d’emplois entre décembre 2019 et décembre 2020.  

Ces données montrent nettement la place centrale que prennent l’emploi et l’humain dans le projet et le développement de l’ESS. Dans ce domaine, le redressement plus rapide des chiffres sur la fin de l’année par rapport au reste de l’économie illustre la contribution de l’ESS à une prospérité plus résiliente et riche en emplois. Sans doute faut-il aussi y voir une volonté de ses dirigeants de démontrer une réactivité plus forte face à l’expression de besoins sociaux renouvelés.

Si les entreprises de l’ESS mettent tout en œuvre pour protéger les gens et créer de l’emploi, il ne faut pas pour autant passer le besoin qu’elles ont de soutien pour leur modèle économique sous silence, notamment dans les secteurs les plus sinistrés et qui concentrent les plus fortes pertes d’emplois, que sont la culture, les sports, les loisirs et le tourisme social et solidaire, pour ne citer qu’eux. 

À l’heure d’un premier bilan des effets de la crise, il est nécessaire de souligner l’engagement exceptionnel dont l’ESS aura fait preuve pendant toute cette crise pour déployer des actions de solidarité allant parfois bien au-delà du projet initial de l’entreprise. Parce qu’elles sont libérées de contraintes comme la rémunération de dividendes, qu’elles ont des principes d’action garantissant leur proximité avec les besoins de leurs adhérents et sociétaires et, plus largement, des citoyens bénéficiant de leurs services, les entreprises de l’économie sociale et solidaire auront montré leur pouvoir d’agir. 

Création d’un fonds de solidarité alimenté par les réserves de l’entreprise, distributions alimentaires, dons de masques, solidarité entre structures médicales, mobilisation pour les gens les plus fragiles, propositions innovantes pour produire des visières de protection etc. sont autant d’exemples concrets qui illustrent la responsabilité dont les acteurs de l’ESS ont su faire preuve. Évidemment, nous ne sommes qu’au début du chemin.

À ces crises sanitaire et sociale, une crise économique, démocratique et écologique s'ajoute. Parce qu’elle touche l’économie réelle, elle entraîne directement une augmentation de la pauvreté et des inégalités. Mais l’ESS est porteuse de solutions dans l’ensemble des secteurs et ses entreprises bâtissent la conciliation des enjeux économiques, sociaux, démocratiques et écologiques par leurs actions. L’ESS connaît ses responsabilités mais elle ne peut porter seule les changements profonds à opérer dans l’ensemble de la société. Elle a la capacité d’être chef de file d’une réponse citoyenne, collective et solidaire et, à ce titre, elle doit être au cœur des politiques publiques à venir.

(1) Plus de détail sur : Ressources (ess-france.org).