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17 / 09 / 2018 | 16 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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« Les femmes doivent oser prendre leur place dans les instances de gouvernance des mutuelles » - Dominique Joseph, MutElles

Militante mutualiste de longue date, Dominique Joseph, actuelle secrétaire générale de la FNMF et présidente de MutElles (premier réseau de femmes en mutualité), a bien voulu revenir sur les objectifs de cette initiative et en dresser le bilan deux après son lancement.

Quelles  sont les raisons qui ont mené la Mutualité française à décider de lancer le réseau MutElles en 2016 ?
La création du réseau MutElles résulte d’une prise de conscience : il fallait proposer un cadre permettant de favoriser le développement de la parité dans nos instances de décision. Cela faisait déjà plusieurs années que la Mutualité réfléchissait à la façon de féminiser ses conseils d’administration et sa gouvernance en général. Tout au long de mon parcours mutualiste, j’avais moi-même observé que les femmes étaient très peu présentes aux endroits stratégiques. Le retour d’image de notre mouvement ne montrait pas son vrai visage et ses valeurs et ne correspondait pas à l’image de la société. La loi de 2015, qui nous impose une parité de 40 % a minima dans nos conseils d’administration d’ici 2021, a constitué une belle occasion de faire avancer les choses. Nous n’étions que 24 % de femmes et, d’après notre observatoire de la parité, nous n’avions progressé que de 1,5 point en dix ans… Selon mes calculs, à ce rythme-là, il nous aurait fallu cent quarante ans pour atteindre les objectifs ! En observant les autres groupes, nous avons constaté que, partout où il y avait eu cette volonté politique de féminisation, un réseau avait été mis en place. D’où la décision de créer MutElles.

Concrètement, quelles ont ensuite été votre démarche et vos initiatives ?

Après la création officielle du réseau et la grande conférence nationale de lancement du 1er juin 2016, nous avons organisé des mini-conférences dans les mutuelles adhérentes. Avec d’autres membres du comité de coordination de MutElles, nous sommes intervenues dans les CA et devant des groupes de militants pour expliquer pourquoi il était important que nos instances se féminisent. Nous avons également demandé aux mutuelles de se saisir de ces questions en préparant elles-mêmes des conférences, des ateliers, des petits déjeuners et des sessions « after work ». Lors de ces événements organisés sous l’égide de MutElles, nous intervenons en apportant un peu d’ingénierie, des documents, des badges, des affiches et notre réseau d’intervenants. Ces rencontres permettent le partage d’expériences : les femmes parlent de leur parcours, échangent en toute confiance et de façon transparente sur les erreurs à éviter, les obstacles qu’elles ont pu rencontrer etc. L’idée est de libérer la parole, de leur donner envie et de les encourager à oser prendre leur place dans les instances de décision.


Aujourd'hui quel bilan peut-on tirer et quelles sont les pistes d'évolution ?
Nous sommes passés de 24 % de femmes dans nos CA en 2016 à 26 % à la fin de l’année 2017. Cette moyenne cache d’importantes disparités : certaines mutuelles (comme Adréa ou la MNT) sont déjà au-dessus des 40 %, ce qui est plutôt encourageant. Même si nous ne serons pas au rendez-vous en 2021, nous pourrons afficher un nombre honorable de mutuelles ayant atteint la parité. Désormais, la question de la féminisation des instances est bien intégrée, elle fait partie des paramètres : à chaque renouvellement de CA, elle compte parmi les principales préoccupations des présidents mutualistes. Je précise d’ailleurs que les hommes de la Mutualité, qui nous ont beaucoup soutenues, peuvent adhérer à notre réseau depuis le début de l’année.

MutElles a aussi la volonté de porter des sujets comme l’égalité professionnelle : une conférence lui sera consacrée à l’automne. À travers ce réseau, la Mutualité espère avoir un écho auprès du grand public sur des sujets sociétaux : je souhaite par exemple ouvrir le débat sur la bioéthique ou sur la façon dont les professionnels avec lesquels nous travaillons dans nos structures sanitaires et sociales pourraient détecter les situations de violence au sein des familles. Le réseau sera d’ailleurs particulièrement vigilant quant à l’application de la loi qui a suivi le mouvement #metoo.

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