Privatisation : l'Éducation nationale expérimente une plate-forme privée pour gérer les remplacements
Sur demande ministérielle, la Direction des services départementaux de l'Éducation nationale (DSDEN) de la Somme (académie d’Amiens) a décidé de confier l’organisation du remplacement des instituteurs de ce département à une start-up dénommée « la solution Andjaro », à titre expérimental. Tous les titulaires remplaçants sont concernés.
Cette expérimentation serait menée du 1er septembre au 31 décembre 2021. L’Inspection académique (IA-DASEN) de la Somme indique qu’elle « vise à rendre la gestion du remplacement dans le premier degré plus agile ». Elle pourrait être pérennisée et élargie.
Ainsi, on confierait une mission de service public à une entreprise privée parisienne pour externaliser cette activité. Les instituteurs seraient informés de leurs missions de remplacement par réception d’un courriel sur leur boîte professionnelle ou d’un SMS sur leur portable personnel.
Comme toutes les politiques menées depuis des années en lien avec la réforme territoriale, ce fonctionnement mènera non seulement à la destruction des emplois du personnel administratif mais il entraînera de surcroît la dégradation des conditions de travail des titulaires remplaçants, déjà mises à mal par le manque de personnel pour assurer une gestion efficace du remplacement.
- Rappelons en effet qu’actuellement, une seule personne se consacre réellement à la gestion du remplacement dans les services de la direction du personnel de l'éducation (DPE) de la DSDEN de la Somme et l’académie d’Amiens a perdu au minimum 32 postes d'agents administratifs en quatre ans.
La privatisation d’un service public suit toujours la même logique : financements publics réduits, dysfonctionnements croissants, exaspération des usagers puis solutions privées. Les réformes dans l'Éducation nationale et dans la fonction publique s’inscrivent très nettement dans cette logique de destruction qui affaiblit le système éducatif et les services publics dans leur ensemble et accroît des inégalités déjà criantes : casse des statuts, mise en concurrence du personnel et des établissements, application des logiques du privé dans la gestion des RH de l’Éducation nationale, recours accru aux contractuels, désengagement financier de l’État etc. La liste est longue.
Dans l’académie de Versailles, le rectorat prétend pallier les absences du personnel administratif (liées au télétravail contraint et aux suppressions de postes) en créant un « chatbot », autrement dit « un agent virtuel » qui répondrait aux questions du personnel enseignant sur les carrières. L’outil ne concerne pour l’instant que les contestations de barèmes mais sera étendu à toutes les opérations de gestion précédemment vues en commissions paritaires.
Cette logique ouvre la voie à l’externalisation et à la privatisation de toutes les missions exercées par le personnel administratif fonctionnaire d’État. Tous les postes administratifs sont menacés. Ce que le personnel veut, c’est la création des postes nécessaires pour améliorer les conditions de travail. En réponse, le ministre accentue la privatisation de l’administration de l’Éducation nationale en prétendant remplacer le personnel par des robots...
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le secteur privé est-il illégitime ?
"on confierait une mission de service public à une entreprise privée parisienne"
c'est grave ?