Organisations
Enterrement solennel du Dialogue Social Thales assassiné par la direction
Des centaines de salariés présents ont applaudi l’oraison funèbre prononcée le 5 avril à Élancourt.
Mesdames et Messieurs,
Appelé par l’intersyndicale à parler sur cette tombe, j’apporterai tout d’abord un hommage à l’ensemble des salariés de Thales par respect dû à ceux qui, durant leur carrière dans le Groupe, furent solidaires de leurs collègues faces aux aléas, ne comptant pas la fatigue, permettant les jours de gloire de notre Groupe, montrant un infatigable dévouement aux heures dangereuses et cruelles du COVID.
Mesdames et Messieurs,
Rendant à notre Dialogue Social, au nom des salariés de Thales, les honneurs qui lui sont dus, je ferai taire ma douleur et la leur. Ce n’est pas par des plaintes et des lamentations qu’il convient de célébrer ceux qui laissent une grande mémoire, c’est par le combat de chaque jour pour faire vivre leur héritage.
L’œuvre du Dialogue Social Thales était immense. Par nos informations syndicales vous la connaissez avec une admirable précision. Vous avez entendu aux prise de paroles hebdomadaires en affirmer la nécessité intellectuelle et morale. Permettez qu’à mon tour je la considère un moment devant vous.
Mesdames et Messieurs,
Lorsqu’on voyait s’élever accords après accords, cette œuvre, on en mesurait la grandeur. On se réjouissait, on s’étonnait, on louait, on blâmait. Louanges et blâmes étaient poussés avec une égale véhémence. On fit parfois au Dialogue Social Thales (je le sais par moi-même) des reproches sincères, et pourtant injustes. Les invectives et les apologies s’entremêlaient. Et l’œuvre allait grandissant.
Aujourd’hui en lisant les accords Thales en vigueur, on reconnaît ainsi l’esprit dont elle est pleine. C’est un esprit de progrès social favorable à chacune des parties.
Ces accords étaient bons, au moins dans leurs intentions. Ils avaient la grandeur et la simplicité des grands desseins industriels. Ils reposaient sur un optimisme réaliste, une foi obstinée dans le progrès de l’intelligence et de la justice.
Je vois encore la crise COVID pendant laquelle la qualité du Dialogue Social Thales a permis des accords responsables, aussi équilibrés que le permettait leur établissement en un temps record et au prix de longueurs de journée inavouables. Rien n’aurait été possible, d’acceptable, préservant l’avenir des salariés et de l’entreprise dans ces temps si imprévisibles, sans sa présence établie depuis de nombreuses années, sans le respect mutuel qu’il avait permis de construire. Et j’ose ici le dire, sans l’acceptation pour une période des imperfections des accords conclus qui seront ensuite améliorés.
Plus profond peut-être, certainement plus structurants que ces tout aussi spectaculaires qu’indispensables accords de la crise COVID : accord de soutien puis d’activité partielle longue durée, épaulés par l’accord télétravail devenu alors impératif,
- voici l’accord déplacement, permettant de développer salariés et activité en favorisant leur rencontre, qui faudra évaluer à terme,
- voici l’accord handicap, qu’il faudra entièrement repenser suite à l’évolution législative sur le sujet,
- voici l’accord Egalite professionnelle, imparfait, insatisfaisant même, sur la base duquel il faudra continuer à construire,
- voici enfin l’accord anticipation, qui a permis de sauver des emplois, dans le passé mais aujourd’hui encore dans DIS, dont le bilan positif ne doit pas nous convaincre qu’il n’est pas améliorable.
Bien sûr il y eu des échecs, comme l’accord QVT qui n’a jamais fonctionné et qui ne sert à rien sur un sujet pourtant si sensible, en ces temps de surcharge de travail, qu’il est devenu majeur.
Mais quel bilan passé ! Quelles promesses pour l’avenir que sa disparition soudaine annule ! En un moment de si grande fragilité du Groupe, en crise des matières premières et de la guerre en Ukraine !
Dialogue Social Thales, nous que tu laisses orphelins, nous nous engageons, ici rassemblés à continuer ton œuvre en cette période de si grande incertitude, à protéger salariés et leurs activités pendant la traversée de cette période, à ne pas détruire par négligence, lassitude ou crainte, ce qui a été ton œuvre qui a tant compté dans les succès de Thales.
Dialogue Social Thales, toi qui est plus grand que nos simples personnes, et immense par rapport à ceux qui t’ont tué, oui, oui mesdames et messieurs, nous disons ici sans hésiter, le Dialogue Social Thales est mort assassiné ! Assassiné par notre propre Direction plus que par un système, assassiné par des personnes qui nous le croyons, comme toutes celles de cette sorte, ne font que passer et qui ne laisserons derrière eux qu’un champs brulé, Dialogue Social Thales nous conservons ta mémoire, ton implication, ton optimisme. Cette crise annoncée, c’est avec tes yeux que nous la regardons en face.
Dialogue Social Thales, repose en paix ce court moment car dès demain nous reprendrons notre lutte et nous vaincrons !