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27 / 06 / 2011 | 5 vues
Brigitte Font Le Bret / Membre
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Tristesse et colère après l'accident de la fonderie de Feurs

Je suis née dans une usine, à une dizaine de kilomètres de la fonderie de Feurs et ce matin après avoir vu ce qu'il reste de celle-ci, je pleure de tristesse, de colère, comme lorsque j'étais enfant, j'ai pleuré lorsque la très petite usine de mon père a brûlé et que j'ai vu les flammes et les larmes de mon père. Ceci a été le fondement de mon choix professionnel : médecin du travail et psychiatre, spécialiste en souffrance au travail et en suivi post-accident du travail ou maladie professionnelle.

Alors ce billet, je l'écris ce matin pour la famille des victimes, pour les salariés, pour les habitants de Feurs. Il y a quinze jours, j'étais au concert de Lavilliers à St-Etienne, j'ai fait le déplacement depuis Grenoble car sa chanson Le Stéphanois et tant d'autres me vont droit au coeur : « On  n'est pas d'un pays mais d'une ville... » chante-t-il. Cette phrase est mienne.

Je pense aussi à tous les salariés en maintenance, qui mettent quotidiennement leur vie en danger dans un paysage industriel en déliquescence. La sécurité sans moyen financier à la hauteur ne peut exister et, quotidiennement dans mon cabinet, j'entends de telles confidences, pas assez d'EPI, réparations de fortune par manque de matériel, perte de savoirs non transmis par les « anciens » qui ont été mis à la porte par des PSE, produits cancérigènes sur des combinaisons de travail que l'on ne peut nettoyer, produits chimiques explosifs, trouvés au décours d'un dépannage dans un atelier non prévu pour ça, chaussures de sécurité non réglementaires quand il faut travailler à - 10°C au sommet d'une installation, parkas non ignifugées, gants trop courts et les cicatrices, les plaies, celles que l'on voit mais aussi celles qui ne se voient pas et ces dernières font très mal. Je vous en supplie, n'utilisez jamais les mots « blessés légers » car parfois, leur douleur morale, qui se nomme syndrome psychique post-traumatique, est indicible. J'essaie de panser les plaies, celles qui ne se voient pas et je cache mes larmes.

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