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06 / 11 / 2013 | 1 vue
Françoise Gauchet / Membre
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Travail du dimanche : l’imbroglio législatif et juridique se poursuit

Le débat sur le travail du dimanche est relancé. Le 29 octobre, la Cour d’Appel de Paris a de nouveau autorisé les enseignes de bricolage Castorama et Leroy Merlin à ouvrir le septième jour pour une quinzaine de magasins en région parisienne. Cet arrêt infirme le jugement rendu en référé fin septembre par le tribunal de commerce de Bobigny, après une plainte de leur concurrent Bricorama. En première instance, les deux enseignes avaient été condamnées à baisser le rideau le dimanche, avec une astreinte de 120 000 euros par infraction.

Elles avaient immédiatement fait appel et bravé l’interdiction en ouvrant quatorze des quinze magasins condamnés. La Cour d’Appel a également condamné Bricorama à payer à chacun de ses concurrents 12 000 euros de dommages et intérêts.

Le repos dominical doit rester la règle

« Elle a estimé que le juge des référés ne pouvait pas contredire une décision déjà prise sur le fond », explique l’avocat de Castorama. Un premier jugement en avril avait en effet débouté Bricorama sur une plainte similaire. Mais le dossier n’est pas clos puisque l’affaire doit être jugée sur le fond par le tribunal de commerce de Bobigny, le 22 novembre.

Pour Bricorama, qui dénonce une concurrence déloyale, la pilule à avaler est amère. Contrairement à ses deux concurrents, l’enseigne ne bénéficie d’aucune dérogation dominicale pour sa trentaine de magasins franciliens. Ils sont tous situés en dehors des périmètres d’usage de consommation exceptionnel (PUCE) établis par la loi Mallié de 2009.

En janvier 2012, le tribunal de Pontoise, à la suite d’une plainte de Force Ouvrière, avait logiquement condamné Bricorama à fermer le septième jour, avec une astreinte de 30 000 euros par infraction. Cette condamnation avait été confirmée en appel il y a tout juste un an. S’estimant lésé, Bricorama multiplie depuis les procédures judiciaires contre ses concurrents et fait du chantage à l’emploi.

« Même si nous sommes contre l’ouverture dominicale et les dérogations préfectorales dans le cadre des PUCE, la décision de la Cour d’Appel est logique au niveau légal, certains de ces magasins ont le droit d’ouvrir. Mais cet arrêt est bien la preuve qu’il est impossible de s’y retrouver dans l’imbroglio législatif », réagit Brice Bellon, secrétaire fédéral adjoint de la FEC FO commerce.

L’ex-président de La Poste, Jean-Claude Bailly, doit rendre au gouvernement, fin novembre, un rapport afin de clarifier le cadre juridique du travail dominical. « Nous verrons si Jean-Marc Ayrault change ou non la loi et selon sa décision, nous poursuivrons ou non le combat. En attendant la remise du rapport, nous avons mis en place un moratoire. Nous n’attaquons plus les enseignes qui ouvrent le dimanche, sauf quand il s’agit de dérogations illégales accordées par les préfets », continue Brice Bellon.

Pour Force Ouvrière, le repos dominical doit rester la règle pour permettre aux salariés de mener une vie familiale normale. « Dans un courrier, Jean-Marc Ayrault a confirmé qu’il était sur la même position, nous verrons s’il tient parole », ajoute Brice Bellon.

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Rapport Bailly: pas encore rédigé, mais déjà dévoilé? Le Journal du Dimanche a rendu publiques les premières pistes du rapport confié à l’ancien patron de La Poste. Dans son édition du 3 novembre, le JDD lève le voile sur les principales problématiques retenues dans le rapport sur le travail dominical, confié par le Premier ministre à Jean-Paul Bailly. Pourtant, celui-ci est censé rendre ses conclusions le 22 novembre, les consultations ne sont pas encore achevées et la rédaction dudit rapport n’a pas encore commencé. Il n’empêche, le futur document abordera l’hétérogénéité des situations issues de la loi Mallié et des différents textes réglementaires en vigueur, que ce soit en termes géographiques ou professionnels. Sauf que, selon l’hebdomadaire dominical, le rapport proposerait que les compensations octroyées aux salariés varient en fonction de la taille du commerce. Une mesure qui se ferait au détriment des salariés des petites structures, alors que ceux-ci sont déjà les moins bien lotis en matière de droits collectifs et individuels. Des compensations en fonction de la taille de l’entreprise? Le rapport envisagerait aussi de mettre en place un dispositif sur la question de la représentativité syndicale. Une formule qui laisse sceptique puisque cette problématique a déjà été tranchée par la loi du 20 août 2008, avec les résultats que chacun connaît. En revanche, l’article de l’hebdomadaire dominical n’évoque pas la question du volontariat des salariés, qui n’existe pas dans les faits, ni celle des conséquences qu’aurait une nouvelle extension. Le bilan des années écoulées est pourtant sans appel: la généralisation rampante du travail dominical s’est accompagnée d’une réduction des contreparties offertes aux salariés au fur et à mesure que l’exception d’hier tend à devenir la règle de demain. source: www.force-ouvriere.fr