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Teleperformance Montigny : suspension de la fermeture du site, reconnaissance des risques graves
Le site de Teleperformance Montigny (78) fait partie des trois sites menacés de fermeture depuis le plan social annoncé en juin 2009 par le leader mondial des centres d’appel.
Alors que la direction de Teleperformance déclarait dans Le Monde il y a quelques mois qu’elle n’avait pas connaissance de risques sur le site de Montigny, le Tribunal de Grande Instance de Versailles a débouté l'entreprise, le 1er avril, dans sa contestation du bien-fondé d’une expertise pour risque grave votée par le CHSCT (comité hygiène sécurité et conditions de travail) du site de Montigny.
L’ordonnance rappelle que la direction de Teleperformance ne contestait pas les faits argués par le CHSCT (présence de vigiles, consigne de fouiller les salariés, présence d’un huissier pour noter les déplacements et horaires des salariés, nombreux témoignages de salariés faisant état du manque de reconnaissance dans leur travail, de pressions sur l’atteinte des objectifs, de leur désarroi psychologique face à leurs conditions de travail), mais leur gravité et que ces éléments « par leur diversité, leur multiplicité et leur caractère répétitif et durable, caractérisent le risque grave porteur de dangers pour la santé physique et mentale des salariés, qui justifie le recours à l’expertise ».
Malgré cette ordonnance, la direction a poursuivi dans sa politique de traiter les salariés comme de simples pions interchangeables et déplaçables à volonté, dans son manque de dialogue social, en ignorant le rôle des instances et notamment le CHSCT, en annonçant le 15 avril la fermeture du site pour le 30 avril, sans même être capable d’indiquer sur quelles activités et dans quelles conditions les salariés seront affectés à Guyancourt.
La CGT et le CHSCT de Montigny ont donc assigné en référé la direction de Teleperformance.
- Le 30 avril, le TGI de Versailles a rendu une ordonnance qui suspend la fermeture du site de Montigny et le transfert des salariés restants, en attente de l’information et de la consultation du CHSCT.
Cette décision est importante car elle rappelle bien qu’un changement de site, même si peu de salariés sont concernés et même si les sites sont géographiquement proches, modifie les conditions de travail et à ce titre doit faire l’objet d’une information et d’une consultation du CHSCT.
Et cela, pour une entreprise qui n’hésite pas à affirmer que son « modèle économique » repose sur sa capacité à affecter les salariés sur les sites et les activités en fonction des contrats obtenus.
Toujours le jeu de ping-pong entre donneurs d’ordre et sous-traitants, car même si cela se fait de concert avec les clients, c’est bien Teleperformance qui décide de l’implantation des activités. La preuve avec le transfert des activités Orange de Montigny à Orléans, qui a débuté en 2008 et a ensuite servi à justifier le coût du site de Montigny. Forcément, moins d’activité, c’est moins de chiffres d’affaires donc un site qui revient plus cher !
Et surtout, une organisation du travail qui devient insupportable et absurde, et qui explique le nombre de salariés ayant accepté les départs volontaires.
Si le plan social a aggravé la situation, l’organisation du travail était depuis longtemps source de souffrance pour les salariés, et ceux-ci s’étaient mobilisés dès 2008 contre des modifications d’horaires augmentant la fatigue et compliquant la vie personnelle (horaires de 9h45 à 20h avec une coupure repas de 3h, dits « horaires chameaux ») ou début 2009 contre une nouvelle grille de discours restreignant toujours plus l’autonomie des salariés, imposant un objectif de perfection permanente totalement impossible, s’ajoutant aux exigences quantitatives (temps de communication, nombre d’appels, de vente…). Tout cela pousse à faire des téléconseillers des robots, au détriment des usagers et de la qualité du service rendu, et bien entendu du bien-être des salariés.
Alors que le collectif de travail et les échanges entre collègues sont des éléments fondamentaux pour se sentir bien au travail, la direction de Teleperformance et Orange ont privé les salariés d’activité et ont mis en place pendant plusieurs mois un système de dispense (présence sur le site un ou deux jours par semaine de manière alternée) pour tenter de détruire la solidarité qui a permis aux salariés de tenir le coup.
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