Xavier Niel se joint aux salariés pour reprendre Shadow, la pépite française du cloud gaming
L’homme d’affaires a soutenu le projet de reprise de Blade (l’entreprise française à l’origine de Shadow) par six de ses salariés. Cette prometteuse start-up est en redressement judiciaire depuis le mois dernier et cherchait un repreneur.
Crée en 2014 par Blade, Shadow est un service de cloud computing. Encore peu connu du grand public, ce terme désigne la mise à disposition d’un ordinateur à distance (hébergé par l’entreprise fournissant le service), auquel on accède depuis n’importe quel écran partout tant le monde, tant que celui-ci dispose d’une connexion internet et d’un logiciel adéquat. Une solution très prisée par les gamers car elle permet de pouvoir jouer sur un ordinateur dernier cri, sans pour autant devoir investir dans l’ordinateur « physique » que l’on a chez soi.
Shadow était donc promis à un avenir radieux (elle avait d’ailleurs réussi à lever près de 120 millions d’euros depuis 2015) mais a été victime de son succès. En effet, l’année 2020 a été chaotique, avec d’importants retards de livraisons (si vous souscrivez actuellement à un abonnement Shadow, vous devrez patienter jusqu’en mars 2022 pour avoir accès au service) concernant notamment les offres Infinite et Ultra, plus onéreuses que l’abonnement de base à 12,99 € mensuels et qui devaient donc être les moteurs de croissance de Blade. Pour ne rien arranger, le départ du cofondateur Emmanuel Freund a révélé les désaccords en interne sur la stratégie.
Bilan de ces débuts difficile : un placement en redressement judiciaire de Blade par le tribunal de commerce en mars dernier. Octave Klaba (fondateur du leader européen des services de cloud, OVH) s’était positionné pour racheter l’entreprise mais six salariés de Blade (dont l’actuel directeur des nouvelles technologies, Jean Baptiste Kempf) ont décidé de prendre leur destin en main avec « l’idée un peu folle de faire une offre de reprise à germer pour faire jouer la concurrence », selon les mots du directeur général adjoint de Shadow, Yannis Weinbach, rapportés par Les Échos le 12 avril.
Une idée à laquelle Xaviel Niel, le milliardaire français fondateur de Free, a décidé de s'associer. Celui-ci propose d’investir à hauteur de 80 % (via son groupe de télécommunications Iliad) et de laisser 20 % de l’actionnariat aux salariés de Blade désirant se lancer dans l’aventure. Xavier Niel aurait « pilonné le « business plan » et ses remarques étaient claires et précises : améliorer la rentabilité en envisageant les hypothèses les plus dures, pour remettre la machine en marche », a affirmé Yannis Weinbach. « Ensuite, il faut lancer de nouvelles lignes de revenus pour développer l’activité », précise-t-il. Le « business plan » des six salariés prévoit ainsi de se débarrasser de certains actifs toxiques, d'instaurer une nouvelle politique tarifaire et de rentabiliser les serveurs.
Fin de partie ou seconde chance pour les salariés de Blade ? Le Tribunal de commerce de Paris en décidera avant la fin du mois, après avoir examiné les offres de reprise le 13 avril.