Dans l’attente d’avoir un gouvernement la France a (enfin) un premier ministre. On peut légitimement s’interroger sur la manière de faire des uns et des autres ces dernières semaines. Un Président de la république qui, au lieu de désigner un (ou une) premier ministre en lui laissant un délai pour former une majorité a voulu conserver le « il n’y a que moi qui sait faire ». LFI pour qui hors du programme NFP point de salut. Un PS qui pour des calculs électoraux a oublié la sociale démocratie. LR qui, malgré ses résultats électoraux, tente de renforcer une majorité relative à droite. Ensemble pour la république qui prend l’eau et voit divers courants défluer vers l’autonomie. Un RN, premier parti aujourd’hui, qui compte les points et attend son heure.

Dans une telle situation il est évident que le Premier ministre ne va pas avoir la partie facile sur le fond comme sur la forme. En matière de méthode il doit avoir les coudées franches et rompre avec l’isolationnisme hautain d’Emmanuel Macron pour recréer des relations de confiance avec les partenaires sociaux et les collectivités locales et définir les responsabilités réciproques. Cela doit notamment se traduire sur des dossiers comme l’assurance chômage, les retraites ou le pouvoir d’achat.

N'oublions pas que la France est un pays inflammable, que les colères sont réelles car nombre de questions ne sont pas ou mal traitées, y compris depuis la décision irrationnelle et foutraque de la dissolution.

Au plan économique il faut amorcer le désendettement public en jouant sur les volets recettes et dépenses, sans tomber dans une austérité mortifère et en rétablissant le sentiment de justice et d’équité fiscale.

Entre la politique de l’offre de ces dernières années, source d’augmentation importante des inégalités, et une politique de la demande du type demain on rase gratis source d’une austérité prochaine, il y a de la marge et en particulier un mix intelligent offre /demande.

La ligne de crête est toujours un chemin délicat. Le moindre écart ou la moindre maladresse peut mettre le feu aux poudres et déclencher des mouvements parfois difficilement contrôlables. Notre démocratie, comme d’autres, est en crise. En sortir suppose d’agir avec justice et humanisme pour répondre aux attentes et besoins tout en sachant et en rappelant que tout ne se fait pas en un jour.